Un plan pour gérer les vautours fauves


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Un plan pour gérer les vautours fauves

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 21/08/2014 PAR Jean-Jacques Nicomette

« Maillon indispensable dans l’équilibre écologique du massif », le vautour fauve assure l’élimination naturelle des cadavres d’animaux. Voici une quarantaine d’années, cet habitant emblématique des montagnes pyrénéennes, était considéré comme en voie d’extinction. A titre d’exemple, seuls dix couples de ces oiseaux étaient dénombrés dans la Réserve naturelle d’Ossau qui venait de se créer.

Cette situation ne devait pas durer. Au cours de la période allant de 1990 à 2000, le développement en Espagne de charniers de porcs à ciel ouvert, ainsi qu’un nombre excessif de dépôts sauvages de dépouilles de brebis en France, ont littéralement dopé les populations de rapaces. Des oiseaux dont les effectifs se sont d’autant plus développés qu’ils disposaient d’un garde-manger facile d’accès.

Les rapaces sont devenus plus opportunistesCette prolifération ne s’est pas arrangée  en 2005 et 2006. L’interdiction des charniers espagnols par les instances européennes, et leur fermeture, a amené les vautours à développer des comportements plus agressifs envers les animaux d’élevage en état de faiblesse, mais aussi à étendre leur zone de recherche de nourriture. Y compris en France où les rapaces se sont montrés plus « opportunistes », en se retrouvant à proximité des exploitations agricoles, même en zone de piémont.

Une étude réalisée de 2007 à 2009 par le Parc national des Pyrénées et l’Office national de la chasse et de la faune sauvage a ainsi constaté un accroissement des dégâts provoqués sur les troupeaux.  Sur 83 cas répertoriés et validés comme des attaques, les trois-quarts concernaient des bovins en train de vêler. Car le vautour fauve est friand de placenta.

Un faible impact, sauf pour les éleveursLes chiffres doivent cependant être maniés avec prudence.  6% seulement de ces cas avaient une cause directe et unique de mortalité liée à l’interaction avec le vautour. Même si le comportement de ce rapace a été jugé « aggravant » dans 46% des situations. Comparée à l’ensemble des causes de mortalité du bétail qui se trouve en plein air, la responsabilité du vautour est de 1,6% pour les bovins et 0,37% pour les ovins, rappelle Samuel Bouju, le sous-préfet d’Oloron-Sainte-Marie.

En clair, l’impact est minime. « Mais la mort d’un bovin dans de telles conditions représente pour un éleveur une perte de plusieurs milliers d’euros » reconnait le représentant de l’Etat.  Une situation que les agriculteurs supportent d’autant plus difficilement qu’ aucune indemnisation n’est prévue. « Le vautour est un nécrophage. Il  n’est pas considéré comme un prédateur ».

Des placettes d’équarrissage naturel

La placette d'équarissage naturel d'Aste-Béon

Pour faire face à ce type de situation, un plan départemental pour le suivi et la gestion du vautour fauve a été élaboré sous la conduite du préfet des Pyrénées-Atlantiques. Il est mené en concertation avec un comité au sein duquel on retrouve les services de l’Etat, mais aussi les élus, les éleveurs, la chambre d’agriculture, les gestionnaires d’espaces naturels etc.

D’ici mars 2015, ce plan devrait permettre de créer dans le département plusieurs placettes d’équarrissage naturel, similaires à celle qui existe depuis la fin 2012 sur la commune d’Aste-Béon, en vallée d’Ossau, et dont les résultats sont jugés « excellents ». Des dépouilles de brebis mortes, destinées à être dépecées par les vautours,  sont déposées dans ce lieu isolé, clôturé, et géré par un groupement pastoral d’éleveurs. 

A charge pour eux de ne pas mettre là plus d’une certaine quantité de nourriture (4 500 kilos par an). Mais aussi de ne pas approvisionner la placette en mai, à l’époque où les jeunes vautours prennent leur envol. « Car l’alimentation à cette époque est un signe positif pour la reproduction ».

« Ce n’est ni du nourrissage ni du charnier »La formule présente plusieurs avantages. Elle évite aux rapaces d’établir un lien avec une exploitation agricole. Les apports de carcasse, effectués de manière aléatoire, ont par ailleurs lieu sur un site adapté sur le plan sanitaire. Enfin, ce dernier permet d’éviter les dépôts sauvages.

La placette située sur les hauteurs d’Aste-Béon a représenté l’an passé 8% des besoins en alimentation des vautours fauves qui l’ont utilisée. « Mais ce n’est ni du nourrissage ni du charnier » tient à préciser le sous-préfet d’Oloron. Tandis que les éleveurs locaux confirment l’absence d’attaques sur les troupeaux dans la commune. Pour leur part, les agents du Parc national des Pyrénées parlent de « rééquilibrage » en constatant que le taux de reproduction des vautours fauves installés en vallée d’Ossau a diminué. « C’est le plus bas depuis vingt ans. Sur cent couples nicheurs, on a trente poussins à l’envol ». Aujourd’hui, la vallée accueille 149 de ces couples.

Le fusil, pour effaroucherAu cours des mois qui viennent, des études seront menées pour définir d’autres emplacements dans le département. Toujours en concertation avec les éleveurs qui le souhaitent, insiste Samuel Bouju. « Sans eux, on ne peut rien faire ». Des liens ont également été noués avec les voisins aragonais, qui sont engagés dans la même démarche.

Quant aux tirs d’effarouchement, déjà autorisés par un arrêté pris en 2012, mais qui n’a pas été reconduit, ils constituent le second volet du plan qui pourrait servir d’exemple à d’autres départements. Effectués en piémont, ils devront répondre à des conditions très particulières, prévient le sous-préfet.

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