Rupture de câble : le pont de Ré bientôt réparé


Anne-Lise Durif

Rupture de câble : le pont de Ré bientôt réparé

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 20/11/2018 PAR Anne-Lise Durif

Priorité à la sécurité

« Suite au constat de septembre, nous avons lancé en urgence une consultation des entreprises dans un but de mise en concurrence », explique Lionel Quillet. Or le nombre d’entreprises françaises spécialisées dans ce type de problématiques se compte sur les doigts d’une main – Vinci, Bouygues et Eiffage. C’est la filiale Vinci-Freyssinet qui a finalement remporté le marché ce 19 novembre, après une visite de site et un mois pour plancher sur le dossier. Leur projet a été retenu à la fois parce qu’il mise sur la sécurité, en assurant des travaux sans bloquer la circulation, tout en garantissant une livraison dans les meilleurs délais. Contrairement à ses concurrents, Vinci-Freyssinet prévoit de construire une sorte d’échafaudage suspendu au dessus de la mer, fermé et grillagé comme une cage. Il permettrait aux ouvriers de circuler en sécurité sur le kilomètre à flanc de pont ralliant le début du viaduc, coté Ré, jusqu’à l’entrée technique du deuxième tronçon de l’ouvrage, où se situe le câble défectueux. Cet attirail est l’opération la plus coûteuse du chantier, mais aussi la plus longue à mettre en place : près d’un mois, avant d’entamer les travaux de remplacement du câble à proprement parler. Vinci-Freyssinet propose également de mettre en place un système de surveillance acoustique (radars à ultrasons) du pont, qui permettra de détecter d’autres éventuelles ruptures de câbles ou de têtes d’ancrage.

Tirer les leçons du passé

Une fois cette zone de sécurité mise en place, les travaux de remplacement du câble devraient pouvoir commencer autour du 7 janvier. Il s’agit en premier lieu de retirer un câble de 200m de long d’une dizaine de centimètres de diamètre. Composé de 19 filins d’acier appelés des torons, le câble sera coupé tous les un mètre à la fois pour éviter l’effet « coup de fouet » de la détente et pour identifier les traces de polyuréthane, cause de la fragilisation du câble (lire ci-dessous). Les ouvriers feront ensuite passer dans le conduit une nouvelle gaine de polyéthylène, dans laquelle ils glisseront un nouveau câble. Une fois tirée et reliée aux deux têtes d’ancrage, la gaine et son câble seront recouverts d’un coulis de ciment.

Tirant les leçons du passé, le Département a tenu à utiliser ce qui se faisait de mieux en matériaux de précontrainte. « Contrairement au câble initial, celui là est composé de 15 torons d’acier chacun entouré d’une gaine graissée à l’intérieur, permettant à chaque toron de glisser indépendamment selon les pressions exercées », explique Pierre-Marie Haudouin, le directeur général des services du Département, « ce dispositif permet également de tirer sur chaque toron indépendamment et donc de pouvoir les remplacer un par un sans avoir à changer tout le câble. Ca facilite les réparations sur le long terme ».

Suite au chantier, le Département compte lancer des opérations d’investigations sur le reste du pont, en vue de traquer la moindre faille qui pourrait apparaître dans les entrailles du pont. Le président de la Charente-Maritime, Dominique Bussereau a également annoncé lors de la session d’automne le lancement d’un appel d’offre en janvier 2019 dans le but de faire installer des systèmes de surveillance par ultrasons de l’ensemble des viaducs du département (ponts de Ré, Oléron, Seudre et du Matrou). En attendant d’en arriver là, il reste au Département et à Vinci-Freyssinet à se mettre d’accord sur le contrat, en vue d’une signature officielle en cette fin de semaine.


Les causes de la rupture du câble, le fin mot de l’histoire

Après avoir cru dans un premier temps que des infiltrations pouvaient être une des causes de l’érosion du câble, les techniciens des services ont fait d’autres constats, permettant d’arriver à une conclusion plus affinée. « Au vu de la configuration, on peut supposer qu’à l’époque, après avoir coulé le ciment par-dessus la gaine, ils ont dû constater qu’il y avait des bulles d’air. Le problème, c’est qu’une fois coulé il n’y a pas reprise possible. On peut imaginer que quelqu’un a alors eu l’idée d’injecter de la mousse de polyuréthane en complément », explique le directeur des services. Un détail qui ne figure évidemment nul part dans les archives de construction du pont. « Ca peut tout à fait être une solution née d’une initiative individuelle, sans que le maître d’ouvrage ait été informé », note Pierre-Marie Haudouin. « Le problème, c’est qu’on sait aujourd’hui que le polyuréthane est un matériau acide qui corrode. La cause de l’érosion du câble n’est donc pas liée à un éventuel ruissèlement, la gaine autour étant parfaitement étanche. L’humidité qu’on a retrouvée à l’intérieur de la gaine serait liée à une infime quantité d’eau injectée à l’époque pour vérifier son étanchéité : si l’eau ne ressortait pas, c’était bon. Ca se pratiquait beaucoup à l’époque. Donc pendant trente ans, cette humidité et l’acidité du matériau ont rongé doucement le câble ».


Le pont de Ré en chiffres :

  • Le pont est découpé en 6 tronçons de 250 à 450 m de long. Le problème se situe dans le tronçon n°2, en partant de l’île de Ré.
  • 236 câbles de 19 torons chacun, dont une cinquantaine sur le 2e tronçon du viaduc.
  • Un câble supporte en moyenne 35 kg de pression par mètre linéaire
  • 30 ans, l’âge du pont. C’est aussi le délai de prescription pour se retourner en cas de malfaçon…
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