Au-delà de l’économie, la forêt des Landes en quête d’une nouvelle identité ?


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Au-delà de l'économie, la forêt des Landes en quête d'une nouvelle identité ?

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 18/02/2009 PAR Solène MÉRIC

Au-delà de l’investissement financier, la forêt des Landes avec ses pins bien ordonnés avait également, une véritable valeur sentimentale tant pour ses nombreux propriétaires que pour l’ensemble des habitants de la région. MM. Capes et Lescouzère expliquent en effet que «pour les propriétaires, la forêt est un attachement familial fort. Plus qu’un patrimoine foncier, c’est, en quelque sorte, une dette aux anciens que l’on se doit de pérenniser pour les générations futures. » Selon M. Capes, cette dimension familiale était une garantie de la pérennité de la forêt, confortée par l’activité forestière. Mais, au-delà du rapport propriétaires-massif forestier, il reconnaît « un fort sentiment d’appartenance global de la forêt landaise à l’ensemble de la population. Cela s’explique par l’existence de nombreuses forêts communales et par les usages traditionnels que l’on en faisait ». M. Lescouzère confirme, « la forêt des Landes était typique pour ces paysages, son ambiance, la chasse à la palombe et la cueillette des champignons… Aujourd’hui les parcelles sont inaccessibles, et dangereuses, et les palombières n’ont pas tenu le choc. C’est un type de civilisation qui va devoir subir de grands changements désormais».

 » Un paysage que nous jugions préservé »
Dans le même esprit, le Vice-président du Parc naturel de Gascogne, Jean-Luc Gleyze, parle, quant à lui, d’«enjeux d’identité ». « Notre identité c’était un espace forestier remarquable, un patrimoine naturel, un paysage que nous jugions préservé, et qui caractérisait l’image de nos territoires. Désormais, le massif ne nous offre qu’un paysage dévasté. Notre identité, sur laquelle s’appuyaient fortement l’écotourisme et la stratégie de développement du territoire, n’est plus ce qu’elle était et appelle à des adaptations. » Il illustre ses propos en citant l’exemple de l’écomusée de Marquez, situé au cœur de la réserve naturelle des Landes de Gascogne, où quelques uns des derniers pins à gemmes n’ont pu résister à la tempête. « Ce musée, témoin du passé et de l’histoire du massif, est désormais le témoin malgré lui du massif d’aujourd’hui, soufflé par la tempête. De la même manière ce sont, les chartes de développement territorial qui vont devoir être modifiées car le territoire n’est plus ce qu’il était. »

« Un effet important et négatif en terme environnemental »Secteur de Saint-sever (Landes)Si la situation est préoccupante à de nombreux points de vue, ce n’est pas pour autant une situation totalement inconnue. Le massif des Landes a derrière lui un grand nombre d’épisodes difficiles. De mémoire de sylviculteur, M. Lescouzère compte six gros évènements climatiques ayant touché le massif forestier au cours des soixante dernières années. Bien sûr, ils n’ont pas tous eu un impact aussi dramatique que le passage de Klaus, mais certains d’entre eux ont été tout aussi tragiques et sont ancrés dans la mémoire collective. Parmi eux, il y a bien sûr la double tempête de 1999, qui a causé un grand nombre de dégâts, mais également le grand incendie de 1949 durant lequel la superficie de la forêt détruite équivalait aux estimations actuelles des dégâts, à savoir 300 000 ha. Ces épisodes climatiques précédents sont porteurs de leçon pour l’avenir des Landes.
Après 1949, la forêt, à l’époque exclusivement exploitée comme « usine à gemme », avait été totalement réaménagée pour être mieux protégée des incendies, il avait également était mis en place un nouveau système de gestion faisant alors passer la production de résine au second plan et l’industrie du bois d’œuvre au premier plan. Jean-Michel Carnus le confirme : « On est dans une situation comparable à celle suivant les incendies de 1949. Or, après ces incendies dramatiques, s’était posée la question du devenir de la forêt, par rapport à la résine. A cette occasion, plus de 600 espèces avaient été testées sur le sol si peu fertile des Landes. » La conclusion avait été que le pin maritime, espèce endogène, était la plus adaptée aux conditions particulières de la région. « Seul le pin maritime, résiste à l’humidité de l’hiver et à la sècheresse de l’été, il est le seul capable de pousser sur notre sol si pauvre en minéraux ». Cela dit, ce constat ne signifie pas que rien ne doit changer.

« Un pays d’aventuriers »
« L’INRA essaie d’adapter cet espèce aux évolutions rapides du climat et propose des croisements, notamment entre pin maritime des Landes et pin maritime du Portugal, qui n’ont pas forcement développé les mêmes qualités. On peut également imaginer, une forêt avec des îlots d’espèces différentes ou des lisières mélangeant les espèces d’arbres sur des parcelles où le sol est un peu plus fertile. Enfin, tout comme à la fin des années 1940, il faudra nécessairement réfléchir aux moyens de diversifier la gestion de la forêt. »
Comme le rappellent MM. Lescouzère et Capes, « Les Landes, c’est un pays d’aventuriers. Nos ancêtres étaient bergers, nos parents sont devenus gémmeurs, et nous nous sommes convertis à l’industrie du bois…soixante plus tard, il faut tout recommencer. C’est douloureux, mais nous sommes vaccinés.» L’éternel recommencement. Et si c’était ça, au fond, l’identité du massif landais ?

Solène Méric

crédits photos:
Aqui! et DRAAF Aquitaine

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