Françoise Favretto, native de St-Quentin-de-Caplong, son DEA de lettres et linguistiques option critique, en poche, commença par diriger une revue « Chroniques errante et critiques ».Mais l’aventure des Ateliers de l’Agneau commença véritablement à Liège (Belgique) en 1996. Cette année-là, elle reprend cette maison, sans aucun fond et s’impose l’objectif de la faire vivre à nouveau. Elle retourne vite sur sa terre natale pour développer ce projet. À court d’argent, il lui a fallu faire preuve d’inventivité pour maintenir cette maison d’édition en vie. Or, depuis son plus jeune âge, Françoise imprime, découpe, colle, coud. Le second étage de sa maison rappelle les chambres de petite fille : des monceaux de graines, de perles et de plumes, de fleurs séchées, de scoubidous, s’entassent dans les tiroirs. Des échantillons de papiers peints, de tissu s’empilent sur les bureaux. Son objectif : travailler le corps du livre, son support. Les pages, les couvertures sont réinventés, habillées de mille petits artifices glanés au hasard des promenades en forêt et des escapades au marché. Ainsi, quelques ouvrages sont édités à peu d’exemplaires pour le moment car Françoise fait tout elle-même et tient à ce que chaque pièce soit unique.
Donner une âme au livre
L’originalité des ateliers de l’agneau réside en effet dans la volonté de Françoise Favretto : celle de faire de l’objet même, du livre, une œuvre d’art. Elle se fait un devoir de créer une communion entre le corps du livre et son contenu. C’est ainsi que Françoise investit une énergie étonnante pour habiller les couvertures, de perles, de fleurs séchées, de plume, de papiers peints. Le tissu envahit même les pages et donne à l’objet-livre toute la dimension tactile dont il est souvent question dans les textes. Ainsi, les premiers recueils à être publiés sont Les Doigts de fée d’Anita J. Laulla et L’écharpe douce aux yeux de soie, d’Édith Azam, poétesse et amie de Françoise Fravretto. Ainsi, ce dernier ouvrage, dont le protagoniste est un petit garçon condamné par un cancer, et à qui son instituteur vient rendre visite à l’hôpital. Le livre, imprimé sur des pages bleues nuit, qui sont ornées de gaze de voile et de petits miroirs. Ce livre de nuit pour un enfant au crépuscule de sa vie est donc en lui-même, selon le désir de son éditrice, un complément aux lettres qui le composent. De même, une de ses pièces prend la forme d’un animal étrange aux longs poils roses et aux yeux de bois. Il s’ouvre sur les mots du Bestiaire Latéral, de Maurice de Gandillac. Ce titre n’est autre qu’un mot-valise de « bête » et « abécédaire », chaque lettre de l’alphabet donne naissance à un animal étrange que les auteurs décrivent en prose. Françoise travaille, exclusivement, avec des stagiaires qui l’aident parfois dans ce travail de confection mais qui se consacrent surtout à la dimension de diffusion. C’est donc un travail d’édition demandant une énergie constante mais apportant, selon Françoise Favretto un plaisir sans cesse renouvelé.
Recréer le plaisir de lire
Convaincue que ce travail peut éveiller le plaisir de lire, surtout chez les plus jeunes, elle n’hésite pas à organiser des séances de stage dans les écoles primaires pour leur faire confectionner des couvertures. Ces ateliers ont beaucoup de succès et elle compte en mettre en place à l’occasion du salon du Livre, près de son stand. Elle ne s’y trouvera pas en terrain inconnu. Les Ateliers de l’Agneau y étaientreprésentés les années précédentes, mais seulement pendant une journée. Cette année, le Salon du Livre va être déterminant pour Françoise, et son mari écrivain qui va l’accompagner : leur stand va rester visible une semaine. « Les Salons que l’on a pu faire avant avaient toujours ce côté un peu frustrant : on restait une journée, on ne pouvait pas vraiment nous faire connaître. Cette fois, ça va être l’occasion de multiplier les contacts » se réjouit Françoise. Une chance donc de se faire vraiment connaître et de pouvoir défendre la littérature qu’elle aime. Elle n’aime pas parler de poésie lorsqu’elle évoque ses éditions, le terme est trop exclusif. Elle préfère dire « création littéraire ». Elle privilégie en effet les oeuvres audacieuses qui jouent avec les formes, transgressent leurs limites. Un travail d’artiste (par la touche qu’elle apporte à chaque œuvre), d’entrepreneuse (par l’édition et les stages), qui va sûrement ravir les habitués du Salon et les amateurs de littérature en quête de nouveauté.
Les Nouveautés Amor Barricade Amor d’Édith Azam (création littéraire autour d’une rencontre amoureuse) Date de publication : 12/03/08. De Loin d’Hélène Mohone (poésie) Date de publication : 21/02/08 Brütt, les jardins soupirants de Friedericke Mayröcker (traduit de l’allemand par Françoise David-Schaumann et Hugo Hengl) Date de publication : 12/02/08. |