Les Pyrénées-Atlantiques tâtent leurs poches et s’inquiètent


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Les Pyrénées-Atlantiques tâtent leurs poches et s’inquiètent

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 22/06/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

Autant appeler un chat un chat. L’audit financier que la nouvelle majorité départementale a commandé  au cabinet Stratégies locales basé à Ustarritz dépeint « une réalité froide, nette, inquiétante et qui nécessite que l’on arrête de naviguer à vue », constate Jean-Jacques Lasserre. Selon ce document « corroboré par le trésorier payeur général », le Conseil départemental vit au-dessus de ses moyens.

Une dynamique négative« En matière de ratio d’endettement, les Pyrénées-Atlantiques se situent encore dans la moyenne des départements comparables. Mais avec des dynamiques très différentes.  Depuis 2009, les recettes ont augmenté de 3% par an tandis que les dépenses progressaient de 4,8% ».

 Le résultat ne s’est pas fait attendre, explique Max Brisson.  L’épargne nette, qui était de 100 millions d’euros en 2009, a fondu comme neige au soleil pour atteindre 50 millions l’an passé. Selon l’audit, si les choses continuent, elle sera de 14 millions fin 2015. Puis elle deviendra négative dans deux ans. « Ce qui signifie que le Département n’assurera plus le remboursement de sa dette avec l’épargne, mais qu’il sera obligé d’emprunter. On ne peut pas tenir très longtemps comme cela ».

« Un train de vie trop élevé »Plusieurs raisons sont trouvées à cette descente progressive dans les enfers financiers. La première tient aux dépenses sociales que le Département est obligé d’assumer. « C’est lié à la crise. On ne conteste pas cette nécessité. Sachant qu’entre ce que l’Etat nous donne et entre ce que l’on distribue, il y a un écart de 70 millions d’euros ».

Cela dit, l’accent est également mis sur les dépenses de personnel, en nette augmentation. La Gauche s’était expliquée sur cette hausse pendant la campagne électorale, en indiquant avoir transformé des CDD en CDI. Elle  correspond à près de 200 équivalents temps plein.

 Enfin, le « train de vie élevé » du Conseil départemental est pointé du doigt. « Il y a 30 millions de dépenses en trop, en plus des 2% d’augmentation du coût de la vie ».

Sur un territoire basco-béarnais dont « la marque de fabrique » consiste à maintenir les investissements et les équipements à un niveau élevé,  l’effet de ciseau entre dépenses et recettes est dès lors imparable. D’autant plus que les dotations attribuées par l’Etat au Département ne cessent de diminuer (72 millions de moins en trois ans).

« L’exécutif sortant savait tout cela. Il a continué, sans voir les nuages s’amonceler» commente Jean-Jacques Lasserre. « On ne veut pas critiquer la gestion passée. Mais aujourd’hui, il nous faut changer de logique ».

Stations de ski : on se pose et on réfléchitL’état des lieux sera évoqué cette semaine par les conseillers départementaux. D’ores et déjà, quelques serrages de vis sont envisagés. C’est le cas pour les stations de ski. Le télésiège de Gourette, emporté l’hiver dernier par une avalanche, attendra pour être reconstruit.

Alors que l’établissement public des stations d’altitude (EPSA) accuse un déficit, une réflexion sur les activités de montagne doit aussi être menée avec l’ensemble des acteurs concernés : professionnels du tourisme, élus locaux etc. Cette démarche  tiendra également compte des stratégies de développement local envisagées par les candidats  au renouvellement des concessions hydroélectriques.

Bref, selon le président Lasserre, un « arrêt sur image » s’impose dans un département où les stations d’altitude sont jugées moins attractives qu’ailleurs. « On sollicitera aussi la Région, qui n’a jamais accepté de venir à notre secours dans ce domaine ».

Routes : « L’Etat ne nous fera pas les poches »En matière de routes, les élus centristes et Républicains refusent de voir les Pyrénées-Atlantiques  se faire « faire les poches » par l’Etat. Ils en prennent pour exemple le projet de déviation d’Oloron, reliant Gabarn à Gurmençon. Un chantier « que l’on présente abusivement comme faisant partie de la Pau-Oloron », aujourd’hui au point mort (1).

Dans le cadre du contrat de plan passé avec la Région, l’Etat s’était engagé à mettre 60 millions d’euros sur cet itinéraire, rappelle Jean-Jacques Lasserre. « Or, sur ce chantier de 77 millions, l’exécutif précédent a décidé que l’Etat ne mettrait que 50% de la dépense, mais aussi que le Conseil départemental ferait l’avance de cette somme, et qu’il assurerait la maîtrise d’ouvrage du chantier. Avec tous les risques que cela présente si le coût augmente ».

Autant de choix que les élus centristes et Républicains dénoncent, et qu’ils se disent  incapables d’assumer financièrement. D’autant plus, affirment-ils, que l’ancien président du Conseil général  a également proposé de financer en partie la Gabarn-Gurmençon « en libérant les retenues de garanties (17 millions d’euros) qui avaient été faites sur le projet de LGV lorsque celui-ci démarrerait au sud de Bordeaux, vers Pau et Bayonne.

« Dans le même contrat de plan, la Région propose une maquette ferroviaire de 90 millions d’euros pour relier Oloron à Bedous » ajoute Jean-Jacques Lasserre. « L’Etat serait bien inspiré de mettre cet argent sur les déviations de la RN 134 (Asasp, Gurmençon) qui, elles, sont prêtes à le recevoir ».

Bouchées doubles sur le très haut-débit Quelques boulets rouges sont enfin tirés par la nouvelle majorité en direction des contrats de territoire mis en place par ses prédécesseurs. Les aides accordées par le Département aux collectivités locales ont donné lieu à des situations très disparates, mais aussi à « des promesses abusives » de dépassement d’enveloppe, constatent ses représentants. « Le schéma était vertueux sur le papier, mais pervers dans son application. C’est un système épouvantable qu’il faut retoiletter ».

Il n’est par contre pas question de lever le pied sur le maillage Internet des Pyrénées-Atlantiques et le très haut débit (35 à 40 mégabits). « On mettra les bouchées doubles » annonce Jean-Jacques Lasserre. « Il y aura forcément un mix de technologies et d’intervenants ».

(1) Le syndicat mixte d’étude créé sur cette liaison routière a été dissout avant les élections départementales. Dont acte, constate Jean-Jacques Lasserre, qui ne s’estime pas engagé sur le dossier.

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