Mise en selle puis désarçonnée par les chiffres du chômage


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Publication PUBLIÉ LE 28/01/2016 PAR Felix Dufour

La vie des politiques n’est pas un long fleuve tranquille. L’après-midi de ce mercredi était trop radieuse pour durer. En effet, la ministre du Travail et de la formation Myriam El Khomri rendait visite à l’entreprise Devoucoux, spécialisée dans la sellerie haut de gamme, une entreprise de Bidart, sur la Côte basque, créée en 1985 dont les artisans selliers assurent coupe, préparation, assemblage, montage et piqure.  Un concept correspondant pile poil à la nouvelle politique de formation que vient de définir le président de la République. Une PME artisanale exemplaire rachetée il y a deux ans par Lim Group qui compte 61 collaborateurs, dont 31 sur le seul site de Bidart, produit 3 000 selles par an dont 65% à destination de l’Angleterre et des Etats Unis, connait un chiffre d’affaire de 30 millions d’euros, en augmentation moyenne de 15% par an, avec un pic de 27% en 2015. Comme le soulignera le directeur des relations humaines, Gérard Bourgès, « les Jeux Olympiques de Rio n’y sont pas étrangers ». Mais surtout, le recrutement et la formation exemplaire comme a pu le constater l’aréopage consistant d’élus qui accompagnaient la ministre, de la nouvelle vice-présidente du Conseil régional chargée de la formation, Catherine Veyssy, au maire de Bidart Emmanuel Alzuri en passant par la sénatrice Espagnac, ou la députée Sylviane Allaux. Mais aussi Isabelle Notter, la directrice régionale des entreprises de la concurrence et la consommation, du travail et de l’emploi (Direccte), le président Garetta, de la CCI Bayonne Pays basque, du directeur régional de Pôle Emploi, Frédéric Toubeau accompagnés du préfet Durand et du sous préfet Dalennes. Ainsi la ministre, sous la conduite du président de Lim France,  Laurent Duray et du directeur du site Stéphane Vasseau, s’est-elle attardée devant le poste de Jean-Luc Parisot, meilleur ouvrier de France de formant un jeune apprenti qui fait partie des 9 jeunes qui obtiendront un contrat dans cette entreprise.

Sous l’œil des caméras venues de l’Hexagone, la nouvelle ministre de l’Emploi et de la formation qui a déjà le cuir tanné par sa fonction interroge le chef d’entreprise pour savoir s’il va bénéficier de l’aide de 4000 euros promise par le président Hollande…Un dialogue presque scénarisé, sous l’œil de Christophe Martin qui en dehors d’être Boucalais et conseiller général de Bayonne Nord est le directeur de Pôle Emploi Biarritz; à l’origine du recrutement de ces jeunes qui avaient, qui un CAP coiffure, qui était artiste peintre ou un autre qui a bifurqué après de longues études. « Aux CV habituels, nous avons procédé aux tests par habileté en leur faisant effectuer des essais de transposition de ce que font les employés dans les entreprises, explique ce dernier. Puis ils ont intégré une école de formation de l’entreprise financée par Pôle emploi. »

Trois vagues d’apprentis seront ainsi recrutées sur les trois ans, un exemple qui fit chaud au cœur de la ministre avant qu’elle ne s’isole pour préparer sa com suite à des chiffres du chômage qui lui étaient parvenus et qu’elle devait annoncer à 18 heures précises. Qui cassèrent l’image et l’ambiance: 15 800 chômeurs de plus, soit +0,4%. La Ministre distribua quelques miettes en guise de consolation, une baisse du chômage des jeunes qui continue, ou un nombre de créations d’entreprises supérieur à celles qui étaient détruites, mais sans grande conviction. Et d’annoncer que 850 000 personnes arriveront sur le marché du travail quand 700 000 partiront à la retraite. Pour combler le fossé forcément cette reprise qui envoie des signes mais rien de  concret. Quand surgit le serpent de mer: la fameuse courbe inversée. La ministre tourna les talons, pressée de se rendre à l’ouverture de l’Université d’hiver de l’emploi et la formation qui se tient à Biarritz.

Un discours offensif à l’Université d’hiver de l’emploiAprès avoir été accueillie par le maire de Biarritz, Michel Veunac et la vice-présidente du Conseil régional chargée de l’emploi et de la formation qui était restée à ses basques, elle relança un appel pour trouver un appui en cet auditoire spécialisé pour accompagner les nouvelles dispositions gouvernementales: « Je sais que je peux compter sur vous pour cette nouvelle étape qui est un challenge pour nous tous. Mais il est essentiel que nous le relevions ensemble. Toutes les expérimentations doivent être posées sur la table, dit-elle à l’adresse de la vice-présidente du Conseil régional – qui avait auparavant évoqué la place de la nouvelle Grande région dans le dispositif —, et nous devons régler les questions de gouvernance. Il y a une seule boussole pour nous tous, c’est l’efficacité. Ne nous battons pas pour des périmètres mais partons des besoins du terrain pour définir quelle est la meilleure stratégie opérationnelle.  Pour la première année de la mise en œuvre du compte personnel de formation, ce nouveau droit, nous avons reçu 240 000 dossiers de formation dont 25% concernent des salariés. Si ces résultats sont encourageants, ils doivent être néanmoins consolidés pour que plus de salariés bénéficient de formations qualifiantes. Et c’est là que j’ai besoin de vous également car vous avez un rôle majeur à jouer. Vous êtes des relais décisifs que vous soyez employeurs ou acteurs de la formation professionnelle.

visite ministre du travail Bidart

Je vous demande donc de continuer d’informer les salariés sur le compte personnel de formation car il est de l’intérêt du salarié comme de l’entreprise de créer les conditions favorables à son évolution professionnelle. Par ailleurs nous avons adopté deux mesures essentielles pour permettre à chacun d’être du droit à se former: l’entretien professionnel obligatoire que l’employeur doit conduire avant mars 2016. Un  employé formé est un atout pour la compétitivité mais c’est aussi un élément motivé et mieux protégé sur le marché du travail rendu encore plus sélectif depuis la crise… Il y a ensuite la  mise en place du Conseil en évolution professionnelle qui donne accès au salarié comme au demandeur d’emploi à un accompagnement renforcé pour travailler, voire anticiper son projet professionnel. Notre objectif pour 2016 est de former en tout plus d’un million de demandeurs d’emploi. Pour cela nous mobiliserons cette année un milliard supplémentaire, c’est un engagement important. Les Régions qui voudront s’impliquer à nos côtés seront les bienvenues. »

Enfin, la ministre a annoncé aux congressistes qu’elle rencontrerait avec le président de la République et le Premier ministre tous les présidents de Région afin de mener à bien ce challenge. Afin de retrouver de ces entreprises, comme celle de Bidart, qui mettent un peu de baume au cœur.

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