Les universités de Bordeaux s’apprêtent à réformer leur formation pour devenir un pôle d’excellence international


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Les universités de Bordeaux s'apprêtent à réformer leur formation pour devenir un pôle d'excellence international

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/11/2008 PAR Nicolas César

Pour le professeur Singaravélou, président de l’Université Bordeaux III et du Pres de Bordeaux (pôle de recherche et d’enseignement supérieur), ce plan campus est « historique » et intervient au bon moment. Il vient conforter la tendance actuelle des universités à se regrouper, notamment sous la forme de Pres. Son constat est sans appel : « l’éclatement actuel des différentes universités en France est complètement décalé dans un contexte de mondialisation et d’ouverture de la recherche ». Un « éclatement », que l’on doit à Georges Pompidou, qui, suite à mai 1968, a souhaité écarter les campus universitaires de la ville, afin que les étudiants n’y fomentent pas de « révolutions ».

« Décloisonner les disciplines au sein de chaque université »
Partant de là, le Pres de Bordeaux, retenu pour le plan campus, a décidé de repenser totalement sa formation et sa façon d’enseigner. Afin de favoriser la mobilité des étudiants entre les filières, une licence unique portant le label université de Bordeaux doit être créée. Cela permettrait notamment à un étudiant de première année, qui s’aperçoit qu’il s’est « trompé » de voie, de changer de filière au deuxième semestre, sans perdre son année. A condition bien sûr, qu’il réussisse son premier semestre. Un doctorat de l’Université de Bordeaux pourrait également être créé. Quant aux masters, des collèges universitaires à l’anglaise, selon les grandes disciplines (sciences humaines, droit…) devraient apparaître. L’offre de formation serait donc regroupée en trois niveaux, afin de « décloisonner les disciplines au sein de chaque université », avance Singaravélou. « Il faut que les scientifiques se rendent compte qu’ils ont besoin des sciences humaines et vice-versa, car ceci correspond aux besoins des entreprises », poursuit-il.

Développer les « compétences générales »
Dans le même ordre d’idées, le contrôle continu, la notion de compétences et les relations avec les entreprises devraient être développés. « Jusqu’à présent, les universités étaient dans leur tour d’ivoire. On produisait et on transmettait du savoir, mais ça s’arrêtait là », analyse-t-il. Selon lui, il faut désormais enseigner aux étudiants un socle de connaissances pendant les deux premières années, avec pourquoi pas des cours de culture générale et une méthode de travail. L’idée est de retarder la spécialisation de l’étudiant. « Les entreprises attendent que nos étudiants sachent faire une synthèse, s’exprimer et penser le monde, l’analyser », rappelle M.Singaravélou. Dans le domaine de la recherche, des pôles comme les sciences humaines, bio-santé, droit, seront mis en avant. La pratique des langues étrangères, qui seraient obligatoires dans tous les cursus, et les stages en entreprise seront renforcés. Des réunions régulières auraient lieu entre les membres de l’administration de l’université et des représentants du Medef, de la CGPME…

« Un quartier urbain universitaire »
Et, pour soutenir, cette nouvelle offre de formation, destinée notamment à séduire les étudiants étrangers, un projet de réhabilitation de Bordeaux I est en cours, ainsi qu’un vaste plan de constructions de logements étudiants (1 000 ont déjà été réalisés depuis un an). Par ailleurs, pour faire « vivre le campus », Bordeaux veut créer un « quartier urbain universitaire », avec des activités sportives, des loisirs, de la culture, des spectacles…, pour que les étudiants ne « fuient » pas le campus, aussitôt les cours terminés. Mais, tout ceci suppose de changer la façon d’enseigner, les mentalités des professeurs et ne se fera pas en un jour. M. Singaravélou en est conscient : « il y aura des peurs de privatisation de l’université, quand il faudra passer à l’acte, mais les mentalités commencent à évoluer ». Le coût global du projet est estimé à 538 millions d’euros.

Quant aux « petites » universités, qui n’ont pas été retenues dans ce plan campus, M.Singaravélou, estime qu’elles ne seront pas encore plus défavorisées comme le craint l’Unef, premier syndicat étudiant. « Elles seront rattachées à l’Université mère, qui pourrait être Bordeaux ou Toulouse ». Selon lui, dans les prochaines années, il n’y aura plus qu’une dizaine de grandes universités. Les moyens seront davantage mutualisés. « A tel point, que l’on pourrait voir Bordeaux et Toulouse fusionner leurs universités pour défendre leur peau, dans ce contexte de compétition internationale », estime-t-il. Malgré la crise financière, le plan campus sera maintenu. Il pourrait être lancé dès le mois de janvier 2009 à Bordeaux, une fois les budgets alloués, à la fin du mois.

Nicolas César

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