Députés un an après: Alain Rousset, « des moments de plaisir et de frustrations »


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Députés un an après: Alain Rousset, "des moments de plaisir et de frustrations"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/07/2008 PAR Joël AUBERT


Dans une heure il va discuter avec Louis Gallois, le président d’EADS. « Nous allons parler power 8, emploi, Airbus ; l’échange promet d’être passionnant, commente Alain Rousset. Pourtant il sait que son action se limite à un pouvoir d’influence et d’information. « Même si le résultat de l’échange est frustrant, la discussion reste instructive » : voici résumé l’action parisienne du député. Alain Rousset insiste bien, il ne parle pas de déception. La réalité du mandat de député est bien plus complexe.
« Il y a, comme dans toute responsabilité, des moments de plaisir et de frustration. » Le député partage avec ses collègues l’honneur d’avoir été élu et la mission de faire la loi. Ce qui passe par de nombreux débats, notamment en commission. Alain Rousset raconte des échanges « souvent passionnés et passionnants ». Il garde le souvenir d’un débat particulièrement accroché avec la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, sur l’accompagnement des chômeurs, le député girondin défendant une attribution de compétences au conseil régional au détriment du préfet. « Le député va à Paris et côtoie les ministres. La fonction donne l’image de quelqu’un qui peut beaucoup », explique Alain Rousset.

Une nécessaire décentralisation

Au quotidien, ces batailles se soldent par beaucoup de frustration. Après son échange avec Christine Lagarde et malgré les nombreux amendements déposés, le texte n’a pas été modifié. Même chose pour le crédit d’impôt qui finance la recherche. Alain Rousset est amer : « La conception du fonctionnement de la majorité de l’actuel gouvernement et le système présidentiel font que le texte est quasi verrouillé dès son arrivée dans l’hémicycle. » Alain reprend aussitôt. Il est en train de travailler pour déposer un amendement contre le délit de favoritisme dans les partenariats entre secteurs public et privé.
Pour Alain Rousset on attend trop de l’Etat, ce qu’il appelle le « ciel ». « Je rêve d’un débat sur la décentralisation, soupire le député. C’est la mère des réformes et une des conditions de leur mise en œuvre. » Il sait que ce débat n’aura pas lieu de sitôt. « Tout est décidé par le haut, ce qui explique la brutalité du pouvoir en place ». Et l’élu de citer la loi sur le paquet fiscal, « qui a conduit à 16 milliards d’euros d’exonérations et à 23 milliards de niches fiscales », les méthodes employées contre les sans-papiers par le ministère qualifié « de l’Immigration et de la Rétention » ou encore la négation des 35 heures pourtant inscrites dans le code du travail.

Forcer le débat entre droite et gauche

Face à ce déferlement, le député a compris son rôle. Chaque réforme crée un débat au sein de l’UMP, entre le gouvernement et la majorité. Un débat interne qui souvent court-circuite le temps de parole de l’opposition. L’objectif d’Alain Rousset, et des élus de l’opposition, est de forcer une discussion entre droite et gauche, comme lors du vote de la loi sur les OGM.
Dans ce bras de fer, son mandat national vient en complément du local. Il s’y adosse. Alain Rousset fait jouer sa connaissance de l’entreprise et sa pratique de gestionnaire des collectivités territoriales. « Quand je m’exprime sur l’emploi ou l’économie, raconte-t-il, on m’écoute différemment. » Son mandat national lui sert aussi à rassembler les élus locaux, maires et conseillers généraux pour fédérer des actions, comme le développement du haut débit ou la lutte contre la surpopulation carcérale à la Maison d’arrêt de Gradignan.
Le mandat de député n’a pas changé l’emploi du temps d’Alain Rousset. « Je ne suis pas plus débordé que d’habitude, lâche-t-il. J’ai toujours été pressé. » Comprendre, c’est ma façon de fonctionner. Quand on lui demande qu’elle casquette il préfère, il refuse de choisir. Mais il ajoute en souriant, « j’aime bien qu’on m’appelle monsieur le maire ».

Estelle Maussion
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