Ces jeunes poitevins qui s’engagent dans la campagne


Dernière ligne droite pour les Jeunes Écologistes et les Jeunes avec Macron qui se mobilisent pour l'élection présidentielle 2022.

Les Jeunes Écologistes et les Jeunes avec Macron se mobilisent pour les élections présidentielles 2022.Aqui.fr

Les Jeunes Écologistes et les Jeunes avec Macron se mobilisent pour les élections présidentielles 2022.

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Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 28/03/2022 PAR Julien PRIVAT

8 jeunes sur 10 envisagent d’aller voter pour le scrutin présidentiel, selon un sondage Ipsos – Sopra Steria pour la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes). Les jeunes s’intéressent donc à la politique. A Poitiers la rédaction d’Aqui! est allée à la rencontre des Jeunes Écologistes et des Jeunes avec Macron. On peut avoir moins de 30 Ans et s’investir de près dans la campagne présidentielle.

21 heures, un mercredi soir, la réunion des Jeunes Écologistes (JE) de la Vienne touche à sa fin. La vingtaine de jeunes se réunit deux fois par mois et après ils décident souvent de faire des actions. Collage, ou plus original, un Light off (lumière éteinte) afin d’éteindre les enseignes lumineuses des magasins.

Ils sont parés. Munis d’un manche à balai, faisant office de perche, avec à l’extrémité un cintre qui sert de crochet pour attraper le mécanisme des disjoncteurs présents en façade des magasins. « C’est de la récupération », commente tout sourire une des jeunes écologistes présente à l’opération. C’est la deuxième fois, que les JE organisent une sortie de ce type. Les Jeunes Écologistes de la Vienne, une toute jeune association créée en octobre 2021 à l’initiative de Théo Karkouri, étudiant en première année d’histoire. « Nous ne sommes pas un parti politique, mais une association. Il y a 27 adhérents de 18 à 30 ans », précise l’étudiant et co-secrétaire des Jeunes Écologistes de la Vienne.

Extinction des feux pour les enseignes lumineuses des magasins de Poitiers. Les jeunes écolos aimeraient bien également éteindre les vitrines.Aqui.fr

Extinction des feux pour les enseignes lumineuses des magasins de Poitiers. Les jeunes écolos aimeraient bien également éteindre les vitrines.

La déambulation dans la nuit poitevine se poursuit. Ils ont déjà éteint trois enseignes. « Aucune violation, aucune dégradation », souligne Théo. « C’est une action non-violente qui permet d’ailleurs aux magasins d’économiser un peu sur leur facture d’électricité ».

Margot Thomas est étudiante en parcours Lettres-Sciences Politiques à Poitiers. Elle s’apprête à voter pour la première fois et pour elle, c’est un acte important. « Beaucoup de jeunes ne s’intéressent pas à la politique. Ils pensent que leur voix n’a pas d’impact. Ils s’abstiennent par manque d’information et de sensibilisation ». Marie, co-secrétaire des JE Vienne et étudiante avec Margot la rejoint. « Face à la catastrophe climatique, il y a un intérêt à s’engager. Il faut changer les choses ». Toutes deux indiquent que même parmi leurs amis, certains n’iront sans doute pas voter.

« Il ne faut pas résumer le parti écologiste à l’écologie »
Mais pourquoi ces jeunes se sont-ils donc engagés ? « Je suis avant tout féministe et j’ai découvert la notion d’écoféminisme. Je pense qu’il n’y a pas de féminisme sans écologie », explique Margot. Elle qui a grandi dans une famille politisée mais pas engagée. L’engagement lui tient à coeur. Mais finalement on se rend compte aussi que ces jeunes ont besoin de retrouver du lien social (un peu perdu en temps de COVID).

Théo, lui a décidé de rejoindre d’abord EELV (Europe Écologie Les Verts) à la suite des confinements. Il est encore lycéen. « J’ai décidé de m’engager. Aujourd’hui les jeunes s’investissent différemment. Ils sont présents dans les milieux associatifs. Ils partagent les choses sur les réseaux sociaux. L’an dernier, j’avais fait des vidéos pour inciter mes amis majeurs à aller voter. D’ailleurs certains pensaient, parce qu’ils n’avaient pas reçu leur carte électorale, qu’ils ne pouvaient pas aller voter, alors que non ! ». Et s’il a rejoint EELV, ce n’est pas seulement par conviction. « J’en avais marre de voir le duel Macron / Le Pen. Mais il ne faut pas résumer le parti écologiste à l’écologie. En France, on dit que l’écologie, c’est la nature, le tri des déchets, on oublie l’aspect social, citoyen ou encore participatif défendu par EELV ».

