Léo Rambaud, l’évolution plus que la révolution agricole


Léo Rambaud, 22 ans est, comme son père avant lui, et désormais avec lui, agriculteur en Charente entre Cognac et Angoulême. Une voie agricole familiale qu'il poursuit, mais pas sans ambition d'évolutions dans les pratiques mises en oeuvre.

Léo Rambeau, jeune agriculteur en CharenteFR CUMA - Camelia Zekryty

Installée depuis deux ans, en association avec son père, Léo Rambaud en est persuadé : agriculture et environnement, c'est complexe mais possible !

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 26/05/2023 PAR Solène MÉRIC

L’agriculture, Léo Rambaud a « toujours été dedans ». Et pour cause, son père était agriculteur et viticulteur avant lui sur l’exploitation familiale d’Angeac-Charente. Un univers qui l’a toujours attiré et, notamment, dans sa scolarité, « rien n’est jamais venu remettre en cause mon attirance pour le métier ». Un cheminement personnel et scolaire naturel pour le jeune homme, désormais installé depuis 2 ans.

Des coups de pouce à l’installation

Après un Bac STAV (Sciences et Technologies de l’Agronomie et du Vivant) option production suivi d’un BTS viticulture œnologie à l’Oisellerie, le campus agricole charentais à La Couronne, son questionnement entre poursuite d’études ou installation s’est résolu de lui-même. « J’étais à la fin de mon BTS en 2020, quand on a appris qu’une exploitation de 10 ha de vignes et de 5 ha de champs plantables, se libérait via la SAFER ». Avec une exploitation paternelle orientée sur la vigne et les céréales, c’était le cadre parfait pour une installation, dans un projet d’association avec son père.

« J’ai candidaté auprès de la Safer, qui après passage en commission, a retenu mon projet. Comme mon installation s’appuyait sur une exploitation qui tournait déjà, je n’avais pas d’emprunt qui pouvait nécessiter une demande de DJA, ni tout autre dispositif comme le portage foncier », explique t-il. Pour autant, en tant que jeune installé, il a pu bénéficié du FASCINA (Fonds d’Aide Safer Constitué pour l’Installation en Nouvelle-Aquitaine), le fonds Safer qui apporte une aide financière sur les frais notariés lors de l’achat du foncier agricole. Autre coup de pouce : « j’ai pu bénéficier de taux bonifiés pour mon emprunt auprès du Crédit agricole, du fait de mon statut de jeune agriculteur. Bien sûr avant, ils ont étudié mon dossier dans lequel j’ai du établir un prévisionnel sur 10 ans », précise-t-il.

 Être agriculteur, c’est avoir plein de métiers en un

Après deux ans, en cogérance d’une SARL au côté de son père, la passion de Léo pour l’agriculture est bel et bien confirmée. « Être agriculteur, c’est avoir plein de métiers en un. D’abord, c’est avoir des responsabilités, c’est aussi exercer des travaux manuels, conduire le tracteur pour les travaux aux champs, faire de la comptabilité et de l’administratif, mais c’est aussi par exemple faire de la chimie pour la partie œnologie… c’est très complet !» s’enthousiasme-t-il.

Père et fils cogèrent donc désormais, sur deux sites, 40 ha de vignes, et 60 ha de grandes cultures : « principalement du maïs dans la vallée de la Charente, mais aussi du blé, du tournesol, de l’orge… » Le tout collecté par la coopérative Océalia. Sur les 60 ha de cultures, « 20 ha sont des terres plantables, c’est à dire qu’elles ont vocation à renouveler le vignoble et y faire des plantations de vignes. » Entre arrachage et replantation, de quoi occuper les 10 prochaines années !

Investissement collectif et solidarité

Leur raisin, avant de les commercialiser auprès de plusieurs grandes maisons de négoce de Cognac, Léo et son père, le vinifient dans un chai monté en CUMA (coopérative d’utilisation de matériel agricole). Une structure fondée par son père et quatre voisins, « il y a plus de 20 ans, en pleine crise du Cognac » permettant d’investir dans du matériel en commun. « À l’époque le choix de créer ce chai collectif a permis d’avoir un outil plus moderne, plus confortable, tout en ayant des prix de production plus raisonnables », explique-t-il.

