Profession : nettoyeur de scènes de crimes


Julien Martel est nettoyeur de scène après décès. Il raconte son métier et son quotidien rythmé par son entreprise, qui a pour projet d'ouvrir une agence à Bordeaux.

Groupe NAD
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/01/2023 PAR Manon Gazin

“L’humain avant tout”, affirme Julien Martel, créateur du groupe NAD (Pour « Nettoyage Après Décès ») en parlant de son métier : nettoyeur de scène après décès. Du 31 octobre au 6 novembre 2022, son équipe est notamment intervenue dans la région de Bordeaux dans le cadre d’une « découverte tardive ». Pour le même motif, son entreprise est revenue dans la capitale girondine en décembre dernier. Julien Martel a pour projet d’ouvrir une agence à Bordeaux, en réponse aux nombreuses demandes auxquelles elle fait face dans la région. 

Il est extrêmement rare que la justice ou la police contacte le groupe NAD : “98% de nos clients sont des familles”, affirme le créateur de l’entreprise, qui intervient dans toute la France. La durée nécessaire pour les nettoyages (qui s’effectuent toujours à deux) peut être, elle, “d’une journée, comme de dix jours”. En moyenne, l’entreprise traiterait, selon son patron, une centaine d’interventions par an. 

Un protocole et des connaissances spécifiques

Contrairement aux sociétés “classiques” de nettoyage, ce métier impose des connaissances en bâtiment : “Nous ne pouvons pas tout couper n’importe comment. Nous devons savoir comment telle matière réagit avec un liquide qui est dessus depuis un certain temps”, explique Julien Martel. Des connaissances en microbiologie et en chimie sont également nécessaire pour pratiquer ce métier : “Il faut comprendre les interactions que peuvent avoir telle molécule sur telle molécule, et ce que vous êtes censé neutraliser. Sans oublier les risques auxquels les nettoyeurs s’exposent en cas de contamination”.

Groupe NAD

Le métier de nettoyeur de scène après décès implique des connaissances en chimie et microbiologie.

Certains équipements spécifiques sont également utilisés. Comme des micros-caméras, durant certaines interventions, qui vont être passées dans des interstices, ou des testeurs d’humidités. Enfin, les produits utilisés ne sont “pas du tout les mêmes” que ceux choisis pour des nettoyages « classiques » : “Notre désinfection suit une norme hospitalière”, affirme Julien Martel.

En effet, avant même que le nettoyage ne commence, l’entreprise suit un certain protocole. À commencer par l’observation des lieux  et des dégâts qui ont pu y être causés. Puis, si certains effets, comme des meubles, sont récupérables. “Nous pouvons effectuer des recherches de documents administratifs, pour les redonner aux familles. Une fois que tout ça est fait, nous pouvons commencer notre intervention”, explique Julien Martel.

Un risque de contamination

Face à un risque bactériologique, les équipements de protection individuelle (EPI) sont nécessaires à ces professionnels : combinaisons, gants, masques, sur-bottes, sur-chaussures… Six paires de gants peuvent être utilisées en même temps lors d’une intervention. D’autant plus que les nettoyeurs ne connaissent pas les antécédents médicaux du défunt ou de la défunte. Ça peut-être quelqu’un qui a une hépatite B, par exemple”, relève le président de l’entreprise. “C’est un virus qui survit très longtemps en dehors du corps humain. Si vous n’êtes pas protégé et que vous avez une micro-coupure avec laquelle il est en contact, vous pouvez l’attraper”.

Pour une intervention par le groupe NAD, il faut compter entre 700 et 17 000 euros. Si aucune accréditation n’existe en France pour pratiquer le métier, un an de formation est nécessaire pour intégrer l’entreprise. Une demande nécessaire face à un métier qui devient “à la mode”, selon Julien Martel. “Tout le monde s’improvise et se dit spécialiste. Mais quand on regarde d’un peu plus près, ce n’est pas tout à fait ça, regrette-t-il. La plupart des gens pensent qu’il ne s’agit que d’un coup de serpillère. Et quand je cite les connaissances à avoir, ça refroidit un peu. Et c’est un métier où vous commencez au SMIC”.

Pour son projet d’implantation à Bordeaux, environ six employés seraient nécessaires au fonctionnement de cette nouvelle antenne.


Parcours

Avant de pratiquer le métier de nettoyeur de scène après décès, Julien Martel travaillait dans le funéraire. Un métier “qui l’a choisi » et dans lequel il s’est senti “à sa place”. Dans cet univers, il se rend cependant compte de certaines “lacunes”, notamment dans le nettoyage des lieux où un décès venait de se produire. “Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire”, explique-t-il. Après trois années de recherche de développement, durant lesquelles il acquiert les connaissances suffisantes en chimie, et trouve « le bon protocole à effectuer », il crée le groupe NAD en janvier 2017. Basé en Alsace, ce dernier intervient dans toute la France. 

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