Quand le livre qui ne doit pas n’être qu’une marchandise devient marchandise…


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Quand le livre qui ne doit pas n'être qu'une marchandise devient marchandise...

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 16/01/2009 PAR Piotr Czarzasty

La « Journée de réflexion sur la diffusion », qui s’est tenue vendredi dernier (16 janvier) à l’Hôtel de Région, était donc le premier volet de quatre rencontres, mises en place par quatre agences du livre (Aquitaine, Limousin, Midi-Pyrénées, Poitou-Charentes). Elles ont pour but de s’interroger sur les grands enjeux que pose la commercialisation du livre aux éditeurs et aux libraires indépendants.

Une région qui vient en aide à ses libraires
Le projet s’inscrit dans le prolongement et l’élargissement du protocole pour la librairie indépendante signé par le Conseil régional et la Direction Régionale des Affaires Culturelles d’Aquitaine en 2003. Englobant maintenant l’ensemble des industries culturelles, celui-ci prévoit 500 000€ d’aides destinées aux éditeurs et libraires dans la période 2007-2009. Dans le cas des éditeurs, le projet propose une aide sous forme d’expertise et de conseil ; une aide à la production, l’informatisation et l’achat d’équipement; ainsi qu’à la distribution, diffusion et promotion. Quant aux libraires, il s’agit de conseils et d’accompagnement mais aussi des travaux de modernisation, d’extension, ainsi que d’aide au développement de fonds. En revenant à la rencontre elle même, un bref panorama et une typologie des structures de diffusion en France furent suivis d’un débat sur la figure du représentant des éditeurs ou diffuseurs. Est-il indispensable ou peut-on s’en passer? Ainsi, des libraires, éditeurs, et représentants eux-mêmes ont été invités à se prononcer. L’ambiance conviviale de la rencontre a d’emblée rendu peu probable le scénario où la figure du représentant paraîtrait inutile. On ne faisait que souligner ses atouts et compétences en tant que vendeur, mais aussi conseiller, négociateur et formateur.

Le livre – victime d’une logique de marché
Cet éloge fut néanmoins accompagné d’un constat amer soulevant les coûts qu’engage un recours au représentant, qui demeure, par conséquent, hors de portée des petites maisons d’édition-diffusion. Mais c’est le rôle de « passoire » du représentant qui suscita de nombreuses controverses. Comme le soulignait un des intervenants, l’inflation du nombre de titres est telle que les représentants n’auraient pas plus de « 20 secondes pour vendre un livre ». Nombre d’ouvrages sont donc condamnés à l’oubli. De même, la vente de livres reviendrait à celle de « chaussettes ou dentifrices ». Guy Coudert, consultant-formateur Asfored, réfutait cet argument, en défendant le représentant comme l’indispensable « homme de terrain » ou celui qui « dépouille » les informations, selon l’expression du libraire Jean-Pierre Ohl. En employant une métaphore religieuse, M. Coudert remarquait de son côté qu’« en assistant à 5.000 messes pendant un mois, il est impossible de retenir tous les sermons. » Il est vrai que certains titres ne reçoivent ainsi aucun écho, mais « chacun choisit ses apôtres », comme l’a-t-il formulé.

Décidément, fini le temps des illusions. Il faut se réconcilier avec le fait que le livre, du moins aux yeux du marché, est désormais une marchandise comme une autre. Heureusement des divers ateliers qui ont fourni beaucoup d’occasions d’échanges sont sortis quelques exemples encourageants d’initiatives partagées. Au service de la diversité des livres.

Piotr Czarzasty

Arpel
137, rue Achard
05 57 22 40 40
arpel@arpel.aquitaine.fr
www.arpel.aquitaine.fr


Michel Charpentier: soutenir les petites librairies

Dans sa rubrique « paroles de professionnel » la Lettre de l’Agence régionale pour l’écrit et le livre, l’ARPEL, publie un entretien très édifiant de Michel Charpentier par Catherine Lefort. Une analyse et un point de vue qui font largement écho aux réflexions entendues dans les ateliers consacrés aux métiers du livre ce 16 janvier à Bordeaux.
Le PDG de Charpentier Diffusion, une PMEtrès performante, implantée à Gradignan en Gironde qui met son professionnalisme au service du livre des éditeurs et des libraires, non seulement ceux d’Aquitaine mais aussi des Charentes où elle réalise 35% de son chiffre d’affaires du Limousin…Quatre vingt mille références en dépôt et 50.000 commandes de livres par an, toutes traitées en 48 heures ; Charpentier conçoit son activité au service de la chaîne du livre dont il est un maillon essentiel : « parmi les objectifs de la loi sur le prix unique du livre, il en est un, déclare-t-il, sur lequel nous nous engageons au quotidien: le soutien à un réseau de petits librairies nombreuses et diversifiées. Nous avons donc ce rôle considérable de les aider à construire leur offre, donc à contribuer à la sélection des ouvrages qu’ils proposent. Cet exercice est essentiel d’autant que le marché du livre estconstitué par 60000 nouveaux titres chaque année. » Pour autant, Michel Charpentier souligne à quel point ce métier est devenu lourd de contraintes : « les coûts de diffusion en Aquitaine sont beaucoup plus élevés qu’ailleurs, en raison de l’étendue du territoire, de la faible densité de la population et de l’éloignement des centres urbains…La difficulté majeure de notre profession, mais c’est également le cas des détaillants, c’est la faiblesse de la marge, érodée aujourd’hui par l’augmentation constante des charges, en particulier des coûts du transport. Je rajouterai l’impact physique épuisant d’une manutention de plus en plus importante, du fait de la croissance exponentielle de la production, et du séjour de plus en plus court des ouvrages sur les tables des détaillants…. Ce métier est un métier de passion, un vrai sacerdoce… »

Lettres d’Aquitaine n°82 (janvier,février,mars 2009)

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