Les Jeunes Écologistes de Poitiers en marche pour l'action Light OffAqui.fr

Les Jeunes Écologistes de Poitiers en marche pour l’action Light Off

À 23 ans, Corentin Soleilhac fait également partie des Jeunes Écologistes. Lui a d’abord été élu. Depuis ses 19 ans, il est conseiller municipal sur la commune de Dissay au nord de Poitiers. Il a rejoint EELV après coup. « Je me suis présenté sur la liste Vienne en transition, qui regroupait les partis de gauche, aux élections départementales et j’ai rallié EELV après la campagne. » Car selon lui, le fonctionnement des partis est un peu archaïque et ne parle pas forcément aux plus jeunes. « C’est vrai que cela ne nous vend pas du rêve. Mais certains partis évoluent et essayent de s’adapter pour accueillir de nouveaux adhérents et leur donner envie. Il faut que les jeunes se réintéressent à la politique ». Depuis, Corentin a même été nommé secrétaire régional d’EELV en Poitou-Charentes.

Tentation du vote utile
Tous les participants à ce light off ont répondu qu’ils iront voter les 10 et 24 avril prochains. Cependant, ils ne voteront sans doute pas la même chose. Car le « vote utile » est exprimé par certains, tentés par Jean-Luc Mélenchon (La France Insoumise) plutôt que Yannick Jadot (EELV). « Chez les JE, on n’oblige personne à voter », sourit Théo. « Je comprends le vote utile, confirme Corentin. Cependant je trouve que ça truque et détourne le vrai résultat des élections et les attentes des gens ». Quelques Jeunes Écologistes participent aux opérations de tractage et de collage d’affiches en faveur du candidat écologiste. Ils participeront même à son meeting au Zénith de Paris le 27 mars.

Le light off touche à sa fin. Au total, une dizaine d’enseignes lumineuses a été éteinte. Sur les vitrines les militants laissent un mot: « Eteindre la lumière des enseignes la nuit, intérieur et extérieur, c’est économique, écologique et obligatoire depuis le 1er juillet 2013 ». Si, en France, toutes les enseignes lumineuses ne s’éclairaient plus, cela permettrait d’économiser l’équivalent de la consommation annuelle de 750 000 ménages tout de même.

Mobilisation au marché pour JAM
Autre lieu, autre ambiance. Place Charles-de-Gaulle sur le parvis de Notre-Dame-la-Grande. Les Jeunes avec Macron sont là en force. Une quinzaine pour distribuer le programme d’Emmanuel Macron et parler avec les électeurs. Du tractage. Jean-Michel Ayité, qui vient de finir ses études de droit, est le référent départemental des JAM. « On était là avant même qu’Emmanuel Macron ne déclare sa candidature. Il y a au moins un mois et demi », précise-t-il. Présents sur les marchés de Notre-Dame et des Couronneries, les week-ends à Poitiers et en semaine dans des communes de la Vienne. Puis il y a aussi le porte à porte, le collage, ou encore les réunions publiques.

Ce jour-là, Pierre-Louis Tanzer est derrière la caméra. Car les militants JAM en profitent pour tourner des vidéos. « Elles seront diffusées à dix jours de l’élection, une par jour pour donner une raison de voter Emmanuel Macron », indique-t-il. Cela permet de revenir sur des mesures prises durant son mandat et sur son programme. Les militants passent à tour de rôle devant l’objectif. T-shirts et badges à l’effigie d’Emmanuel Macron. Les thématiques abordées concernent les jeunes : pouvoir d’achat, formation, emploi, culture…

Difficile de manquer les JAM sur le marché de Notre-Dame avec leur tee-shirt à l'effigie d'Emmanuel MacronAqui.fr

Difficile de manquer les JAM sur le marché de Notre-Dame avec leur tee-shirt à l’effigie d’Emmanuel Macron

