L’exaspération des maires de l’agglomération bayonnaise


F. D.

L'exaspération des maires de l'agglomération bayonnaise

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 18/09/2015 PAR Felix Dufour

Les visages étaient graves en cette fin de matinée en l’hôtel de la Communauté de l’agglomération Côte basque Adour qui réunit les villes de Bayonne, Anglet, Biarritz Bidart et Boucau. Comme la renaissance de l’esprit districal ambitieux des lendemains d’élections municipales semblait loin. C’est Jean-René Etchegaray, le maire de Bayonne et président de cette agglo qui a dégoupillé en premier : « On nous envoie des domaines de compétence par décret comme la réforme scolaire envers laquelle nous ne sommes pas hostiles sur le fond, mais qui a été mise en place dans les conditions les plus cacophoniques qui soient et nous coûte beaucoup d’argent, 700 000 euros pour Bayonne. De la part d’un état censeur qui ne nous laisse pas le temps de nous organiser alors que nous avons le souci d’assurer la continuité du service public auprès de nos concitoyens. Nous sommes soumis à un régime sec face à un État qui, après avoir été censeur peut devenir croque-mort, syndic des faillites alors qu’il est responsable de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Les chiffres sont là. Pour l’agglo si vous cumulez l’ensemble de la diminution des  dotations les ponctions de l’État, cela fait un manque de 19 millions d’euros de fonctionnement pour la période 2015-2019. S’agissant de la ville de Bayonne, nous avons subi une baisse de dotation en 2014 de 600 000 euros. En 2015, 1,5 million d’euros et avec ça on vous demande d’assurer avec des populations de plus en plus précaires. Au total en 2017, la dotation de l’Etat, sera inférieure d’environ 5 millions d’euros par rapport à celle de 2013. Le cumul de ces baisses des dotations de l’État, qui se cumulent pour la ville de Bayonne, représentent 11 millions d’euros. Or l’agglo est pourvoyeur de financements de dépenses des cinq communes qui la composent. Le tiers des sommes qui passent par la Communauté d’agglomération sont versées aux villes. L’accumulation des baisses de dotation de l’état représentent de 8 à 9 % des impôts locaux. Il faudra les retrouver. Nous sommes près de la population quand l’éloignement de l’État devient sidérant. C’est pour cela que l’Association des maires de France a pris cette décision dont nous sommes solidaires. »

Veunac : « L’État exerce une véritable saignée des finances locales » Michel Veunac, vice-président de l’agglo et maire de Biarritz renchérit : « Mon propos est empreint d’une très grande gravité parce que les conséquences de la baisse des dotations de l’État cumulée avec des prélèvements en augmentation laissent les finances du bloc communal en très très grande difficulté. Le message que nous voulons faire passer à nos concitoyens pour leur faire comprendre et les sensibiliser à ce qui est en train de se passer. Rappelons que les caisses des communes sont alimentées de deux manières:  par les dotations de l’État et la fiscalité directe locale. A partir du moment où un de ces deux leviers décline c’est tout le système de l’économie des communes qui est touché. Certes on pouvait comprendre que les communes contribuent au redressement des comptes de la nation, il n’y a rien de scandaleux; ce qui est scandaleux en revanche, c’est la saignée qu’exerce l’État sur les collectivités, la brutalité avec laquelle cette ponction sur les finances locales a été exercée. Pour ma ville quand j’ai pris mes fonctions il y a 18 mois on a commencé la prospective financière. On a vu qu’il allait nous manquer 1 million 200 000 euros de dotation de l’Etat, que les prélèvements allaient augmenter, pour alimenter les communes en difficultés. Ces prélèvements ont été multipliés pars trois dans les quatre dernières années. On est totalement dans une situation de carence. Une véritable saignée de près de 2 millions . Par ailleurs les dépenses de l’État continuent d’augmenter, une situation surréaliste. Ce sur lequel je voudrai insister, toutes tendances politiques confondues, ce sont les conséquences que cela va engendrer. Les communes vont avoir de moins en moins de capacité d’autofinancement pour réaliser leurs projets. C’est-à-dire moins d’investissements et donc moins de commandes publiques. Et s’il y a moins de commandes publiques, il y a moins de travail et moins d’emplois, c’est ça les conséquences! Ce que nous vérifions tous les jours auprès des entreprises auxquelles nous adressons moins de commandes publiques. Nous nous trouvons pris dans cet étau où nous avons obligation de réduire les investissements, et les subventions aux associations ou augmenter les impôts, quand l’Etat, lui, dans des considérations que tout le monde comprend, annonce un allègement des impôts. Il met les collectivités en situation d’assèchement  de la commande publique ou de faire de la fiscalité. Il y a quelque chose d’éminemment pervers dans sa conduite. Nous ne sommes plus dans des discussions de droite et de gauche, mais des différences entre des gens qui sont jacobins, étatiques, d’une part et ceux qui sont progressistes, Girondins qui plaident pour une décentralisation de la France avec cet État surpuissant.

Emmanuel Alzuri, Bidart: « Je suis devenu le maire qui dit non »Le Républicain Claude Olive n’est pas en reste, tant s’en faut: « Non seulement l’État est loin, mais en plus il nous fait les poches. Oui, je dis que l’État nous fait les poches. Je subis la même chose que mes collègues, avec un petit supplément: la dotation globale de fonctionnement de la ville d’Anglet est historiquement basse. C’est comme ça, c’est à dû l’Histoire, mais on a pas pour autant échappé à la saignée. De 2014 à 2017,  chaque année, 1 million de moins, puis 2 millions de moins jusqu’en 2017. Cela fera plus de 3 millions, une baisse de dotation globale de 56% de moins, c’est énorme. Je ne serai pas le bras armé de l’État pour lever l’impôt. Les donneurs de leçon, c’est ainsi que je les appelle, nous demandent de faire attention. Il faut savoir que la réforme scolaire nous a coûté 500 000 euros, 53 contrats de travail temporaire, équivalent de 17 emplois à temps plein. J’ajoute que 70% de l’activité économique de ce pays est assurée par les activités territoriales. Par ricochets, il va y avoir des incidences sur les entreprises. Quand  nous avons été élus, on en parlait, mais on ne savait pas, le cadeau allait nous arriver. Il y a des choses que nous avions prévu dans le programme et que l’on n’aura plus les moyens d’assurer. »
« On a une corde autour du cou, conclut Emmanuel Alzruri, le maire de Bidart. Chaque année, on tire un peu plus sur le noeud coulant, pour nous la baisse cumulée, ce sera 1 600 000 euros en 2017. Rythmes scolaires, logement social, l’addition ne cesse de s’élever. J’ai l’impression d’être  devenu le maire qui dit non à tout. Or quand on est responsable, on ne peut mener sa commune vers une situation désespérée », se lamente-t-il.

Au moment de préparer le prochain budget communal, les maires de l’Agglomération Côte basque Adour ont pris, chacun leur bâton de pèlerin, pour aller expliquer aux associations que leur aide sera revue à la baisse, qu’il faudra réétudier le budget de l’entretien ou de la surveillance des plages  et réduire la voilure pour certaines manifestations de prestige dans une zone éminemment touristique. Avec l’impression désespérante d’avoir été élu sur un mensonge programmé depuis le sommet de l’État…

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