A l’ENM, face à Rachida Dati, les futurs magistrats expriment leur malaise


Aqui.fr

A l'ENM, face à Rachida Dati, les futurs magistrats expriment leur malaise

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 22/10/2008 PAR Nicolas César

« Son discours a été chaleureux, encourageant, mais nous n’avons eu aucune réponse précise à nos questions », déplore Joëlle Canton, déléguée de la promotion 2007 de l’ENM. « Nous l’avons interrogée sur le sens de sa politique. D’un côté, il y a un mouvement qui invite les magistrats à la répression avec des peines planchers et de l’autre, il y a un discours plus large en faveur de l’aménagement de peines. C’est contradictoire », relève Joëlle Canton. Mercredi, pendant près d’une heure, les 258 auditeurs de justice de cette promotion, entrés en janvier 2007, ont questionné la garde des sceaux sur de multiples sujets cruciaux, à leurs yeux : l’indépendance de la justice, le manque de moyens…« Comment expliquer que, chaque jour, des juges pour enfants prennent des décisions de justice, sans moyens, sans greffiers ? », s’interroge Joëlle. A peu de choses près, les revendications sont celles de leurs aînés. Rien d’étonnant à cela, ces auditeurs de justice sont en stage de magistrature depuis janvier et goûtent pour la première fois au terrain.

« Rachida Dati a une rhétorique qui coupe le dialogue »
En définitive, à l’issue de cette rencontre, la déception prédomine. A la question, « avez-vous été rassurés par la propos de la ministre » ?, les élèves répondent par des haussements d’épauleset des sourires amusés. Certains, comme cette jeune auditrice de justice, qui a souhaité conserver l’anonymat, dénoncent le manque de dialogue de la garde des sceaux. « Nous lui avons demandé pourquoi il y a eu une diminution du nombre de chargés de formation à l’école. Et, elle nous a répondu de façon catégorique que ce n’était pas le cas…, alors que c’est un fait objectif ». « Elle nous répondait sur un plan politique. Or, nous souhaitions entendre la garde des sceaux. Elle a une rhétorique qui coupe le dialogue »…, insiste-t-elle.

« Nos inquiétudes demeurent sur les conditions dans lesquelles nous allons exercer notre métier, un métier que nous avons choisi… Nous voyons bien comment les magistrats travaillent dans le cadre de nos stages », martèle Joëlle Canton. « On a du mal à croire que la situation des magistrats peut s’améliorer. Selon le dernier rapport du Conseil de l’Europe, la France, au regard du budget qu’elle consacre à la justice par rapport à chaque habitant, est avant-dernière… », s’alarme Julien.

« Un populisme pénal »
En tête de liste des inquiétudes figure l’indépendance de la justice. Surtout, que les récents propos de Nicolas Sarkozy les ont particulièrement choqués. « Notre malaise vient du fait que l’on nous reproche d’appliquer la loi. Comment un chef de l’Etat peut-il dire « il faut que le juge qui a libéré ce monstre paie » ,au sujet du juge qui a remis en liberté un des meurtriers présumés de Nelly Crémel ? » « On ne peut pas se baser sur un fait divers pour ne pas appliquer la loi. C’est du populisme pénal », tempête un jeune auditeur de justice.

« J’entends le malaise des magistrats. C’est vrai que c’est un corps qui est peu soutenu et valorisé », a reconnu Rachida Dati. « Ce sont des mots. Nous, nous avons le sentiment qu’elle n’arrive pas à faire cet acte de pédagogie pour expliquer notre métier aux citoyens. A cela, elle nous a rétorqué que c’était à nous de le faire », regrette Marie-Laure, 27 ans.

Nicolas César

Crédit photo : Aqui!

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle !
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles