Energie houlomotrice: Hace peine à faire des vagues


L'entreprise girondine Hace a mis au point machine capable de créer de l'électricité à partir de l'énergie de la houle. Si le projet fait rêver par ses aspects écologiques et économiques, la start-up peine à trouver des financements.

Hace

Le démonstrateur industriel de Hace sur le site d'essai, au large du Croisic, au printemps 2023.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/01/2024 PAR Manon Gazin

Produire de l’électricité avec des vagues : l’idée fait rêver tant elle semble avantageuse pour l’environnement. Et c’est le défi qu’a voulu relever Jean-Luc Stanek, en créant en 2013 l’entreprise Hace (pour Hydro Air Concept Energy). Avec sa technologie qui vise à produire de l’électricité décarbonée à partir de l’énergie de la houle, la start-up girondine souhaite révolutionner le monde des énergies renouvelables. Mais les soutiens se font timides.

Pourtant, l’entreprise a réalisé en 2023 des tests en mer pendant trois mois, au large du Croisic (Loire-Atlantique). Et ces derniers lui ont permis de prouver que son prototype industriel produit de l’électricité dans toutes les conditions météorologiques. Ou juste avec des vagues de quelques centimètres. D’avril à juillet, malgré deux tempêtes, le démonstrateur a fait ses preuves.

« Ce projet, il faut le faire aboutir »

Des résultats qui ne sont pas arrivés sans efforts : Hace a déjà investi trois millions d’euros, dont un million pour un prototype en 2018, suivis de près de 900 000 pour le dernier modèle. « Plus de 90% des financements proviennent du privé« , affirme Thierry Millet, associé de Jean-Luc Stanek. Actuellement, l’entreprise est en pleine levée de fonds et a pour objectif de récolter 20 millions d’euros, dans le but d’ouvrir sa première usine. 

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Jean-Luc Stanek, fondateur de la start-up, avec l’une des turbines du démonstrateur industriel Hace.

Thierry Millet n’en démord pas : « Ce projet, il faut le faire aboutir« . Le concept de cette technologie, lui, semble apporter bien des avantages. Cette dernière transforme les mouvements de la surface de l’eau en flux aéraulique à l’intérieur de modules. Ce flux d’air est ensuite converti en énergie électrique. Hace promet un service avantageux financièrement (moins de 30 euros le MWh), et un très bon bilan carbone  (1 gramme d’équivalent CO2 par KWh). Sans oublier la hauteur de 2,5 mètres du prototype, qui le rend pratiquement invisible une fois au large. 

S’investir à 100% dans l’entreprise

Jean-Luc Stanek, ancien dentiste passé par la Santé navale et fondateur de Hace, a eu cette idée alors qu’il était à la Réunion. Il y observe le phénomène des « souffleurs » : des jets d’eau de mer qui
jaillissent du sol à intervalles réguliers et s’élèvent dans les airs. « Il a imaginé le moyen de récupérer cette forte énergie des vagues au sein d’une machine, pour arriver à produire de l’électricité de manière continue », explique Thierry Millet.

S’ensuit alors « le facteur déclenchant » : l’accident nucléaire de Fukushima. L’ancien dentiste veut alors trouver « des modes de productions d’électricité alternatifs, qui fassent courir moins de risques à l’environnement, et qui soient décarbonés« . Il se forme en autodidacte en mécanique des fluides et en résistance des matériaux, et s’investit complètement dans son projet : en 2017, il laisse derrière lui son emploi et vend la maison familiale. 

« La technologie est prête »

Il s’entoure d’experts et de scientifiques, dont « l’ancien responsable de la recherche et développement de Veolia et l’ancien patron des prototypes Airbus ». En 2013, il dépose un brevet international, qui sera ensuite délivré au Japon, en Chine, aux Etats-Unis, en Europe, en Afrique, ou encore en Indonésie. Quatre prototypes sont fabriqués, de la taille d’une maquette jusqu’à l’échelle industrielle. 

Aujourd’hui, la start-up est basée à Martillac, en Gironde, à la Technopole Montesquieu. Et Thierry Millet l’affirme : « La technologie est prête« . Mais Hace n’a pour l’instant finalisé aucune vente. « Nous avons des précommandes qui sont supérieures à 400 millions d’euros, en Indonésie, à Madagascar, aux Maldives…« , explique l’associé et actionnaire, qui précise que « ce sont les opérateurs d’énergie locaux qui ont passé les commandes« .

 

En attente d’acomptes ou d’investisseurs

L’objectif de ces ventes est d’installer des machines sur des sites déjà choisis par les deux parties, afin de produire du courant qui fournira les réseaux d’électricité locaux. « Soit, dans des cas comme le sud de Madagascar, de coupler nos machines avec des adoucisseurs d’eau, qui permettent de dessaliniser et d’envoyer de l’eau potable sur le sud de l’île« , explique Thierry Millet. 

Mais il le rappelle : « Quand vous avez un projet qui est une précommande, il faut le financer. Et les financements, c’est toujours long à obtenir« . La start-up attend donc « de recevoir un acompte« , ou de trouver un investisseur, afin de se lancer leur « premier site de production industrielle« . 





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