Chai de vinificationFR CUMA - Camelia Zekryty

Le chai collectif de la CUMA à laquelle appartiennent Léo Rambaud et son père

Une motivation de départ qui garde tout son intérêt pour le jeune Léo qui met en avant la solidarité de ce type de structure . « On vendange ensemble, on a une machine à vendanger en commun, un pressoir, et le chai qui nous permet de transformer le raisin en vin avant qu’il soit distillé en Cognac. Notre CUMA c’est un outil qui permet l’entraide avec des coûts plus maîtrisés, et une solidarité sur la main d’oeuvre. En se regroupant on a besoin de moins de personnes extérieures, c’est plus simple. Et c’est agréable de ne pas travailler seul dans son coin ».

On ne fait plus d’agriculture aujourd’hui comme il y a 30 ou 40 ans 

Travailler avec d’autres agriculteurs, c’est aussi une forme d’ouverture à d’autres pratiques, « des possibilités de conseils pour un jeune qui ne serait pas du milieu », mais en la matière Léo compte aussi beaucoup sur le panel de formations que proposent les acteurs du monde agricole qui l’entourent : chambre d’agriculture, maisons de négoce, coopératives, sans oublier l’OCAPIAT, l’OPCO des métiers agricoles ou encore les MFR. « Formations réglementaires, matériel innovant, produits phytosanitaires, couverts végétaux, désherbage mécanique… Tout évolue tout le temps ; il faut se tenir au courant, on ne peut rester sur les acquis de l’école », plaide-t-il comme une évidence. D’autant plus quand on est bien conscient, « qu’on ne fait plus d’agriculture aujourd’hui comme il y a 30 ou 40 ans ». Preuve en est l’exploitation certifiée HVE, vient aussi de se voir reconnaître un certificat environnemental Cognac depuis peu, même s’il le reconnaît « c’est principalement venu acter des pratiques que nous avions déjà ».

Environnement, agriculture et principe de réalité

Du haut de ses 22 ans, il envisage bien aussi des évolutions un peu plus radicales sur son exploitation. Les questions environnementales ne lui échappent pas, et la place de l’agriculture dans cet enjeu mondial non plus… sans pour autant nier le principe de réalité. « Il faut bien sûr essayer de faire cohabiter la protection de l’environnement avec nos métiers et nos pratiques, et c’est possible de le faire. Mais c’est beaucoup plus complexe pour nous à gérer ». Les choses pourtant se mettent en ordre de marche sur l’exploitation de Léo, et là encore la CUMA a un rôle précieux de facilitateur financier, notamment. « La CUMA commence à investir dans un semoir et un rouleau pour les couverts végétaux. L’enjeu est de modifier nos pratiques sans avoir un coût trop important ni sur le matériel ni sur les semences ; à plusieurs on peut réduire ces coûts ».

Autre objectif « à long terme » pour Léo : arriver à « ne plus désherber chimiquement ». Là encore, il ne suffit pas de le dire, ni même de le vouloir pour pouvoir le faire. « Ça complexifie énormément les choses, ça demande beaucoup plus de temps et donc ça ce répercute sur tout le reste de l’activité ». Autre grande problématique, qui n’est pas sans lien : la main d’oeuvre. Le manque de bras, c’est là aussi un facteur de difficultés, même « le plus grand » selon le jeune homme. Mais les défis, c’est aussi ça qui le motive au jour le jour.

Retrouvez le témoignage de Léo Rambaud en vidéo :

Le rendez-vous de l’installation et de la transmission organisés au cours du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux, le 16 mai 2023 avaient pour thème « Agriculture: à chacun son installation ». Une réalisation partenariale entre Aqui.fr, le Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le Crédit Agricole, Jeunes agriculteurs Nouvelle-Aquitaine, La Coopération agricole, les CUMA, la SAFER, la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAAF et le réseau RÉANA.

Infos pratiques !

Plein de bonnes fées veillent sur l’installation des jeunes agriculteurs à lire sur aqui.fr
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