Comme l’explique Valérie Sabéran, directrice Mission Risques climatiques et Résilience de Bordeaux Métropole, une instance créée fin 2022, pour étudier l’ensemble des risques concernés, « On a une entrée climat qui vient impacter le territoire et qui aggrave les risques naturels, mais aussi les risques technologiques puisqu’on a un certain nombre d’entreprises (zones aéroportuaire et portuaire) pour lesquelles le croisement avec les risques naturels et climatiques doit être appréhendé », poursuit-elle.
Confié au bureau d’étude Artélia, un diagnostic commandé par Bordeaux Métropole met en avant des risques climatiques tels que l’augmentation de la température et l’intensification des pluies en période hivernale, mais aussi l’aggravation de trois aléas naturels : les inondations, les incendies et les mouvements de terrain.
Le réseau face aux changements climatiques
Une situation qui impacte aussi TBM (Transports Bordeaux Métropole), auquel Bordeaux Métropole, dans une démarche d’anticipation, a demandé un diagnostic sur l’avenir. L’étude, confiée au cabinet indépendant Carbone 4 spécialisé dans l’accompagnement des organisations vers la décarbonation et l’adaptation aux changements climatiques, pointe plusieurs écueils.
« On est confronté à deux grands problèmes : d’abord des risques de transition. On va devoir passer de nouveaux marchés et demander à nos sous-traitants qui n’ont pas forcement les mêmes capacités d’adaptation que nous, de suivre le mouvement. Mais aussi des risques physiques liés à l’exposition aux changements climatiques », explique Pierrick Poirier, directeur général de Keolis Bordeaux Métropole Mobilités.
« La chaleur extrême peut nous impacter au niveau social d’abord, car elle freine les déplacements tant des utilisateurs du réseau que de nos salariés. Si les salariés ne peuvent pas venir travailler, c’est le service public qui est impacté. Mais aussi d’un point de vue technique, car elle peut impacter le fonctionnement du réseau lui-même. Concernant les inondations, on a des sites qui peuvent être à risque de submersion (le dépôt tram Bastide proche de la Garonne). Mais on a aussi un risque sur le réseau électrique et le réseau télécom qui sont fragiles dans ce cas-là et en cas de feux de forêt. Et si on n’a plus électricité ou de radio, il n’y a plus de réseau de transport », poursuit-il.
Des solutions qui misent sur l’innovation
A défaut de pouvoir enrayer le réchauffement climatique, des actions vont être mises en place. Pour améliorer le confort des voyageurs des films anti-UV vont, dès cet été, être posés sur les baies et portes des trams pour une réduction de température qui pourrait être de 6° à 9°. Parallèlement, un « système fraîcheur » qui vise à recycler l’air intérieur, moins chaud que l’air extérieur, est actuellement testé sur 58 rames du réseau.
Enfin, pour limiter le nombre de pannes, une peinture blanche va être apposée sur les toitures des trams où sont logés les climatiseurs (particulièrement sensibles à la chaleur) pour permettre à la lumière solaire d’être réfléchie et non plus absorbée par le toit.
une réduction de 40% de l’eau pour l’arrosage de la plateforme engazonnée du tram, soit 21,5 hectares, a été opérée.
« Pour le personnel roulant, une « procédure canicule » est déclenchée cinq jours avant tout épisode de forte chaleur et selon trois niveaux : 30°, 34° et 37°. Elle prévoit l’affectation de trois conducteurs en « réserve canicule » chargés de remplacer ou ramener du matériel défectueux ou bien assurer la relève d’un conducteur au pied levé », précise le responsable.
« Entreprise à mission, Keolis souhaite aussi réduire son empreinte carbone : le tram fonctionne à 100% à l’électricité verte et les bus à 100% au bioGNV. Et une réduction de 40% de l’eau pour l’arrosage de la plateforme engazonnée du tram, soit 21,5 hectares, a été opérée. Le remplacement du gazon par des essences moins gourmandes en eau et favorisant davantage la biodiversité va être testé » conclut-il.