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PUBLIÉ LE 05/06/2008 PAR Joël AUBERTAqui! : Pourquoi avoir choisi ce thème pour votre 14° Université Hommes-Entreprises. Est-ce à dire que vous ne croyez plus qu’il soit possible de s’engager au service d’une cause, qu’elle soit politique, syndicale, associative ?
Christophe de la Chaise : Au CECA, nous sommes persuadés que l’engagement, la motivation sont des qualités aussi précieuses pour les organisations que leur avance technologique ou la qualité de service.
Une enquête menée à l’échelon international a d’ailleurs montré qu’il y avait une forte corrélation entre les facteurs de croissance d’une entreprise et l’engagement de ses collaborateurs.
Et pourtant, on constate dans les sociétés développées une emprise forte du matérialisme, de la course à la consommation, qui pousse à l’individualisme.
Cela a des conséquences dans le monde de l’entreprise (au sens large), qui est avant tout un lieu de communauté entre des hommes et des femmes, où la qualité des échanges est fondamentale, tout comme l’engagement collectif et individuel.
Paradoxalement, l’engagement humanitaire n’a jamais été aussi florissant : témoin les élans de générosité lors des catastrophes naturelles que l’on connaît…
@!: Pourquoi avor fait appel comme figure de proue de cette Université Hommes-Entreprises à un homme comme Dominique Lapierre?
C. de la Chaise : Dominique Lapierre a accepté de répondre à notre invitation car il est totalement engagé pour les Enfants des Lépreux de Calcutta, son association en Inde, à qui il apporte chaque année 2,5 millions d’euros !
Ayant rencontré Mère Thérésa il y a 27 ans, c’est grâce à ses droits d’auteurs et à ses conférences à travers le monde que vivent une demi-douzaine d’associations, permettant à des milliers de lépreux de sortir de la misère et de vivre une vie normale.
Le CECA s’est engagé, aux côtés de ses 20 partenaires, entreprises et collectivités, à lui apporter une aide de 10 000 euros, qui sera intégralement reversée à son association.
Dominique Lapierre est également remarquable par le changement de vie qu’il a opéré : il aurait pu vivre paisiblement de ses rentes – ses millions de livres vendus à travers le monde- il a choisi de prendre à son compte le sort de milliers de « condamnés » de la vie pour changer leur destin : cela renvoie à des valeurs nobles : empathie, générosité, désintéressement, volonté inébranlable…
Nous pensons que le monde du travail ne doit pas uniquement parler de croissance, de profit, de compétition, mais aussi d’empathie, de générosité, de désintéressement.
Nos autres invités : Guy Gilbert, Jacques Tassi, Président de Handicap International, Stéphane Lévin, explorateur, sont aussi représentatifs de l’engagement : pour les jeunes de la rue, pour les laisser pour compte, pour les blessés de la vie, pour leur foi en l’homme.
@! : Est-ce que le véritable engagement, aujourd’hui, ce ne sont pas ceux qui militent pour le co-développement plutôt que pour l’assistance humanitaire aux plus démunis?
C. de la Chaise : Bien sûr, le co-développement est fondamental : Confusius ne disait-il pas : « si tu aides l’autre, tu l’aliènes ; si tu lui proposes un défi, tu le libères » ?
A l’Université de2006, Jacques Baratier, avec son association « Agrisud International », nous avait raconté comment il avait été à l’origine de la création de 65 000 emplois dans des pays très pauvres, à partir d’expériences de co-développement.
L’Université Hommes-Entreprises 2008 sera également l’occasion d’évoquer l’engagement de l’état avec l’économiste Michel Godet ou d’une nouvelle approche des relations humaines avec Juliette Tournand.
Propos recueillis par Joël Aubert
