De La Soul conclue en apothéose une belle édition du Garorock de Marmande


Simon Cassol

De La Soul conclue en apothéose une belle édition du Garorock de Marmande

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/04/2010 PAR Thomas Guillot

Il s’en est encore une fois fallu de peu pour que la pluie ne s’invite pas définitivement sur le festival. Elle passera en tout début de soirée. Au même moment, Alice Russell, peu intéressée par la météo, s’occupera elle même de la température du grand chapiteau avec un récital soul de plus bel effet. On se frottera deux trois fois les yeux pour être vraiment sûr que c’est bien cette anglaise blonde platine et rondouillarde qui occupe la scène. Tant on était persuadé au moment d’entrer sous le chapiteau que c’était une diva noire qui était aux manettes. La pluie s’en ira donc, mais laissera un vent glacial persistant qui découragerait plus d’un festivalier. Mais pas l’amateur de métal, qui après avoir rongé son frein pendant deux jours s’apprête à assister au concert d’Ultra Vomit sous le petit chapiteau. Pour simplifier, Ultra Vomit c’est un groupe de métal parodique, où des musiciens extrêmement talentueux se moquent des codes, des autres groupes, de leur public et de la musique métal en général. La performance la plus ahurissante du groupe restera celle qui consiste à faire chanter n’importe quoi à un troupeau de fans transis. Des métalleux très chevelus qui n’hésiteront pas, malgré un aspect rustique qui choquerait n’importe quelle ménagère, à chanter « Tirelipimpon sur le chihuahua » ou Face à la merde Calogero sur leur musique préférée. Le ridicule ne tue pas et le plaisir était au rendez-vous.

Un peu plus tard au même endroit, c’est le DJ « Rock N Soul » Zebra qui viendra présenter sa nouvelle formation. Habituellement seul derrière ses platines, occupé à mélanger deux morceaux que rien ne prédestinaient à se rencontrer pour obtenir un résultat détonnant (on appelle ça l’art du mashup ou du bootleg), le rennais se présentera à la guitare accompagné de six autres musiciens. Un DJ, un groupe de rock complet et deux cuivres. Il en ressortira un honnête groupe de reprises bien foutues mais manquant de la pêche qu’il y avait dans ses DJ sets. Le rodage n’étant vraisemblablement pas terminé. C’est l’heure du repas, l’occasion pour les amateurs de métal en manque de sensations fortes de s’occuper un peu pendant que Renan Luce endort tout le monde. Les français de Mass Hysteria encore en forme après les années arrivent à faire bouger un hall expo rempli de fans mais Sepultura n’arrive pas éventer l’arnaque. Le groupe brésilien légendaire n’ayant plus que le bassiste comme membre fondateur, ne parviendra qu’à jouer plus fort que tout le monde sans grande conviction. A l’opposé, la jamaïcaine Ce’Cile en pantalon de cuir ultra moulant distille des chansons d’amour et de sexe en mode ragga dancehall. Après trois chansons dont une dédiée aux « sexy french men », les premiers rangs sont quasi-exclusivement masculins.

Le grand chapiteau gronde. Ce que la plupart des spectateurs attendait depuis vendredi ne va pas tarder à commencer. De La Soul, groupe mythique de Long Island, pilier du hip hop jazzy et inventif, 22 ans de carrière au compteur. Après une introduction des plus modestes, le groupe arrive sans mal à mettre les spectateurs dans leur poche. Participation du public à la Cab Calloway dans les Blues Brothers, singles imparables, rythmiques démoniaques et chants maitrisés à la perfection. Le Garorock a eu droit à la déflagration qu’il attendait. Ce ne sera pas la même chose pour Mos Def qui, tout en étant talentueux et charismatique, manque d’un partenaire ou d’un orchestre pour pouvoir rebondir. Un bon concert en solitaire qui aurait mérité mieux qu’un deuxième DJ pour passer les parties chant des invités de l’album. Toujours au même endroit, la programmation ne laisse que peu de temps aux festivaliers pour se restaurer puisque qu’Antipop Consortium, autre groupe de rap important de New York assure le show sans égaler les ainés au hall expo. Il ne reste plus qu’aux Bloody Beetroots de finir le public avec leur musique électronique brutale, démoniaque et enivrante. Sans reproduire l’hystérie de Mr. Oizo, les deux DJ, aidés par des musiciens, fournissent un final en beauté pour le Garorock. Final que DJ Pone n’hésitera pas à conclure définitivement jusqu’à une heure avancée de la nuit comme tout bon habitué du Garorock. Au fond et au même moment, sous le petit chapiteau, la scène préférée des amateurs éclectiques, Le Catcheur et La Pute, des toulousains déjantés, finiront en petit comité et à leur manière, la quatorzième édition du festival Garorock.

Une édition correcte avec son bon ratio de découvertes et de têtes d’affiche efficaces, avec une nette préférence cette année pour les premiers. Qui s’en plaindra ? Sûrement pas ceux qui ne croyaient pas trop à cette programmation peu clinquante et qui au détour d’un chapiteau ont été agréablement surpris par The Heavy, les Solillaquists of Sound, Miss Platnum, Duchess Says, The Bewitched… ou Poni Hoax. Jouer sur les deux tableaux. C’est aussi ça qui fait le succès du Garorock.

Thomas Guillot
Photos : Simon Cassol

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