L'ÉDITO
par Cyrille PitoisAgriculture : et maintenant place aux jeunes!
Le Salon de l’agriculture s’achève après neuf journées d’expositions, de démonstrations, de dialogues et même deux naissances au moins dans les travées du parc des expositions de Bordeaux. Si la formule "salon" adossée à la foire-exposition, a quelque chose de légèrement suranné, le non-agriculteur qui découvre ce rendez-vous est évidemment frappé par l’innovation permanente qui pointe quasiment sur chaque stand. Et il n’y a pas ici de sujets tabous : agri-voltaïsme, gestion de l’eau, diminution des intrants, labels bio… toutes les chapelles se croisent et échangent.
Force est de constater que l’agriculture de 2023 aspire à entraîner dans son sillon une foule de technologies qui préparent un quotidien différent pour l’agriculteur de demain.
Le parterre de start-ups réunies au carrefour de l’innovation du Crédit agricole en est la preuve. Il n’y a pas que des applications numériques archi pointues comme celle de TerraNIS qui vole au secours des agriculteurs en croisant des données météo et de l’intelligence artificielle. Il y a aussi les éleveurs d’osmies de Osmia qui proposent aux arboriculteurs une pollinisation de précision grâce au travail incroyable de ces abeilles solitaires. Et tant d’autres exemples qui, à la croisée du développement numérique et de la recherche sur des processus naturels de plus en plus finement observés, apportent des solutions à une agriculture en recherche d’un impact moindre pour notre planète. Et corollaire non négligeable : moins de pénibilité et de risque pour la santé des agriculteurs.
Il y a aussi ces incroyables tracteurs dont le tableau de bord se rapproche de celui d’un Airbus, permettant une intervention beaucoup plus fine et une consommation moindre.
Enfin le réjouissant constat de ce salon, c’est la folle énergie d’une jeunesse hyper présente. Garçons et filles issus de l’enseignement agricole, qui smartphone en main, s’essaient au jugement des animaux. Comment mieux illustrer la mise en route de la transformation de l’agriculture ? Comment ne pas douter que ces jeunes sont évidemment porteurs de la préoccupation environnementale qui caractérise leur génération ? Comment imaginer que l’insolence de leur adolescence ne va pas bousculer les certitudes de leurs aînés et inventer des modèles plus résilients ?
Les organisations professionnelles et syndicales, les structures institutionnelles, les banques seront là pour les accompagner mais aussi pour évoluer avec eux. Charge à elles de s’ouvrir largement à ces nouvelles énergies. S’engager aujourd’hui dans le monde agricole c’est déjà montrer courage et responsabilité, comme l’ont évoqué les témoins de la journée installation transmission. C’est aussi faire preuve de sa légitimité à prendre l’initiative de la transformation dont la chaîne alimentaire a besoin.