Journée historique pour un Pays basque réuni pour la paix


F.D.

Journée historique pour un Pays basque réuni pour la paix

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/04/2017 PAR Felix Dufour

C’est donc une lettre remise à la chaîne britanique BBC, émanant du groupe ETA annonçant qu’elle n’était plus une organisation armée qui aura libéré « les artisans de la paix » pour célébrer en présence de près de 20 000 personnes, place Paul Bert, dans un Petit Bayonne, fief du nationalisme basque et de drames, le désarmement d’ETA. Dès ce samedi matin, ETA indiquait huit caches en Pays basque français, dont une à Saint-Pée-sur-Nivelle. Dans la seule journée de ce samedi, 1,5 tonnes d’armes et explosifs allaient être dénichées.

« C’est un grand pas », a déclaré le nouveau ministre de l’intérieur, Mathias Fekl ce matin, en commentant cette démarche  tout en rappelant les 900 victimes causées par ce conflit dont la première, le 7 juillet 1968, fut un garde civil espagnol. Ce groupe créé en 1959, constitué  de jeunes dissidents du PNV (Parti national basque) voulait en pleine période franquiste, défendre l’identité basque. S’en suivront un enchaînement d’assassinats en Espagne (837) dont deux en France à Capbreton. 94 membres d’ETA seront abattus par les forces de sécurité espagnole. 

Le Pays basque français, considéré comme le sanctuaire d’ETA va alors devenir le théatre de représailles sanglantes menées par des commandos parapoliciers  ou des milices d’exrême droite comme le Bataillon basque espagnol et, en 1982, les commandos du GAL (Goupes antiterroristes de libération), pour contrer, de la part du gouvernement de Felipe Gonzales, l’apathie du gouvernement français pour éradiquer les ETA qui s’étaient réfugiés en Pays basque français. Cela se soldera par une quarantaine d’attentats dont 24 assassinats jusqu’en 1987, notamment dans le Petit Bayonne.

 La liste des caches remises en mairie de Bayonne

Le président de la Commission internationale de vérification Ram Manikkalingam a indiqué avoir remis la localisation des caches d’armes d’ETA aux autorités françaises ce samedi matin à Bayonne. Selon des sources judiciaires, ces caches seraient au nombre de huit. Cette liste lui a été remise par un représentant des « artisans de la paix » Txetx Etcheverry, à la mairie de Bayonne, en présence de Jean-René Etchegaray, président de la nouvelle Communauté Pays basque et maire de Bayonne. Il a également salué le rôle d’Iñigo Urkullu, président du Gouvernement basque, dans le processus. Tetx faisait partie de  de ces militants non violents interceptés dans une villa du village de Louhossoa.

Des satisfactions et des réserves…dont celles de Jean Grenet

Outre « les artisans de la paix », pris en flagrant délit d’entame du processus de désarmement à Louhossoa l’hiver dernier, dont nous nous en sommes fait l’écho, des élus se sont investis afin de défendre cette procédure inédite. Et alors dénoncée par le ministre de l’Intérieur Bruno Le Roux. Entre temps, Jean-René Etchegaray, le nouveau président de l’Agglomération Pays basque et maire de Bayonne, s’était fait l’avocat -notamment auprès du premier Ministre Bernard Caseneuve- de la bonne volonté de cette initiative, quand les états espagnol et français faisaient de l’obstruction, du bien fondé de cette démarche. Un rôle auquel s’oppose son prédecesseur à la mairie de Bayonne Jean Grenet dans les colonnes du quotidien régional. « Pour moi l’élu n’est pas un militant, dit-il On peut aimer le Pays basque sans participer aux manifestations ou courir la Korrika (au bénéfice des écoles en langue basque). Ne devenons pas plus militant que les militants. L’élu peut agir sans avoir sa place auprès des militants (NDLR.-basques). N’oublions jamais que ces armes ont servi à tuer des gens. Ce n’est pas à la société civile de gérer ces affaires mais à la France et à l’Espagne. »

 Près de 20 000 personnes place Paul-Bert

Les organisateurs de ce rassemblement espéraient entre 10 et 15 000 personnes. Elles auront été près de 20 000, en grande partie venues d’Outre Bidassoa. Sous un chaleur de près de 30° en cette place Paul-Bert qui pendant les Fêtes de Bayonne accueille les courses de vaches. « On a largement explosé l’affluence des Fêtes », lancait en souriant un habitué des lieux. Place de ce quartier du Petit-Bayonne, à l’ombre de l’église Sainte-André, âme de Bayonne,  avec ses maisons couleur Pays Basque, aux facades blanches et aux volets vert et rouge basque. Quartier qui fut témoin aussi des expéditions du GAL dans les années noires.

Le 17 décembre, après l’arrestation de membres du collectif de militants non violents, 4000 personnes étaient descendues dans la rue pour expliquer leur démarche de paix. Ce samedi elles étaient près de 20 000 du nord et du sud. Avec quelques points de suspension pour la suite: le rapprochemeht des prisonniers basques lancée depuis Bayonne comme une clameur avant les prises de parole dont, en premier, de l’un des « artisans de paix », l’agriculteur Michel Berhocoirigoin.

Madrid résumait ce samedi soir cette journée historique comme une vaste opération de communication. Peut-être qu’en venant sur le terrain, le gouvernement espagnol aurait compris que cette journée avait une réelle signification. Pour les Basques d’origine, certes. Pour les Basques de coeur, assurément aussi…

 

 


 

 


 


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