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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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28/04/2023

Transition écologique : mais où sont les chefs d’entreprise?

Des communes des Pyrénées-0rientales sont à sec. La préfecture des Pyrénées-Atlantiques s’inquiète de la faible quantité d’eau en stock dans le département. L’Espagne et le Portugal connaissent des épisodes de canicule alors que le printemps n’est pas encore consommé. La situation des nappes phréatiques en Nouvelle-Aquitaine, sans être catastrophique, est tout de même qualifiée d’inquiétante. En hiver, les hérons font escale dans nos plaines, car ils ne ressentent plus le besoin de s’épuiser sur des vols longs courriers jusqu’au coeur de l’Afrique pour se mettre à l’abri du froid.

L’urgence climatique n’est plus un concept pour sachants alarmistes. Elle frappe concrètement à notre porte. Dans une région marquée par d'impressionnants feux de forêts en 2022 ou par l’adaptation des oliviers au climat des rives de la Garonne, il n’y a plus moyen de nier l’évidence.

A Libourne, on réfléchit en ateliers pour mettre des solutions en œuvre. A Limoges, on favorise la végétalisation des façades. Les instances agricoles, chambre régionale d’agriculture en tête, ont annoncé leur volonté de travailler le sujet du changement climatique. L’agence de l’eau Adour-Garonne a ouvert un crédit de 700 millions d’euros aux collectivités qui sauront lui présenter des projets pertinents de gestion de l’eau. Le conseil régional met en oeuvre une stratégie spécifique baptisée Néo Terra. On ne peut pas le nier : des initiatives modestes ou ambitieuses surgissent.

Pour autant le sentiment persiste qu’il est bien tard. Le paléoclimatologue Jean Jouzel, au travers du Giec ou par le biais de nombreuses tribunes ou publications, nous alerte depuis 1987. Plus de dix mille pages de rapports ont été produites par des groupes de scientifiques différents qui convergent tous vers la même conclusion. Non seulement ils ont établi avec certitude que le climat se réchauffe, mais surtout que ce réchauffement est lié « sans équivoque » à l’activité humaine. De la littérature incontournable qui doit inspirer nos décideurs ? Sur ce point Jean Jouzel, sème un gros doute : « Beaucoup parmi nos élites politiques et économiques ne savent pas de quoi ils parlent quand ils parlent de transition écologique, » confie-t-il à Libération

Une sentence juste paniquante. Les mesurettes que chacun d’entre nous adopte pour réduire son empreinte sur la planète sont probablement vertueuses mais totalement sous-dimensionnées. L’urgence, c’est le changement de braquet dans l’action publique et la conversion massive de l’économie. Conception des usines, transport de marchandises, ressource et durabilité des matériaux, logiques de proximité, construction et isolation… les pistes d’amélioration existent.  Les grandes entreprises, dont certaines ont des marges de manœuvre financières conséquentes, ont la capacité de donner le tempo et de bousculer les codes de leurs usines et de leurs centres de recherches afin d’envisager leur développement appuyé sur un engagement climatique à une toute autre échelle. Le mouvement lancé, la chaine économique suivra.

Si ces grands patrons prennent les commandes de la transition écologique, leurs déplacements en jet privé deviendront soudainement plus supportables.

 

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