Interview: Bernard Uthurry, premier vice-président du conseil régional d’Aquitaine: le chemin de fer regagne du terrain de Pau vers la vallée d’Aspe


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Interview: Bernard Uthurry, premier vice-président du conseil régional d'Aquitaine: le chemin de fer regagne du terrain de Pau vers la vallée d'Aspe

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/09/2010 PAR Olivier Darrioumerle

@qui : Aspe une vallée sécurisée ou une vallée sanctuarisée ?
Bernard Uthurry:  Franchement, qui voudrait voir la vallée d’Aspe traversée par une autoroute ! Elle est tellement belle ! Mais on ne veut pas non plus qu’elle soit muséifiée. Il y a de nombreuses entreprises qui se créent dans la vallée, il y a aussi une dimension touristique qui n’est pas négligeable. Elle doit participer au développement territorial. Mais la traversée des Pyrénées doit être sécurisée. La RN134 n’a pas été touchée depuis 30 ans et elle est proche de la saturation. A l’entrée d’Oloron, il y a le plus petit rond point du monde… et c’est près de 12000 véhicules qui y passent chaque jour. Cette nationale est très accidentogène: 9 morts et 84 bléssés en 5 ans, c’est beaucoup trop.

@! : Où en sommes nous du projet de liaison Pau-Oloron ?
B. U. :
En effet une nouvelle voie 2×1 voie avec quelques créneaux de dépassement entre Pau et Oloron est en projet. Il serait opportun que le bassin haut béarnais bénéficie d’une autre route. D’abord pour la sécurité routière, on l’a vu, ensuite pour désenclaver un bassin fertile en entreprises. L’entreprise  Lindt, par exemple, fonde son activité sur une logistique de transport. Mais la décision finale relève de la compétence de l’Etat. Le premier projet a été abandonné en 2008 après le premier Grenelle de l’environnement. Un syndicat composé du Conseil régional et des communes concernées par le tracé, a relancé des études (4 millions d’euros, l’Etat participe pour moitié). On veut proposer un projet moins coûteux qui aurait plus de chances d’être accepté.

« Il faut que le train batte la voiture »

@! : Des projets de déviations pour désengorger la R134 ?
B. U.  : A part pour les opérations en cours, les régions n’investissent plus sur les routes. Pour la région Aquitaine la priorité c’est le rail. Notre crédo est l’intermodalité. C’est ainsi que nous voulons lutter contre la saturation des routes. L’Etat, quant à lui, reste ferme sur sa volonté. Il ne donnera rien. Jusqu’au dernier moment on y a cru. Ce fut une grande déception pour Oloron, Asasp et Gurmançon. Pour les autres il n’y a plus d’espoir. Les projets de déviation pour Cette-Eygun et Urdos sont définitivement abandonnées.

@! : La ligne Pau-Canfranc débute par Pau-Oloron, puis Oloron-Bedous et enfin Bedous-Canfranc. C’est la conquête des Pyrénées ?
B. U. :
Vous verriez les travaux, c’est spectaculaire ! Ils bossent jour et nuit, c’est un beau chantier. La ligne de chemin de fer régénérée Pau-Oloron et de nouvelles voitures fonctionneront début 2011. Pour l’instant Pau-Oloron c’est quatre cents passagers par jour, ça sera trois fois plus si l’on réussit le cadencement. Aujourd’hui, Pau est à trois quart d’heures de Bedous, on peut gagner du temps. L’intermodalité doit permettre d’habiter à vingt minutes de son lieu de travail. Il faut que le train batte la voiture.
Maintenant c’est Oloron-Bedous qui nous occupe. Les 30 millions d’euros pour la ligne Oloron-Bedous avaient été inscrits au budget de la région. On pensait commencer dès janvier, directement à la suite de Pau-Oloron, mais on a été touché par une circulaire ministérielle fondée sur le principe de précaution. Après un accident mortel entre un train et un car, Dominique Bussereau, secrétaire d’Etat aux transports, a interdit la construction de passages à niveau. Il y en a vingt six entre Oloron et Bedous ! Dix sept ne sont pas concernés. Il va falloir traiter les autres, ça rallonge la date de lancement des travaux et ça coûte doublement cher. 
Pour le dernier tronçon Bedous-Canfranc, on va remettre l’Etat face à ses responsabilités. Après la chute du pont de Lestanguet qui avait condamné la Pau-Canfranc, en 1970, la voix ferrée fut empruntée par la route à trois reprises. Dans l’hypothèse d’une réhabilitation de la Pau-Canfranc, il était prévu que l’Etat soit solidaire de son financement ( convention de 1996). Et si tout le monde y met de la bonne volonté, dans quelques années on pourra prendre le train pour aller faire du ski dans les stations pyrénéennes. 

Propos recueillis par Olivier Darrioumerle
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