La responsabilité sociétale de l’entreprise, débat de la rentrée économique en Aquitaine


On l'appelle "RSE" : la Responsabilité Sociétale de l'Entreprise fait l'objet d'une norme internationale ISO 26000 en cours d'élaboration. L'entreprise a toujours fait partie intégrante de l'environnement, mais l'environnement exige désormais de l'en

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La responsabilité sociétale de l'entreprise, débat de la rentrée économique en Aquitaine

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Publication PUBLIÉ LE 11/09/2008 PAR Marie Paule Memy

La Journée de l’Economie Aquitaine, tempsd’échanges et de réflexion réunissant des cadres, dirigeants, experts, élus et représentants des milieux institutionnels, a mis au coeur des débats cette année, la responsabilité sociétale de l’entrepris (RSE)pour laquelle une norme internationale ISO 26000 est en cours d’élaboration.
La Commissaire Générale au Développement Durable, Catherine Larrieu, a ouvert jeudi les travaux en rappelant que la loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) votée en 2001, avait introduit l’obligation pour les sociétés cotées en Bourse, de publier des informations sociales et environnementales liées à leurs activités. Le projet de loi du Grenelle de l’Environnement devrait renforcer ce dispositif et créer un label « entreprises responsables », une reconnaissance de ce que font déjà des PME proposant des produits, des services, des démarches respectueux de l’environnement.

Claude Berniard dirige une entreprise du BTP à Ludon dans le Médoc. Jean-Frédéric Dreyfus est syndicaliste, secrétaire national de la CFE-CGC. Michel Capron est chercheur en Sciences de Gestion à Paris, et président du conseil d’orientation du Réseau International de recherche sur les Organisations et le Développement Durable (RIODD). Trois univers, trois réponses à trois questions.

@qui! : Vous êtes le « Monsieur Jourdain » de l’histoire, convié à témoigner dans une table ronde sur la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise, tout en assurant que vous ignoriez l’existencedu sigle et son sens avant de venir. Qu’avez vous fait de particulier qui vous vaille d’être ici aujourd’hui?

Claude BerniardClaude Berniard : J’ai mis l’accent sur la formation des jeunes. On a du mal à recruter, les métiers du bâtiment souffrent encore d’une mauvaise image. Alors je les ai pris au berceau, en contrat d’apprentissage et nous les avons formés à nos métiers , restauration de patrimoine, chauffage, climatisation, en collaboration avec le Centre de formation des apprentis. On est 50 aujourd’hui dans l’entreprise, je pense qu’une centaine d’apprentis sont passés chez nous.
Nous commençons aussi à préparer un rachat par les cadres qui sont là, lorsque je vais partir.
Je suis convaincu qu’on peut faire du libéralisme et du social à la fois, mais je crois aussi que la « RSE » repose sur la seule volonté du l’entrepreneur. C’est un état d’esprit.
Cela dit, on constate que les chantiers sont encore attribués presque toujours en fonction du prix. A partir de là, il est difficile de faire évoluer les choses. J’aimerais qu’il y ait des critères tenant compte des entreprises qui forment, par exemple.

@qui! : Le discours sur le respect de l’environnement ne sert-il pas d’abord l’image des firmes?

Michel CapronMichel Capron :Lorsque l’on pose la question aux dirigeants d’entreprises de savoir pourquoi ils s’engagent dans une démarche RSE, leur première réponse est en effet que c’est pour leur réputation. Il y a eu des entreprises traumatisées par l’effet « Nike » qui avait recours à des sous-traitants exploitant des enfants. Les campagnes de boycott peuvent faire très mal aux grandes entreprises qui sont très sensibles à ce capital immatériel qu’est leur réputation.

@qui! : Vous êtes très dubitatif quant à faire confiance au seul volontarisme des dirigeants pour faire progresser la prise en compte desenjeux de société et environnementaux dans les entreprises. Faut-il davantage de contraintes?

Jean-Frédéric DreyfusJean-Frédéric Dreyfus : Je viens de recevoir les résulats de la dernière étude réalisée sur la place des femmes dans les organes dirigeants des 500 plus grosses entreprises françaises: 13,5% dans les comités directeurs ou exécutifs, et 8,01% dans les conseils d’administrations. Voilà un domaine où il n’y a pas de contraintes; on constate que les entreprises ne respectent pas l’égalité hommes-femmes . Je ne pense pas que l’on puisse arriver à des progrès dans ce domaine par une loi sur la parité dans les entreprises. Mais il faudrait quand même avancer! Il y a des entreprises qui n’ont pas besoin que l’on fasse pression pour avancer. D’autres si.La loi NRE est mal appliquée pour prendre un autre exemple, et je constate que, là encore, il n’y a aucune sanction pour les entreprises qui ne la respectent pas. Dans ce cas, je pense qu’il faut contraindre les entreprises qui ne respectent pas la loi. Le Grenelle de l’Environnement a permis d’avancer dans le domaine d’une nouvelle gouvernance qui associe davantage les salariés. Un renforcement de la loi NRE préconisant la création de « comités du développement durable » dans les entreprises irait dans le bon sens. Je suis administrateur salarié, et je peux témoigner du fait que 95% des sujets abordés en conseils d’administration concernent les enjeux budgétaires et financiers, en oubliant les enjeux de société et environnementaux.

Propos recueillis par Marie-Paule Mémy

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