Les débats autour de cette convention ont beaucoup focalisé autour de la préparation de l’ouverture à la concurrence du service TER. Mais pour Renaud Lagrave, vice-président de la Région en charge du transport « cette convention n’est pas là que pour prévoir l’avenir. Elle vient régler la situation d’aujourd’hui qui est celle d’un certain nombre de trains en sur-occupation. Sur 740 TER en circulation par jour, 120 sont identifiés en sur-occupation, notamment dans le Sud Aquitaine » précise-t-il.
La fréquentation globale des TER néo-aquitains est effectivement en hausse de 33 % depuis 2019, face à un effort d’augmentation de l’offre de 11 %, à travers notamment le dispositif Optim’TER mis en œuvre par la précédente convention. Un « appétit de train dans la région » pointé par Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs qui ne se dément pas. « Au premier trimestre 2023, on note encore 22 % de hausse de fréquentation », confirme Alain Rousset.
Un défi que la convention vise à relever notamment par des investissements de la Région dans 18 nouvelles rames et dans la construction ou rénovation de centres de maintenance de proximité à Limoges, Bordeaux, Saintes et « Hendaye ou Bayonne » pour le Sud Aquitaine. « Ce sont des investissements massifs sur le territoire pour avoir des taux de disponibilité de matériel supérieurs à ceux d’aujourd’hui », explique le vice-président. Au total, un investissement de près de 350 M€ par an.
Objectif : passer d’un peu plus de 90 000 passagers par jour à 120 000
Autre élément visant à répondre à cette demande galopante : « une exigence forte en matière de qualité de service auprès de la SNCF » . Un objectif de régularité à 95 % d’ici à 2030, soit -34 % de trains en retard par rapport à aujourd’hui, une réduction de 20 % des trains supprimés « causes TER », ou encore un renforcement de l’offre ferroviaire de 8 %, soit « 22 000 trains supplémentaires par an », calcule le PDG de la SNCF Voyageurs.
Concrètement, la convention vise la finalisation de l’offre Optim’TER sur l’ensemble du territoire (Poitou-Charentes et Limousin-Périgord), le développement de RER métropolitains à Bordeaux et Bayonne, ou encore l’optimisation des correspondances avec les offres TGV et Intercités. Objectif à 2030 : passer d’un peu plus de 90 000 passagers par jour à 120 000, le tout avec une maîtrise des coûts exigée auprès de SNCF. La contribution régionale rapportée au train-km est en effet en baisse de 11 % sur la période, soit « un prix de 21€ du km ». Un souci de « soutenabilité », souligné par Alain Rousset, laissant admettre à Christophe Fachinet que la convention Nouvelle-Aquitaine du point de vue du prix négocié est bien « la meilleure convention de France ». Les autres se plaçant entre 22 et 24 €/km.
Le report modal est en train de se faire, si on n’est pas à la hauteur, les gens reprendront leur voiture
Un objectif d’augmentation de la fréquentation dont il ne faut pas rater le coche appuient les élus. « Le report modal est en train de se faire. Au moment où nos concitoyens sont en train d’opérer une rupture vers les transports publics, il faudrait des moyens massifs. Si on n’est pas à la hauteur, les gens reprendront leur voiture », appuie Renaud Lagrave soutenu par Alain Rousset qui exprime « beaucoup d’impatience » sur la destination des 100 milliards d’euros promis par Elisabeth Borne en matière de transport ferroviaire.
S’il commente la convention par « une note optimiste », c’est « avec franchise », qu’Alain Rousset alerte : « Si la Région n’a pas une ressource affectée à la rénovation et à la régénération ferroviaire, nous n’aurons pas les moyens d’améliorer le réseau ferré ». Une absence de ressource et de versement mobilité, a contrario des autres autorités organisatrices de mobilité, qui explique aussi dans la convention fraîchement signée, un objectif fort de + 30 % de recettes en 7 ans. « Nous avons été très loin car le prix de vente des billets est notre seule recette », rappelle Renaud Lagrave.
Par ailleurs, un mécanisme d’encadrement du résultat de l’opérateur prévoit de diminuer la contribution régionale de 3 M€ lorsque la marge nette annuelle de SNCF Voyageurs dépasse 3 %, et une clause de bonne fortune permet de verser à la Région 70 % du surplus de la marge nette au-delà de 4 % réalisée par SNCF.
Concernant l’ouverture à la concurrence, ce nouveau contrat 2024-2030, prévoit un allotissement à 4 lots (Poitou-Charentes, Bassin bordelais, Limousin Périgord, Sud Aquitaine ) et une réduction progressive du périmètre conventionnel au fur et à mesure des détachements des lots mis à la concurrence. Le premier sera le lot Poitou-Charentes détaché en 2027 voire 2028, puis au moins deux autres lots géographiques seront attribués au avant la fin du mandat régional en cours. Un délai qui permet pour la Région de « garder la maîtrise sur la rédaction du cahier des charges », le moment de l’ouverture à la concurrence venu.
Un commentaire
Nous avions un service public de transport ferroviaire régional performant, en 30, 20 ans rien n’a été vraiment entrepris pour le moderniser, le tout TGV, le tout rentabilité a été une aberration ! Au secours, car: « quand tout sera privé, nous serons privés de tout »!