L’affaire Michelito relance la polémique sur les corridas en France


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L'affaire Michelito relance la polémique sur les corridas en France

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Publication PUBLIÉ LE 08/08/2008 PAR Nicolas César

A un âge, où les autres enfants jouent au football, on lui apprend à tuer, à l’arme blanche…», s’insurge la nîmoise Claire Starozinski, fondatrice de l’Alliance anti-corrida, créée en 1994. « Ces critiques sont absurdes. La besserade est une corrida avec de jeunes veaux, pas des taureaux ! Il n’y a ni mise à mort ni banderilles », s’emporte Béatrice Brèthes, directrice de l’école taurine d’Hagetmau.
Saisi par l’Alliance anti-corrida pour mise en danger d’autrui et travail clandestin d’un enfant, le procureur de la République de Mont-de-Marsan a confirmé l’absence d’infraction pénale. Mais, le week-end dernier, l’association avait obtenu gain de cause dans le Sud-est. Le préfet avait demandé l’annulation des spectacles prévus à Fontvieille et Arles. Ce qui n’a pas découragé le directeur de l’école taurine d’Arles, Paquito Leal, qui a reprogrammé le spectacle hier soir.
Pour autant, Claire Starozinski, la chef de file de l’alliance anti-corrida, qui compte 17 000 adhérents à sa newsletter, y voit le signe que les mentalités évoluent. « Depuis trois ans, il y a une prise de conscience des Français, grâce aux vidéos sur Internet montrant la torture infligée aux taureaux ». Si l’on en croit un sondage réalisé en octobre 2007 par LH2, 72,2% des français sont contre la corrida. Aujourd’hui, un nombre important de personnalités soutiennent les anti-corridas. Parmi elles, Geneviève de Fontenay, la présidente du comité Miss France, le chanteur Renaud, le généticien Albert Jacquard…

Le phénomène est récent. « L’opposition anti-corrida a été muselée pendant presque un siècle et demi. Car, dès 1853, lorsque Napoléon III et sa femme, l’impératrice Eugénie, ont amené la corrida en France, la Société protectrice des animaux (SPA) a créé une section anti-corrida. Mais, la presse en parlait peu », rappelle Elisabeth Hardouin-Fugier, auteur de « Histoire de la corrida en Europe du XVIIIème au XXIème siècle » (éditions Connaissances et Savoirs, 2005). « Ce qui a sauvé le mouvement, c’est Internet. Ainsi, en 1998, l’organisation américaine Shark, dirigée par Steve Hindi, a « forcé » la firme multinationale Pepsi Cola, à retirer son soutien financier aux corridas au Mexique, grâce à son site Internet et aux vidéos qu’elle a diffusé dans toutes les grandes villes américaines, via des véhicules équipés de grands écrans », poursuit-elle.

Vers une interdiction de l’accès aux corridas pour les mineurs ?
Aujourd’hui, la France est en retard sur son voisin espagnol, si l’on en croit Isabel Marcoux, la présidente franco-espagnole du Flac (Fédération des luttes pour l’abolition des corridas), qui regroupe 19 associations. « En Catalogne, depuis 2004, les enfants de moins de 14 ans n’ont plus accès aux corridas. La même année, Barcelone, a été déclarée ville anti-taurine par le deuxième adjoint au maire de l’époque, Jordi Portabella », rapporte cette barcelonaise. « Une bonne moitié des députés européens est très ancrée dans la défense de l’animal », confie Michel Rocard, député européen, qui a manifesté devant les arènes de Bayonne le week-end dernier.

Un observatoire des cultures taurines
« Les choses bougent », assure Christophe Marie, le numéro 2 de la fondation Brigitte Bardot. Ainsi, le 25 septembre 2007, Muriel Marland-Militello, député UMP des Alpes-Maritimes, a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à interdire tous les sévices graves envers les animaux. Le 28 septembre 2007, Jean-Pierre Brard, député communiste de Seine-Saint-Denis a, quant à lui, demandé une loi interdisant l’accès aux courses de taureaux, aux mineurs de quinze ans. Les anti-corridas ont été reçus à ce sujet l’été dernier par Nicolas Sarkozy, qui ne s’est, à ce jour, pas positionné.

De leur côté, les aficionados organisent leur défense. Un observatoire des cultures taurines a été créé en mars dernier. « L’objectif est de rétablir la vérité. Les taureaux ne sont pas maltraités. Il y a un contrôle permanent des vétérinaires, lors des corridas », explique son président, André Viard, ancien matador. Par ailleurs, pour la première fois, le ministère de l’Agriculture a organisé, entre mars et juin, des rencontres « animal et société », à l’issue desquelles 34 mesures pour le bien-être de l’animal ont été prises. Des « mesurettes » selon Brigitte Bardot. André Viard, lui,se dit satisfait. « Nous représentons un nombre important d’électeurs et une culture locale », rappelle Béatrice Brèthes.

Nicolas César

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