La visite de Guy Kauffmann à Mont-de-Marsan, guidée par le maire et président d’agglomération Charles Dayot, ne pouvait commencer que par la gare, « véritable cul-de-sac ferroviaire », pointe, amer, Charles Dayot. Une des raisons, pour laquelle, « les élus de l’agglomération ont voté a une très large majorité le plan de financement », rappelle-t-il. 7 M€ d’investissement sur 40 ans, « une fois qu’on a déduit la fiscalité ».
Pour Mont-de-Marsan Agglomération, l’arrivée de la LGV se traduira par la construction d’une nouvelle gare sur la commune de Lucbardez. Sur ce sujet des gares nouvelles, comme sur d’autres, Guy Kauffmann l’annonce, les choses avancent. « On rentre dans une phase très opérationnelle du projet », assure-t-il. Il en veut pour preuve les 78M€ de budget que la société GPSO « a mis à disposition » pour SNCF Réseaux l’an dernier,dont « 4 M€ sont destinés à Gares et connexion, sur les projets de nouvelles gares ». Conséquence : la filiale de SNCF Réseau va organiser des visites auprès des élus concernés par ces 3 nouvelles gares (Mont-de-Marsan, Agen et Montauban), et va commencer les études préliminaires sur le sujet, annonce Guy Kauffmann.
Les chantiers démarrent fin 2023 début 2024
Autres preuves que « les choses tournent », selon lui, « la relance par le préfet coordonnateur du dialogue territorial en fin d’année dernière. Une première réunion a déjà eu lieu dans le Tarn-et-Garonne ». La suite de cette tournée de concertation, et notamment dans les Landes, aura lieu en tout début d’année, assure-t-il. Enfin et surtout, 2023 marque bel et bien « le commencement des travaux ». Sur le tracé, « en termes d’études et d’acquisitions foncières, y compris sur la Bordeaux-Dax », mais aussi « avec les chantiers qui démarrent fin 2023 début 2024 sur les aménagements ferroviaires au Sud de Bordeaux et au Nord de Toulouse ».
Enfin, décidément soucieux de montrer que « les choses sérieuses commencent », il indique que 200 entreprises ont participé « la semaine dernière », à une réunion organisée par SNCF Réseaux en lien avec les futurs appels d’offres et consultations à venir pour les inciter à se positionner sur le grand chantier qui s’annonce.
Aujourd’hui, je ne connais pas encore parfaitement la position de l’Etat
Quant au chantier sur la ligne nouvelle (hors aménagements ferroviaires), le plan de financement pose un démarrage en 2027 pour une livraison en 2032, côté toulousin du GPSO. Le chemin vers Dax viendra à sa suite. Si le calendrier reste relativement peu précis sur la date des premiers voyages vers les Landes, une chose est certaine, il n’y aura pas d’interruption dans le chantier GPSO global. « On ne lèvera ni la pioche, ni le stylo », assure le patron de la société GPSO. « C’est une attention forte que nous aurons », assure pour sa part Charles Dayot.
Les collectivités « en ordre de bataille » pour tenir l’objectif 2032
Reste tout de même à connaître les arbitrages de l’Etat quant à son scénario de financement, à commencer par celui de la partie Bordeaux-Toulouse. Un premier rapport confié au COI (Conseil d’orientation des infrastructures) était attendu cette semaine, mais il faudra semble-t-il attendre encore un peu pour connaître les priorités de l’Etat au regard d’autres enjeux comme la rénovation du réseau, sa mise en résilience par rapport au réchauffement climatique, etc…
« Aujourd’hui la position de l’Etat sur son rythme de financement, je ne la connais pas parfaitement », reconnaît Guy Kauffmann. A l’inverse, Il assure que du côté collectivités, « les financements sont en place, la fiscalité est en place, la société est en place, (…) budgétairement on est en ordre de bataille pour tenir 2032 ».
Aides européennes : « un espoir raisonnable d’avoir gain de cause »
Enfin, autre point budgétaire qu’ « il faut aller chercher chaque année » : les financements européens. « L’an dernier, ça ne s’est pas très bien passé, reconnaît-il. On y retourne cette année, les décisions sont attendues autour du mois de mai. On a un espoir raisonnable d’avoir gain de cause ». Il rappelle tout de même que les 20% de financements européens annoncés, « est un objectif que nous avons ; l’Europe n’a pas signé les plans de financements. Cela dit, le fait qu’on soit sur un axe France-Espagne, est un vrai atout dans nos discussions avec l’Europe. » Jusque là, dans l’histoire de la SNCF, l’Europe aurait participer en moyenne à 17% des financements de projets du même ordre.
Quant à la prolongation jusqu’à Irun (Espagne), « plus on regarde loin dans le futur, plus il est difficile d’anticiper des disponibilités de financements et des plannings, mais il est clair que le projet GPSO c’est l’ensemble du Sud-Ouest jusqu’à l’Espagne », rappelle-t-il tout en précisant que la société GPSO est missionnée uniquement sur la première phase du GPSO, avec Dax comme dernière limite.
Dax ne doit pas être un cul de sac !
Une limite que Guy Kauffmann veut à l’inverse percevoir comme une ouverture, vers Bayonne et Pau. « Il est important qu’il n’y ait pas derrière la LGV des lignes en déshérence, mais au contraire des lignes qui aient été améliorées, dans une certaine mesure, pour que ces deux agglos profitent au maximum du gain de temps obtenu jusqu’à Dax » . Une condition au financement des Pyrénées-Atlantiques qui est, assure-t-il, travaillée par la SNCF. « Dax ne doit pas être un cul de sac », affirme-t-il. De quoi, sans doute, rassurer Jean-Jacques Lasserre .