Roland Cayrol : « La popularité de François Hollande ne remontera pas tant que le chômage ne baissera pas »


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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 21/05/2013 PAR Nicolas César

@Aqui! Est-ce exceptionnel de voir un président français avec une si faible cote de popularité (25% d’opinions favorables) sous la Vème République ?

Roland Cayrol : Non, mais aussi tôt, un après à son élection, effectivement, c’est du jamais vu. Gouverner a changé de nature, en raison notamment du diktat de l’immédiateté dans les médias. On ne parle plus que de ce qui se passe le jour même. La veille, c’est déjà trop tard, désormais. Je pense qu’à moyen terme les politiques et les citoyens devraient revenir à une notion du temps plus raisonnable.

@! : Comment expliquez-vous la chute de sa popularité ?
R.C :
On reproche à François Hollande de ne pas tenir ses promesses. Ce n’est pas exact. La plupart sont respectées. En vérité, il y a un an, Hollande n’a pas fait beaucoup de promesses, mais son slogan les valait toutes : « le changement, c’est maintenant ». C’est cet espoir, non écrit, qui a été déçu. Il y a une promesse qui structure toutes les attentes du public : l’emploi. Le même reproche avait été fait à François Mitterrand. Derrière ces critiques, il y a une mise en doute de la latitude d’action du pouvoir politique, qui, il est vrai, n’a pas beaucoup de marges de manœuvre. Le président ne peut pas espérer remonter dans les sondages, tant que le niveau de chômage augmente. Il va être très compliqué ensuite d’aller à la reconquête de l’électorat. François Hollande entre dans une vraie difficulté de gestion de l’opinion.

@! : Comment jugez-vous l’attitude de l’opposition républicaine qui est très critique quant à l’action de François Hollande ?

R.C : Elle n’est pas plus agressive que la gauche du temps de Nicolas Sarkozy. Ceci étant, je remarque qu’aujourd’hui, personne ne fait de propositions crédibles dans l’opposition. C’est pourquoi, l’UMP s’est jetée à bras perdus dans la bataille contre le mariage gay. Pour autant, un peu plus d’un électeur du Front de gauche sur deux ne souhaite pas que leur responsable exerce leur pouvoir. Même chose pour l’extrême droite. Ce qui m’inquiète, c’est que paradoxalement, l’effort médiatique pour que Marine Le Pen arrive au pouvoir est considérable. On nous parle sans cesse de banalisation du FN, de dédiabolisation. L’opinion est grise, ne croit plus dans le politique et est taraudée par la crise. Ce qui n’empêche pas les Français de penser qu’ils ne vivent pas si mal que ça dans leur pays ! C’est une tristesse collective. Le Hollande « bashing » n’arrange rien. Même des journaux comme Libération, Le Nouvel Obs et Le Monde s’y sont mis, alors qu’ils avaient appelé à voter pour lui. Mais, ce mouvement médiatique devrait s’essouffler et finir par lasser le public.

« L’électeur a besoin qu’on lui montre le film de ce qu’il faut comme transformation dans les 5 à 8 ans pour qu’il aille mieux »
@! Que devrait faire le politique pour sortir de cette crise de confiance ?

R.C : Les présidents ne mettent pas des mots sur ce qu’ils font. C’est une erreur. François Mitterrand avait commis la même lors du tournant de la rigueur en 1982-1983. Il est compliqué de se laisser convaincre que c’est un tournant, sans tournant… C’est un danger pour François Hollande dans sa communication avec ses électeurs, surtout qu’il passe déjà pour l’homme de la synthèse permanente. Nous sommes entrés dans une phase de doute, où l’électeur se dit : a priori, ça ne marche pas. L’électeur a besoin qu’on lui montre le film de ce qu’il faut comme transformation dans les 5 à 8 ans pour qu’il aille mieux. Il faut mettre les citoyens dans le coup. François Hollande doit dire à ses électeurs : « acceptez ce changement libéral, nous ne casserons pas le modèle social et préserverons au maximum les entreprises françaises dans la concertation ». Mais, arrêtons de faire croire à la réindustrialisation de l’économie française.

@! Dans ce contexte, quelle sera la tendance à votre avis lors des prochaines élections municipales ?
R.C : Il y aura une victoire de la droite, plus claire qu’elle ne l’espère, aux municipales. Il y a aujourd’hui une désaffection d’une grande partie de l’électorat de gauche qui risque de n epas aller voter. Ce sera une bouffée d’oxygène pour la droite. Et, c’est à ce moment là que se posera la question de son programme et de son leadership.

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