Avec son tee-shirt, Cléo Bignet ne manque pas de motivation et d’entrain. L’étudiante en 2e année de droit a voté la première fois l’an dernier aux départementales et régionales. Elle prépare sa première présidentielle. « Mes parents sont assez politisés. On en parle en famille. Mon grand-père nous a même toujours incités à voter. Pour moi, aller voter passe par l’éducation, aussi bien familiale qu’à l’école. En cours, on comprend que c’est important de voter pour le bon fonctionnement du système institutionnel ». L’étudiante en est même à penser que le vote tend plus vers le devoir que le droit. Cléo a rejoint les JAM officiellement il y a trois mois. « Officieusement, cela fait plus longtemps, rigole-t-elle. Dès le lycée, je soutenais LREM et Emmanuel Macron. » Ce qui lui a plu ? Le rassemblement. « La République En Marche a su se séparer du clivage gauche/droite. C’est un mélange des deux ».

Des actions pour intéresser les jeunes

Cependant, elle comprend le désintérêt des jeunes envers le monde politique. Jean-Michel Ayité la rejoint sur ce point. « Il faut faire plus d’actions pour intéresser les jeunes. Il y a les marches pour le climat mais cela ne suffit pas. » Les jeunes apparaissent comme un enjeu pour les politiques qui s’y adressent de plus en plus. « Emmanuel Macron a fait pas mal d’actions en faveur des jeunes. Le repas CROUS à 1 euro, le pass sport, le pass culture, un jeune / une solution… Ce sont des actions d’envergure. » Lui trouve que les partis « traditionnels » ne s’adressent pas assez aux jeunes et ne les prennent pas suffisamment en considération. « Les JAM font plein de propositions en interne qui sont remontées au parti et ça arrive aux oreilles du Gouvernement. C’est le cas de ces mesures. On a l’impression d’être impliqués dans les choix politiques. »


Dans l’équipeil y a même des mineurs qui n’ont pas encore le droit de vote. Elliott Bize a 17 ans, bientôt 18, mais même s’il ne peut pas voter pour les présidentielles, il a choisi son candidat : Emmanuel Macron. Il est d’ailleurs favorable à l’abaissement du droit de vote à 16 ans. « Il me semble que ce ne sont pas les propositions d’Emmanuel Macron », sourit-il. Son engagement auprès des Jeunes avec Macron lui vient de son stage de 3e. « Je l’ai fait à la permanence du député Sacha Houlié (NDLR député de la 2e circonscription de la Vienne). C’était l’année des gilets jaunes, c’était très intéressant et ça m’a donné envie d’aller plus loin. » De s’engager en quelque sorte. Privé de présidentielle, il aura 18 ans le 2 mai, et pourra voter pour les législatives. Petit lot de consolation. « Je voterai et je m’impliquerai dans la campagne ». Tout en jonglant avec la préparation du bac.

Tournage de vidéos pour inciter les jeunes à voter Emmanuel MacronAqui.fr

Tournage de vidéos pour inciter les jeunes à voter Emmanuel Macron

Rencontres surprises
Sur cette Place du Marché, les JAM reçoivent la visite de deux politiques. L’ancien maire de Poitiers, Alain Claeys, fait le tour du marché. Un bref échange et une reconnaissance pour l’engagement de ces jeunes. Il en profite pour rappeler qu’Emmanuel Macron était venu à Poitiers en 2017 durant l’entre-deux-tours. Puis Jacques Savatier, ancien député LREM de la 1re circonscription de la Vienne, qui avait démissionné, car critique envers le fonctionnement du parti… « Place aux jeunes, c’est bien de se mobiliser comme ça », salue-t-il.

Le vote Macron, une évidence pour les JAM
Chez les JAM, là encore, tous iront voter. « C’est mon premier vote à une présidentielle, j’ai hâte. Je donnerai ma voix au président sortant, confie Cléo. C’est une évidence, non ? Je vais voter Macron et je n’ai pas honte de le dire. » Même évidence pour les autres militants.

Collages, tractage vont se multiplier, que ce soit pour les Jeunes Écologistes ou les JAM. L’engouement de ces jeunes pour la politique n’est plus à démontrer. Et même si, selon un sondage de la FAGE (Fédération des associations générales étudiantes), aujourd’hui 39 % des jeunes de 18 à 30 ans eux ne font pas du tout confiance aux partis, eux s’engagent et continueront coûte que coûte à soutenir leur candidat.

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