Santiago Lara et Belèn Maya: quand le flamenco revisite ses codes


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Santiago Lara et Belèn Maya: quand le flamenco revisite ses codes

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 06/07/2016 PAR Solène MÉRIC

Santiago Lara est un romantique, et un homme heureux, apaisé. C’est en tout cas, ce qui ce dégage de son jeu, à l’image de cette alegria « Sentimientos nuevos », écrit à la naissance de sa fille. Si le guitariste est connu pour ses proximités avec le jazz notamment, avec un disque en hommage à Pat Metheny récemment sorti, et donc aussi pour sa vision contemporaine et actuelle du flamenco, ses « picados » notamment ne permettent pas le moindre doute sur son respect profond de l’art flamenco, de sa tradition, de ses rythmes et de ses codes. La formation qui l’accompagnait avec cante (par El Londro), palmas et percussion, était d’ailleurs à cette image. Quant à lui, guitariste hors-pair, il égraine les notes avec rapidité, clarté et une facilité déconcertante. De quoi impressionner le public du Café cantante, qui le temps de cette première partie de soirée, s’est vu bien souvent transporter sur une plage du sud de l’Espagne, forcément proche de de Jerez de la Frontera où le garçon a grandi et a formé son art.

Santiago Lara, sur la scène du Café Cantante pour le Festival Arte flamenco 2016

De la bata de cola, à la musique électro
En deuxième partie de soirée, c’est au son du xylophone, accroupie sur une chaise, un éventail entre les dents, et dans une robe semblable à une tenue de nuit, blanche, longue et légère, qu’est apparue Belén Maya. Un son tout en douceur, un peu comme une comptine ou une berceuse, un peu aussi peut-être à l’image d’une folie douce et calme… Belén Maya met, dès le départ, les pieds dans le plat, avec une première chorégraphie très personnelle. Son Flamenco ne sera pas tout à fait ce à quoi pourrait s’attendre un public non averti de l’artiste qu’il a face à lui. Pourtant, l’instant d’après elle revient avec l’attirail de la « parfaite » bailaora, la plus traditionnelle qu’il soit. Bata de cola (robe à longue traîne), grand éventail et fleurs dans les cheveux, en parfait respect et maîtrise de l’exercice. Son ballet « Bipolar », est en réalité, comme elle l’explique elle-même, « le reflet de [sa] propre personnalité, la traduction des deux mondes qui sont en [elle] : la tradition et la modernité ». Et ne cherchez pas là dedans une volonté particulière ou un effet de style, « cette manière de danser, entre racines et contemporain, est très naturel pour moi, c’est l’expression de mon individualité ». Une manière ainsi de rendre hommage « aux grand-pères » du Flamenco le plus pur, mais aussi « à ceux qui ont ouvert les portes de cette modernité en ayant le courage d’exposer leur propre personnalité sur la scène, comme Antonio Canales (sur la scène de Café cantante ce jeudi, ndlr) ou Israël Galvan, malgrè les critiques qu’ils auaient pu reçevoir. »

Belén Maya dans son spectacle ''Bipolar'', lors du Festival Arte flamenco 2016

Ainsi, à la fois pionnière chez les classiques et classique chez les avant-gardiste, Belén Maya a offert au public montois ce mardi soir un sorte de voyage du flamenco, emmené petit à petit par la danseuse, d’un bout à l’autre de la tradition, de la bata de cola et du mantón (grand châle) maniés avec génie et élégance jusqu’à un tableau très contemporain, abandonnant peu à peu au fil du spectacle, tous les « artifices » classiques du flamenco traditionnel. Dans ce dernier tableau, finies les robes à pois ou à frou-frou, oubliés les éventails et les peignes dans les cheveux, Belén Maya habillée d’un pantalon, chemise blanche et gilet noir, est dans une totale réappropriation des codes classiques du flamenco. La scène elle-même prend une tout autre allure puisque la formation « traditionnelle » qui l’accompagnait jusque-là faite d’un chanteur, d’un guitariste et de palmas, sort de scène et laisse place à la musique électronique mixée en direct par le DJ Miguel Marin, tandis que des images abstraites sont projetées derrière elle.
Un voyage dans les deux mondes de Belén Maya que le public d’Arte flamenco a suivi jusqu’au bout, et applaudi longuement debout.

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