icone plume

L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
26/05/2013

Quand les Français se retiennent d’acheter

Malgré une fréquentation qui dans l'ensemble a été satisfaisante les visiteurs du millésime 2013 n'ont pas fait de folies. Des achats certes, mais modestes, confirmant la tendance générale observée dans le pays au cœur de ce vrai-faux printemps: les français se retiennent de consommer au-delà de ce qui leur est nécessaire. Les chiffres de l'épargne progressent et il est significatif que les dépôts sur le livret A augmentent malgré la baisse du taux de rémunération aujourd'hui ramené à 1, 75%

Comment renverser cette tendance qui est, en partie, la cause de la récession dans laquelle le pays est en train de s'installer ? La réponse classique, du temps où on raisonnait à coups de dévaluations, consistait à faire un peu de relance pour raviver la consommation. Autre temps, depuis que l'Europe, en réalité les gouvernements successifs qui la pilotent, a inventé le système monétaire commun et choisi l'euro, une monnaie devenue trop forte, dans un contexte mondial où l'Amérique joue avec le dollar quand ça l'arrange tandis que la Chine sous-évalue sa monnaie. Et, comme la discipline budgétaire est devenue la règle à respecter, coûte que coûte, les solutions d'hier, ou plutôt d'avant hier, sont obsolètes. Reste donc un mot clé comme alternative : la confiance.

Il y a belle lurette que nous savons qu'elle ne se décrète pas mais se conquiert par la façon dont le pays est gouverné, se sent gouverné, par les mots et le gestes qu'on lui adresse. Et, là, l'équipe au pouvoir a beaucoup à faire pour être crue. Songeons au débat récent, initié par Laurent Fabius, ancien premier ministre et ministre des affaires étrangères, touchant à la crédibilité de son homologue de Bercy, Pierre Moscovici. François Hollande ne pourra pas, indéfiniment, laisser ces bisbilles plomber un peu plus le climat général. Les français ont compris que le cap de la rigueur serait maintenu et que le président ne varierait pas. Et comme ils ont également compris qu'il serait quasiment impuissant à résoudre la question qui les taraude, celle du chômage, ce que rappelait dans Aqui ! il y a quelques jours le politologue Roland Cayrol, ils lui font payer très cher son impossible slogan de campagne... Le changement ce ne sera pas pour maintenant.

Que reste-t-il donc pour que la consommation redonne un peu de souffle à l'économie française ?

D'abord réaffirmer que la potion d'aujourd'hui ne sera pas renouvelée demain, c'est à dire dès la prochaine loi de Finances, et que les économies à trouver le seront dans les arcanes de l'Etat qui doit faire beaucoup plus qu'il ne fait.

Ensuite mettre à plat le dispositif administratif du pays, en nous proposant une loi de décentralisation qui oxygène notre démocratie, génère des économies et soit comprise par le citoyen... et là tout ou presque reste à faire, tant le découpage en trois phases du projet Lebranchu est compliqué.

Enfin et cela n'est pas du ressort des gouvernants mais du domaine de ce qu'il faut bien appeler la conscience collective d'un peuple, certes face à un moment difficile de son histoire...mais qui peut être surmonté. Et cela porte un nom, la solidarité : solidarité de ceux dont le pouvoir d'achat est à l'abri des contraintes du marché, des aléas de l'entreprise, solidarité des dirigeants dont les sociétés distribuent des bonus insensés au sein même de groupes souvent peu sourcilleux sur l'information qu'ils doivent à leurs salariés, solidarité individuelle, celle de chacun d'entre nous, qui réalisant que son pouvoir d'achat ne s'est pas quand même pas effondré consente à sortir d'une attitude où l'irrationnel prédomine. Serait-ce un geste de solidarité de décider que cette vieille berline prête à rendre l'âme peut être remplacée dans des conditions d'achat très avantageuses par une Renault ou une Peugeot ? Sans doute.. Bien sûr, dans un pays qui compte quatre millions de demandeurs d'emplois et dont huit millions vivent sous le seuil de la pauvreté, pareille affirmation peut surprendre. Mais les autres, beaucoup d'autres qui de façon excessive vivent au ralenti ?
La peur du lendemain n'est pas une assurance tous risques et encore moins une garantie pour l'avenir.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents