Limoges Métropole amorce son projet de territoire en transition hydrique


Limoges Métropole
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2020 PAR Corinne Merigaud

Limoges Métropole s’est fixée une ambition, devenir l’un des premiers territoires en transition hydrique d’Europe. Economiser à tous les niveaux, chasser les gaspis et récupérer par exemple les eaux pluviales, tels sont les défis pour préserver la ressource. Car demain, nous risquons d’être confrontés, plus encore qu’aujourd’hui, à des sécheresses à répétition. La mise en place d’actions concrètes tout au long du cycle de l’eau pourront garantir une meilleure gestion de la ressource qui deviendra de plus en plus précieuse. Le Pacte national pour l’eau a fixé des objectifs en matière de réduction des consommations domestiques, industrielles ou agricoles avec moins 10% en cinq ans et moins 25% en quinze ans. La Région Nouvelle-Aquitaine table sur 30 % de baisse via son programme Néo Terra. En Haute-Vienne, une étude a été lancée pour une meilleure répartition de l’eau potable. En outre, de nombreux acteurs locaux souhaitent apporter leur pierre à l’édifice.

Une filière d’excellence très présente localement

Pour sa part, Limoges Métropole entend être le chef de file en regroupant les initiatives locales avec son projet de « territoire en transition hydrique. » Le territoire dispose de sérieux atouts pour y parvenir, à commencer par une expertise en matière de gestion du cycle de l’eau, l’une des compétences phares de l’EPCI avec des infrastructures de traitement, comme la station d’épuration qui bénéficie d’un plan de modernisation de 30 millions d’euros. La compétence « développement économique » lui permet d’accompagner financièrement les filières d’excellence comme l’eau et en s’appuyant aussi sur sa compétence enseignement supérieur et recherche en collaboration avec l’Université de Limoges.
« Ce projet de territoire en transition hydrique est une vraie volonté affichée par le président de la Communauté urbaine assure Philippe Janicot, vice-président en charge du cycle de l’eau, l’approche économique est importante car il souhaite que nos entreprises soient actrices de ce projet localement. Cette approche peut aussi intéresser des citoyens qui pourraient venir habiter sur notre territoire. Nous avons tous les atouts pour atteindre nos objectifs à savoir, être innovant, avancer et s’imposer sur l’eau comme la filière céramique a su le faire. »
Un comité de pilotage a été constitué en novembre et un comité de concertation rassemblant les partenaires va être réuni pour lancer la phase de diagnostic des données chiffrées existantes sur l’eau. Un programme d’actions multi-acteurs pourra ensuite être élaboré sur la base d’expérimentations et d’études au niveau régional et national.

Quatre objectifs pour être plus résilient

Le territoire compte de nombreux atouts à commencer par des réserves d’eau bien dimensionnées pour l’avenir afin de palier au déficit de pluie. Un écosystème local, fédéré autour du Pôle régional environnement, lui confère une base solide pour déployer son projet dans différentes directions. Limoges abrite le siège de l’Office international de l’eau, établissement incontournable où sont formés les professionnels de la filière, de même que le laboratoire Peirene (gestion et valorisation durable des ressources naturelles) et différentes formations à l’Université ou dans ses écoles d’ingénieurs. « Le projet s’articule autour de quatre thématiques explique Philippe Janicot, la première étant d’anticiper les conflits d’usage liés à l’eau qui émergent déjà ponctuellement, compte tenu du bassin hydrographique, tout en assurant une mise à disposition de l’eau en quantité et qualité pour tous les usages. Le second vise à renforcer les performances économiques des entreprises agricoles, industrielles et des services publics. Le troisième concerne le soutien aux entreprises locales qui peuvent offrir des solutions innovantes pour décrocher de nouveaux marchés. Enfin, il faudra rassurer et communiquer sur l’image d’un territoire plus résilient, exemplaire et innovant. »

Limoges Métropole amorce son projet de territoire en transition hydrique

 Collecter et valoriser les eaux pluviales

Un premier projet va démarrer dès 2021 à Isle sur un lotissement de 70 emplacements. Un programme de gestion des eaux pluviales est envisagé sur tous les lots pour une meilleure utilisation de l’eau au niveau des espaces publics et des habitations, ce qui sera une première. « Des réserves d’eaux pluviales seront installées sur chaque maison pour un usage domestique comme les toilettes et l’arrosage précise Philippe Janicot, nous solliciterons des entreprises locales pour mener à bien ce programme. Il faudra qu’à l’avenir nous travaillions en commun avec les lotisseurs pour limiter les problèmes de gestion en aval des eaux pluviales et d’assainissement. Ces eaux ne seront donc plus perdues et les habitants feront des économies. »

Cette expérimentation sera analysée et déclinée à d’autres projets si les résultats sont probants. La collecte et le traitement des eaux pluviales seront l’un des thèmes de réflexion à mener en concertation avec les services voirie et urbanisme. Celles-ci sont aujourd’hui collectées sur le même réseau que l’assainissement. L’idéal serait de créer un second réseau lorsque des travaux de voirie sont programmés. Un chantier est en cours au lotissement « Les quatre vents » à Boisseuil, commune dont il est maire. « Le réseau unitaire datant des années soixante-dix est remplacé par un réseau séparé signale-t-il, cela aura un impact très positif pour l’environnement, les résidents en aval et les coûts de traitement des eaux usées. »

 Le milieu agricole associé à la démarche

 Un comité de pilotage sera mis en place, en janvier, avec des acteurs du monde industriel et agricole dont la Chambre d’Agriculture. « Nous souhaitons une démarche participative de tous les acteurs concernés précise l’élu, deux approches sont à considérer, d’abord les besoins des agriculteurs avec une utilisation de l’eau à bon escient et ensuite, les produits employés afin de mesurer leur impact. Même si notre région est préservée, nous devons éviter que des produits ne soient utilisés pour que la qualité de nos ruisseaux se maintienne. » Un travail en concertation est envisagé sur ces dossiers pour être efficace. « Nous avons la chance de ne pas être en difficulté sur notre territoire concernant l’eau et d’anticiper sereinement pour les futures générations » constate-t-il. Dès l‘année prochaine, la Communauté urbaine envisage également de lancer un programme sur l’abattoir de Limoges pour réduire la consommation d’eau.

L’eau comme élément d’attractivité

Pour asseoir le troisième volet du projet, des contacts ont été pris avec des entreprises industrielles et start-up locales spécialisées dans ce domaine. Limoges dispose d’un écosystème reconnu pour son savoir-faire à l’échelle nationale voire internationale. Parmi les réflexions en cours, une étude sur les compteurs d’eau est envisagée compte tenu des différents systèmes qui coexistent. Des pistes d’amélioration sont étudiées notamment pour faciliter les relevés. « Nous miserons sur plusieurs expérimentations et l’avenir nous dira celle qui est la plus efficace ajoute-t-il. Les start-up sont dans les starting-block, nous sommes en train d’étudier leurs propositions pour voir comment les mettre en place. Il y a une vraie volonté d’avancer sur ce sujet. »

Pour séduire les Parisiens désirant quitter la capitale afin d’avoir un logement plus spacieux et un environnement plus sain, Limoges Métropole a une carte à jouer en terme d’attractivité. Ce programme de transition hydrique peut faire pencher la balance et être déterminant pour leur futur lieu de résidence. « L’eau ne fait fait pas partie de leur première priorité mais c’est une valeur importante pour leur choix assure-t-il, ils vont regarder la qualité de vie en général, le territoire peut leur proposer une bonne qualité d’air, une eau relativement pure avec l’un des coûts les moins chers de France par rapport à des villes de même strate. De nombreux plans d’eau se situent à proximité pour aller se baigner et il faut ajouter la facilité pour se déplacer et des activités économiques qui peuvent faire la différence. L’eau doit vraiment être mise en avant car c’est l’or de l’avenir. »

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