Des lycéens aquitains se prononcent sur la révision de la loi sur la bioéthique


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Des lycéens aquitains se prononcent sur la révision de la loi sur la bioéthique

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/05/2009 PAR Nicolas César

Leurs travaux sont, aux dires des chercheurs, « surprenants » par leur qualité. « Ils ont su sortir des clichés », se félicite le docteur Évelyne Bironneau, de l’Agence de biomédecine en Aquitaine, à l’initiative de l’opération. Les jeunes ont, au fil des jours, eu le temps de mûrir leur réflexion. Ainsi, les élèves du lycée Charles-Despiau, à Mont-de-Marsan, dans les Landes, sollicités pour plancher sur l’AMP, s’étaient dans un premier temps prononcés pour la légalisation des mères porteuses. Avant de faire marche arrière, car « cela pourrait engendrer trop de pertes de repères pour l’enfant ». « Un enfant issu d’une mère porteuse peut avoir jusqu’à cinq parents – parents adoptifs, mère porteuse, couple demandeur », explique Renaud du lycée Victor Louis à Talence.

Des lycéens prudents sur les questions de bioéthique

Les lycéens ont également rejeté l’idée de la gestation pour autrui pour des couples homosexuels. « Aujourd’hui, nous avons surtout besoin d’une directive européenne pour stopper le tourisme procréatif », estime Maelenn, une autre élève de Victor-Louis. « J’ai été surprise par leur conservatisme, réagit Aline Papaxanthos, médecin au centre d’assistance médicale à la procréation au CHU de Bordeaux. En fait, il ne leur apparaît pas vraiment nécessaire de bouleverser le cadre législatif actuel. »

Le médecin estime que c’est une bonne chose : alors que « la société actuelle, gagnée par le consumérisme, est tentée par le droit à l’enfant, explique-t-elle, les lycéens sont apparus très soucieux de protéger les droits de l’enfant, très préoccupés par les risques de marchandisation. Ils ont ainsi pris soin de préciser que si le principe des mères porteuses devait être avalisé, il fallait que celles-ci soient indemnisées, surtout pas rémunérées. » Dans le même esprit, les lycéens de Victor-Louis se sont prononcés pour le maintien de la gratuité du don de gamètes.

Sagesse encore sur les tests génétiques. Pour la classe de seconde du lycée Sainte-Marie-de-la-Bastide à Bordeaux, il faut maintenir l’interdiction de recourir aux tests ADN en dehors du domaine médical, judiciaire et scientifique, afin d’éviter toute discrimination vis-à-vis des assurances et de l’emploi.

Pour l’abaissement de l’âge des donneurs d’organes

S’agissant de la recherche sur les cellules souches embryonnaires, les élèves du lycée Jacques-Monod de Lescar, dans les Pyrénées-Atlantiques, se sont trouvés confrontés au dilemme habituel : est-il possible d’autoriser la recherche, sans attenter au respect dû à l’embryon ? 70 % d’entre eux étaient prêts à autoriser la recherche sur les embryons surnuméraires, mais la moitié de ceux-là avaient du mal à admettre la destruction de l’embryon qui l’accompagne. Au final, une majorité s’est dégagée pour refuser la création d’embryons pour la recherche. Et pour recommander la création d’une autorité mondiale de surveillance, afin de parer à tout trafic éventuel.

Leurs conclusions vont être envoyées aux parlementaires

Sur la question des dons d’organes, en revanche, les lycéens, beaucoup moins prudents, n’hésitent pas à proposer d’élargir le cercle des donneurs vivants aux amis et d’abaisser l’âge minimum de ces mêmes donneurs à 16 ans. Ils sont aussi pour que le choix de chacun (d’accord ou pas pour le prélèvement d’organes) soit consigné sur la carte vitale et pour une information systématique dans les lycées. Le tout, bien sûr, en respectant la gratuité du don. « Ce sujet les a tellement touchés que, depuis février, plusieurs d’entre eux ont pris une carte de donneur », relève Pascale Boutet, professeur d’histoire-géographie et d’éducation civique au lycée Victor-Louis. Les jeunes vont maintenant envoyer leurs propositions aux parlementaires chargés de la révision de la loi. Elles devraient aussi être mises en ligne sur le site des Etats généraux de la bioéthique.

Nicolas César

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