Agriculture Ecologiquement intensive et monoculture de maïs: «plus une démarche qu’une recette»


Aqui.fr

Agriculture Ecologiquement intensive et monoculture de maïs: «plus une démarche qu'une recette»

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/10/2014 PAR Solène MÉRIC

A l’écoute des différents intervenants présents ce jeudi sur la table ronde de Mécamaïs, le défi d’allier durabilité, marge de progrès et environnement en monoculture maïs, s’il n’est pas facile, n’est pas non plus de l’ordre de l’impossible. Et les plus optimistes à la tribune semblent bien justement être les agriculteurs qui se sont peu à peu lancés dans cette aventure de l’agroécologie. Peu à peu parce que chacun le reconnaît, le point de départ de leur changement de pratique est bien souvent intervenu plus pour parvenir à dépasser une difficulté sur leur exploitation, que par un projet ferme et résolu d’agriculture écologiquement intensive. Mais les trois agriculteurs présents le revendiquent également, «plus on intègre des pratiques écologiques, plus on a d’idées de pratiques écologiques que l’on pourrait mettre en place dans nos champs».

Gain de temps, gestion de l’eauC’est par exemple le cas de ce maïsiculteur de Montsoué dans les Landes, qui depuis 1987 a substitué le travail du labour classique par des techniques de travail simplifiées, moins perturbateur pour la vie du sol et plus favorable à sa stratification. Pour l’achat du matériel et l’embauche des salariés en charge de le gérer et de l’entretenir, il s’est mis en CUMA avec 26 autres exploitants. Au total pour lui, un résultat rapide, le tout en économisant dans un premier temps 2h15 de temps de travail puis 1h supplémentaire à l’hectare, avec l’investissement de la CUMA dans strip-till, matériel plus performant qui permet de semer sur une bande étroite. Depuis 13 ans, il a également mis en place des couverts végétaux. Au total aujourd’hui, «c’est une économie de 100 euros en moyenne en matière de mécanisation, la diminution de 45 unités d’azote, grâce à l’augmentation de la population des lombrics, sans pour autant peser sur la productivité», puisqu’il ramasse régulièrement «entre 120 et 130 quintaux de maïs par an».
Parmi les autres pratiques mises en avant par les témoins du jour, le constat de la diminution des limaces sur les maïs, et donc d’insecticide, depuis la mise en place de couvert en Féverole, qui les attirent davantage. Un troisième souligne quant à lui une meilleure gestion de l’eau sur une terre non irriguée grâce au couvert végétaux et à la stratification du sol. Sur une terre irriguée l’un d’eux souligne aussi une meilleure rétention de l’eau, «j’ai gagné 60 mm de rétention supplémentaire, ce n’est pas anodin. Le coût de mon irrigation en est divisé par 2 ou 3».

« Pas de solutions miracles »Pour chacun d’eux, il est clair que «ces pratiques écologiques ont permis des marges de progrès» sur les exploitations mais chacun des intervenants s’accorde à souligner que ces techniques, «ne sont pas des solutions miracles» ni faciles: elles impliquent par exemple, des investissements techniques, matériels et de formation. Certains reconnaissent des problèmes récurrents en matière de désherbage, et le choix du couvert pose souvent des questions réglementaires lourdes. Enfin, ces solutions demandent aussi du temps en terme de visibilité du résultat, notamment en ce qui concerne les progrès sur la gestion de l’eau ou de la matière organique.

Mais comme le souligne Michel Montet, Directeur des productions végétales et du développement durable à Maïsadour, il convient dans le domaine de l’AEI, «de changer de lunettes», en d’autres termes, selon lui, les indicateurs de performance habituellement posés ne sont pas les bons. « Quand on cherche à préconiser des solutions agroécologiques efficaces à nos adhérents, on recherche une double performance, à la fois économique et écologique, le tout sur des sols dont les conditions pédoclimatiques sont très différentes d’un point à l’autre du territoire. Mais pour mesurer cela, il faut changer de vision et intégrer des indicateurs plus originaux que ceux qui sont classiquement utilisés». Selon lui il faut revoir les indicateurs et les impacts environnementaux, ne pas se caler uniquement sur la marge brute mais en prendre en compte les coûts variables et complets, ou autre exemple, prendre en compte le coût carbone de l’énergie. De même, soutenant que «l’agroécologie est plus une démarche qu’une recette», la notion de temps devrait être prise en compte dans la mesure de la performance du système.

« Changement de paradigme »Le constat d’une nécessaire évaluation multicritère va dans le sens de la réflexion et des objectifs posés par Eric Juste et Lionel Alletto, chercheurs à l’INRA et à l’Ecole d’ingénieur de Purpan, dans leur projet Mic Mac Design, soutenu par l’agence nationale de la Recherche. Celui-ci vise la conception et l’évaluation de culture intégrées (dont le maïs) à bas niveau d’intrants par l’expérimentation et la modélisation de prototypes de systèmes. Pour autant, pour Eric juste, l’agroécologie dans son niveau d’application le plus élevé peut aller jusqu’à «une reconception du système de culture», un véritable « changement de paradigme ».
En limitant le travail du sol, en intégrant des couverts végétaux, en recherchant des solutions partiellement alternatives à l’irrigation, ou encore en réfléchissant pour certains à la mise en place d’inter-cultures, c’est bien en effet, une nouvelle conception de la monoculture maïs qui s’est fait jour dans les témoignages des agriculteurs présents. Des agriculteurs pionniers d’une nouvelle conception de la maïsiculture, mais dont le forum, au vu de son succès, montre bien que l’idée séduit de plus en plus les professionnels.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Landes
À lire ! AGRICULTURE > Nos derniers articles