A Bordeaux 3, les ultimes négociations pour sauver l’année universitaire s’enlisent


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A Bordeaux 3, les ultimes négociations pour sauver l'année universitaire s'enlisent

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2009 PAR Nicolas César

« Nous n’avons plus aucun intérêt à dialoguer avec vous. C’est fini, on perd notre temps, on en a ras le bol », lance, excédé, un professeur, membre du conseil d’administration de l’Université Michel de Montaigne à un étudiant gréviste, en enlevant les tables et les chaises qui bloquent l’entrée des bâtiments. « Vous avez des comptes à nous rendre, c’est une dictature », rétorque le gréviste. Hier matin, à Bordeaux 3, l’université de lettres, sciences humaines et d’arts, la tension est montée d’un cran à la sortie d’une réunion du personnel de l’Université avec le président et son équipe. Chacun campait sur ses positions, malgré d’interminables négociations. D’un côté, les grévistes refusent de reprendre les cours tant qu’ils n’auront pas obtenu du gouvernement le retrait du décret sur la mastérisation. « Sinon, on ne peut plus se mobiliser », explique Camilia, 25 ans, étudiante en première année de géographie, l’un des leaders du mouvement. De l’autre, le nouveau président, Patrice Brun, élu le 1er avril, expliquait que « la situation ne peut plus perdurer, sans quoi l’année universitaire sera définitivement gâchée ». « Il faut qu’on évite qu’ils se radicalisent », prévient Christian Bouquet, professeur de géographie politique, au moment même, où certains envisagent de rompre toute négociation avec la direction de l’université.

Deux mois sans cours
A Bordeaux 3, cela fait désormais neuf semaines que les cours sont interrompus. Morgane,18 ans, étudiante en 1ère année d’anglais, qui soutient le mouvement, s’inquiète : « je crois que l’on n’obtiendra plus rien du gouvernement, maintenant, il faut reprendre les cours pour que l’on puisse valider notre année et passer des concours ». Lundi, elle a donc voté à l’assemblée générale pour la reprise des cours, mais, à sa grande surprise, la poursuite du mouvement a été entérinée à une courte majorité, 1 434 voix pour le blocage, 1 385 pour la reprise. Depuis, le climat s’est considérablement dégradé. Au moment des résultats, des étudiants ont « craqué », se sont mis à pleurer. Ainsi, une jeune étudiante a déchiré, de rage, des bulletins de vote. Selon Line, en prépa agrégation lettres modernes, les réformes du gouvernement justifient de « sacrifier » une année. « Même les professeurs sont très divisés sur le sujet », souligne Albert Clèdes, responsable de la cellule audiovisuelle à Bordeaux 3.

Une troisième voie ?
Certains tentent donc de proposer une troisième voie. Ainsi, Jean Terrel, professeur de philosophie, l’un des porte-paroles du comité de soutien aux grévistes, suggère la mise en place « d’activités pédagogiques », des cours, où les professeurs donneraient des pistes de travail aux étudiants, mais sans pour autant les préparer directement aux examens. « Ce n’est pas imaginable. Dans ces conditions, les étudiants ne viendront pas aux cours », rétorque Patrice Brun.

Le fatalisme domine
Des deux côtés, le même fatalisme prédomine. Selon Patrice Brun, le mal est déjà fait. L’image de l’université est écornée et le gouvernement ne lâchera rien sur le projet de mastérisation. « Je suis persuadé que nous aurons moins d’étudiants l’an prochain. Bordeaux 3 attirera moins ». Mais, au-delà de ce conflit, c’est l’avenir même des lettres et des sciences humaines qui préoccupent ce président, syndiqué, élu national à « Sup recherche/UNSA ». « Pour le gouvernement, la recherche n’a d’intérêt que si elle est rentable. Cette longue grève sert leurs intérêts puisqu’elle discrédite un peu plus nos filières lettres et sciences humaines auprès du grand public », conclut-il. Demain, il n’y aura donc que deux alternatives, soit les cours, aménagés, reprennent lundi 11 mai et les examens auront lieu du 22 au 27 juin, soit l’université est fermée. De cette matinée cruciale, dépendra l’année universitaire de 10 000 étudiants.

Nicolas César

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