L’Union européenne a décidé de renouveler l’octroi de fonds européens à la région Aquitaine pour la période 2014-2020, dans le but de développer une véritable « politique régionale européenne ». Principale différence notable : sur le précédent plan, l’État répartissait les aides entre les différents comités techniques infra-régionaux, qui décidaient de la politique mise en place. Pour le plan 2014-2020, ce sera désormais la région à elle seule, autour d’une équipe spécialisée d’environ 80 personnes, qui pilotera la répartition de ces fonds validés par la Commission européenne. Pour cela, les aides sont divisées autour de cinq fonds : le fonds européen pour le développement régional (FEDER), le fonds social européen (FSE), l’initiative pour l’emploi des jeunes (IEJ), le fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) et le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) en lien avec la PAC.
En tout, c’est 70 nouveaux projets qui ont été retenus, qui devraient bénéficier de 24,6 millions d’euros de financement européen, répartis entre le programme opérationnel et le programme de développement rural. Ainsi, sur la période 2014, 2020, ces fonds dotés de 1,065 milliards d’euros sont octroyés à la région Aquitaine, et certaines actions, notamment sur l’emploi, sont également partagées avec l’État. Enjeu primordial pour la région : atteindre un objectif précis d’ici 2018 pour un octroi de 60 millions d’euros supplémentaires, la « réserve de performance ».
Des idées prioritairesNeuf thèmes prioritaires ont été définis par la région pour répartir ces différentes aides. En premier lieu, l’innovation et la compétitivité des entreprises, notamment la création d’activités, l’innovation ou la croissance des PME, à hauteur de 157 millions d’euros et l’agriculture durable via l’appui aux différentes exploitations (de loin le budget le plus important : 545 millions d’euros). Viennent ensuite la transition énergétique (122 millions), l’insertion professionnelle et la formation (91 millions), le développement du très haut débit et le numérique (57 millions), le développement « urbain des quartiers en difficulté » (19 millions), le développement rural (50M), la pêche et l’aquaculture (11,7M) et la coopération territoriale européenne qui se voit renforcées et dans laquelle l’Aquitaine intervient autour de quatre axes : la recherche, la protection de l’environnement, le développement des territoires et l’inclusion sociale.
Des orientations politiquesAutour des projets retenus ce vendredi 3 juillet, là aussi, 3 orientations principales : la formation/apprentissage/retour à l’emploi pour les jeunes en décrochage, le numérique et la recherche et l’installation des jeunes agriculteurs et des Coopératives régionales. Comme le précise Bernard Lange, directeur général adjoint du pôle des affaires européennes et internationales de la région Aquitaine, « Aujourd’hui, nous avons statué sur un important volet autour de la recherche et de l’innovation et les aides aux entreprises. Nous avons par exemple un dossier autour de l’amélioration de la génétique bovine ». « Il s’agit en fait du deuxième comité de programmation, puisque 58 dossiers sont déjà passés auparavant par les comités techniques infrarégionaux », poursuit Alain Rousset. En effet, au cours des six premiers mois de la mise en œuvre du programme, plus de 55 millions d’euros de subventions européennes ont déjà été attribués par le Conseil régional en faveur de 86 projets (environ 120 millions d’euros de dépenses prévues au total sur ces projets).
Des applications concrètesConcrètement, on retrouve certaines volontés politiques dans les neuf axes prioritaires comme une volonté d’accroître la qualité du système d’orientation et de formation régional, faute à un taux de contrat signé en baisse constante depuis 2010 et des contrats qui n’aboutissent pas toujours à une embauche (30 % des contrats d’apprentissage sont rompus). Côté transformation des services par le numérique, on trouve un projet de mobilité facilitée en environnement 3D proposé par Keolis dans le futur quartier Euratlantique (coût total : 630 800 euros dont 157 700 financés par l’UE). Au niveau de l’innovation, la société Adam (que nous avions rencontrée il y a quelques mois) se lance dans un projet pour faire évoluer et grandir l’entreprise : le FEDER intervient à hauteur de 585 000 euros. Et si la première chance vers l’emploi échoue, il y a toujours l’École de la deuxième chance de Bordeaux Métropole, qui prévoit d’accueillir une centaine de jeunes par an entre 18 et 25 ans en situation précaire, qui devrait coûter près de 2 millions d’euros.
Une dynamique qui vise essentiellement à abonder les principaux axes définis par la politique régionale, et une aide européenne qui semble bienvenue à l’heure de la baisse drastique des dotations de l’État. A titre de comparaison, pour le plan 2007-2013, c’est 754 millions d’euros de fonds européens qui avaient participé au financement de 23 660 projets régionaux.