La vinaigrerie Burg veut poursuivre sa croissance


A La Tremblade, le 4e fabricant français de vinaigre met en place des solutions pour réduire sa consommation en eau et en produits chimiques.

A La Tremblade, la vinaigrerie Burg veut poursuivre sa croissance en limitant son impactBurg

A La Tremblade, la vinaigrerie Burg veut poursuivre sa croissance en limitant son impact

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 01/06/2021 PAR Anne-Lise Durif

Quatrième fabricant de vinaigre en France, la vinaigrerie Burg de La Tremblade est la seule usine du groupe éponyme installée dans l’Hexagone. L’implantation dans cette commune ostréicole du littoral charentais est liée à la présence historique de vinaigreries pour recycler les vins piqués du cognaçais et du bordelais, dès la fin du XIXe. Aujourd’hui, les vinaigres transformés ici sont principalement issus de la betterave et du blé, la production issue du vin et du cidre ne représentant plus que 20%.

La vinaigrerie  trembladaise  produit  ainsi  une  douzaine de  vinaigres  différents,  commercialisés  dans  les grandes  ou  moyennes  surfaces  sous  les marques Étoile, Ringo,  Fuchs, Vinaigrerie charentaise ou sous celles  des  distributeurs. Environ 40% de la production est destinée à l’industrie agro-alimentaire pour la fabrication de sauces, ketchup, moutarde,  cornichons et conserves, livrée en vrac. Si la majeure partie est écoulée en France, 40%  de  la production est exportée dans une trentaine de pays, principalement en Espagne, Belgique, ainsi qu’aux Pays-Bas, Portugal et Sénégal. Surfant sur le retour des consommateurs vers des produits plus naturels, l’entreprise a développé ces dernières années le vinaigre ménager, plus concentré et acide que le vinaigre alimentaire. Sa production représente aujourd’hui 30% des volumes fabriqués à La Tremblade. « Le croissance de l’entreprise a été beaucoup portée par le développement de cette nouvelle gamme », assure Philippe Demarville, ingénieur agroalimentaire et directeur du site.

55 millions de litres en 2021

Pour répondre à une demande exponentielle du marché, notamment en bio et en produits ménagers, l’entreprise a connu deux grands phases d’expansion. Elle a successivement adapté ses locaux en 2007 et 2012. Passé de 3 à 8 fermenteurs entre 2007 et aujourd’hui, le site a augmenté sa production de 5 millions de litres à 11 millions en 2012, pour atteindre les 55 millions d’ici fin 2021. En vingt ans, les effectifs de la vinaigrerie sont passés de 16 à 42 salariés.

Les tours de fermentation de la vinaigrerie Burg à La Tremblade

En 2012, Burg a également investi dans une ligne supplémentaire de production de bouteilles en plastique recyclable, qu’elle fabriquait déjà sur place depuis 2007. Avec 50% de PET recyclé dans ses bouteilles, la société cherche encore à réduire la part de matière première dans sa fabrication. Prochaine étape : trouver un matériau recyclé et recyclable qui permette d’obtenir une bouteille adaptée en poids et en épaisseur au vinaigre alimentaire – le plastique recyclé restant plus cher à produire qu’à partir de pétrole brut.

Recycler les eaux de refroidissement

Depuis l’an dernier, Burg cherche à réduire encore l’impact de son activité sur l’environnement tout en poursuivant son développement économique. La fabrication d’1 litre de vinaigre à 10% requérant l’utilisation de 90 litres d’eau de ville, la gestion de l’eau est la problématique majeure de l’entreprise. Avec un objectif annuel de production à 110 millions de litres de vinaigre à terme, le site trembladais prévoit d’augmenter sa consommation d’eau annuelle de 76 765 m3 aujourd’hui à 138 655 m3 en 2024. Pour limiter sa consommation, la société est en train d’investir dans un dispositif de recyclage de ses eaux de refroidissement. L’eau permettant de faire baisser la température des fermenteurs représente 20 à 30% de la consommation annuelle de l’entreprise. Cette dernière ambitionne donc de recycler les 80% qui ne s’évaporent pas sous l’effet de la condensation. Jusqu’à présent, l’eau du réseau potable qui entrait dans le circuit de la fabrique était traitée chimiquement. « Comme l’eau circulant dans les turbines des fermenteurs monte très vite à 30 degrés, le développement de bactéries type légionellose est accru, donc on mettait du chlore. Quand l’eau était trop concentrée, on compensait par de l’eau fraîche du réseau, ce qui faisait grimper notre consommation à 30 000 m3 par an», relate Philippe Demarville.

Abandonner la chimie pour un filtrage plus écologique

L’objectif d’aujourd’hui est d’abandonner le traitement chimique pour miser sur l’ultra-filtration. « L’eau entrant passe par un premier filtre qui retient tout ce qui est organique. Puis par un deuxième appelé filtrage par osmose », explique le directeur. Une membrane semi-perméable et un système de pression permet de séparer deux liquides de composition et de concentration différentes. « C’est un peu le même principe que le filtrage du café. Pour que la mouture reste dans le filtre tout en permettant au café de passer avec l’eau, il faut l’association d’un filtre adapté pour garder le grain de la mouture, et la pression de la machine, qui va permettre de faire passer l’eau sans retenir également la partie café du liquide », explique Philippe Demarville.

Ce système de filtrage par osmose présente deux avantages. « Cette eau peut ensuite retourner dans le circuit, nous utilisons moins d’eau et de produits chimiques – seulement un peu de soude pour le nettoyage des filtres, de l’anti-tarte ponctuellement et en faible quantité pour la tuyauterie, ainsi qu’un peu biocide amalgamée contre le développement des bactéries », se réjouit l’ingénieur. L’économie d’eau réalisée est estimée à un peu plus de 15 000 m3 annuels (soit 11% de la consommation), et de 9 tonnes/an pour les produits chimiques.

Un soutien des collectivités 

Innovants, ces procédés représentent un investissement lourd pour l’entreprise. Pour l’aider, la Région donne un coup de pouce de 27 662 euros sur ce projet à 138 310 €. Au titre de sa compétence en matière de développement économique et d’aménagement du territoire, la Communauté de communes Royan Atlantique (CARA) accompagne également le dossier avec une déclaration de projet. Cette procédure permet de mettre en compatibilité les documents d’urbanisme avec le projet porté par l’entreprise, considéré d’intérêt général au regard de son impact sur l’économie locale et sur l’environnement.


Note : Vinaigrerie  Burg,  ZAC des Brégaudières 17390 – La Tremblade Tél.  05  46  36  14  22  / www.burggroup.eu . La déclaration de projet de la CARA est consultable sur le site www.agglo-royan.fr

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