Municipales: Didier Guillaume est venu creuser son sillon à Biarritz


Félix Dufour

Municipales: Didier Guillaume est venu creuser son sillon à Biarritz

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 12/01/2020 PAR Felix Dufour

Pendant quarante minutes, en présence de ses supporters, futurs colistiers et la presse, le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume a ratissé large en annonçant sa candidature à la mairie de Biarritz. Normal dira-t-on, pour un ministre qui se veut proche des agriculteurs. Mais la fenaison n’est pas encore à l’ordre du jour ; samedi, c’était plutôt l’heure des semailles avec trois graines dont il espère qu’elles prendront. Trois adjoints de la majorité et non des moindres: Guy Lafite, Macroniste compatible de la première heure et premier adjoint chargé des finances qui a estimé, dès le mois de juillet que la messe était dite et les carottes étaient cuites: Michel Veunac ne pourrait rassembler pour un prochain mandat; Michel Poueyts, de plus abertzale bon teint; Régine Daguerre, chargée de la Petite enfance et des personnes âgées. En guise de gratitude, il  a pourtant souligné, on le lira plus bas, qu’aucun de ces adjoints ne seraient de nouveau adjoint s’il l’emportait estimant: « Il faut se transformer et transmettre à une nouvelle génération. »
 Comme était présente une partie de la liste éphémère « Changer d’ère », un conglomérat de quadras fort sympathique, politiquement parlant très clean, mi LREM, mi-Modem, légèrement Républicain pour certains par leurs parents, se retrouvait en bonne place aux côtés de Didier Guillaume, dont Philippe Nalpas, un collaborateur du sénateur républicain Max Brisson. Encore très indécis sur son positionnement du devenir de cette mairie de Biarritz qui lui a échappé en 2014. Le tout, ce n’était pas anodin, sous l’œil de nombreuses caméras d’info continue. Histoire de montrer aussi la dimension nationale de sa confrontation avec le secrétaire d’État au tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, également en piste qui s’est aussi amouraché de la Ville et est le compagnon de la sénatrice Frédérique Espagnac. 

Par amour pour la ville et par raison pour les élections

« Je ne me présente pas par amour mais par raison pour cette élection » a-t-il lancé. Avant de moduler légèrement plus tard: « Je viens là par amour pour Biarritz et par raison pour cette élection », justifiait-il. Comme semblait en témoigner son affiche de campagne, derrière lui, sobrement intitulée « Biarritz! ». En couleur rouge BO et avec un point d’exclamation.
« Il fallait dépasser le vieux monde, non pas pour arriver à quelque chose de tout nouveau mais à quelque chose de différent. Être capable de faire travailler des femmes et des hommes ensemble quelles que soient leurs origines, leur religion, leur engagement politique. Le rassemblement ce n’est pas effacer ce qui nous différencie, c’est rassembler ce qui nous différencie pour nous rapprocher. Je peux mener cette incarnation je peux l’assurer. Ministre, j’ai acquis cette expérience, j’ai noué de nombreuses relations au niveau européen et international et je veux mettre au profit de notre ville cette expérience. Mon ambition n’est pas d’être maire de Biarritz, mon ambition c’est Biarritz, de faire rayonner notre ville et faire en sorte que le quotidien des Biarrots s’améliore. Cette ville a besoin d’impulsion. Non pas que ce qui a été fait n’est pas un bon travail mais tout simplement parce qu’il faut passer à la vitesse supérieure. Ne pas avoir la main qui tremble pour prendre des décisions. Et c’est cette impulsion, cette incarnation, ces décisions que je veux représenter. J’ai ici des représentants de La République en marche, du parti Les Républicains, des abertzale (NDLR.-Nationalistes basque), des hommes et des femmes de droite, de gauche, d’autres qui ne sont pas engagés, des représentants de la majorité et de l’opposition municipale, mais ce qui nous rassemble est le plus important. « 
Et de rendre hommage à Guy Lafite, « qui a fait en sorte que les finances de cette ville soient très bonnes. Sur le dossier de l’Hôtel du Palais, il a été un acteur majeur auprès du maire pour que l’Hôtel du Palais reste biarrot. Maire, je ne laisserai jamais vendre les bijoux de famille. L’objectif de mon engagement est que s’il y a débat, il faut que cette ville devienne apaisée et il faut continuer à la faire rayonner. Biarritz est la seule ville non capitale à être connue dans le monde entier. »
Et de poursuivre: « Quand je présenterai ma liste, vous le verrez les lignes bougeront. Aucun adjoint de l’actuelle municipalité ne sera adjoint dans la municipalité que je conduirai si je suis élu. Il faut changer, il faut se transformer. J’ai besoin de l’expérience solide acquise par les adjoints sortants et j’ai besoin de transmettre à une nouvelle génération car il est temps que Biarritz soit gérée par une nouvelle génération.  » Avec cette précision: « Aucun membre de notre équipe n’attaquera jamais aucun autre candidat. Dans une élection municipale, il n’y a pas d’adversaire: c’est projet contre projet. » Une porte ouverte en somme pour le deuxième tour…

Un programme plein de bonnes intentions

Quand le ministre s’était rendu à l’inauguration de Lurrama, le salon de l’agriculture basque, ou auparavant à l’inauguration du nouveau laboratoire des jambons de la famille Montauzer, en pays de Bidache, les observateurs avaient noté que, tel le petit Poucet, l’élu de la Drome avait laissé quelques petits cailloux, comme des points de rencontre conceptuels avec la Confédération paysanne ELB (Euskal Herriko Laborarien Batasuna) -dont l’ancien élu de la Drôme écorchera -forcément- la traduction). Un programme alimentaire favorisant les circuits courts dans la restauration scolaire, comme privée, un plan d’enseignement des langues dans les écoles, dont l’Espagnol et évidemment le basque; le transports gratuits pour les personnes âgées, la propreté de l’eau, l’assainissement etc… Bref une petite démo de la connaissance d’une ville pour mettre aussi à dix mètres ceux qui l’accusent de parachutage. « Je vient ici depuis plus de 40 ans et mon épouse est enseignante dans l’agglomération ». Avant de conclure: « Il faut se mettre en phase avec la sociologie de Biarritz: 50% de la population actuelle n’y est pas née! »

 Une intervention remarquée sur les prisonniers basques

« Tous les maires de l’Agglomération ont signé l’appel à cette manifestation et je soutiens cette manifestation », suite à la motion qu’avaient votée à l’unanimité les conseillers communautaires des 158 communes du Pays basque. « Il y a encore des choses qui se feront avant de rappeler la phrase du président Macron « Ne faisons pas bégayer l’histoire ». (NDLR.- Formule qui allait être reprise sur les banderoles des manifestants quelques heures plus tard). Oui, il faut absolument que nous avancions sur le sujet. L’Histoire ne doit pas bégayer, mais elle doit se faire dans le cadre de la République et le président y est très attentif. »
Le douro est lancé comme on dit au jaï alaï de Biarritz, capitale européenne de la Cesta punta. Avec une question subsidiaire malgré tout: ce jour, le président Macron se rend à Pau. Chez François Bayrou, le maire, dont on sait qu’il a été faiseur – ou défaiseur — de rois sur la Côte basque. Qui donc depuis la ville d’Henri IV sera adoubé? Le secrétaire d’État au tourisme ou le ministre de l’Agriculture?

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