Paul Jabouille éleveur de Limousines en Charente


Paul Jabouille s’est installé en GAEC avec son père à Chasseneuil-sur-Bonnieure l’an dernier. Ils élèvent des Limousines Label Rouge.

Paul Jabouille s’est installé en GAEC avec son père à Chasseneuil-sur-Bonnieure l’an dernier.Corinne Merigaud

Paul Jabouille s’est installé en GAEC avec son père à Chasseneuil-sur-Bonnieure l’an dernier.

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2022 PAR Corinne Merigaud

Tout gamin déjà, il passait ses mercredis, ses week-end et ses vacances à aider son père, éleveur de Limousines Label Rouge à Grand Bord, un hameau près de la RN 141 à Chasseneuil-sur-Bonnieure. La passion de la belle rousse chevillée au corps, il n’imaginait pas faire un autre métier. Paul Jabouille s’est installé en GAEC avec son père, Bruno. Ils mènent désormais ensemble l’exploitation qui compte 140 mères.

Dans la famille Jabouille, les générations se succèdent avec toujours la même passion pour l’élevage. Le premier à s’être installé est l’arrière-grand-père de Paul dans les années cinquante… en vaches laitières, très vite remplacées par les Limousines. Un aïeul qui a été parmi les fondateurs de la coopérative Corali basée Chasseneuil-sur-Bonnieure. Bruno, son petit-fils, en est l’un des administrateurs depuis 1987.  « Elle regroupe de nombreux éleveurs de Charente et Charente-Maritime et de cantons limitrophes remarque Paul, tous nos animaux sont commercialisés via la coopérative. Les deux tiers sont vendus à la boucherie de la commune, soit une quinzaine de vaches par an, et le reste part en Label Rouge Blason Prestige ou en boucheries traditionnelles. Tous nos animaux sont labellisables, la plus-value est de 10 à 12% grâce à Corali.» L’exploitation de 200 ha s’étend sur une vaste zone avec des parcelles situées parfois jusqu’à 10 km.

Le père, la coopérative, et la banque
Depuis le 1er janvier 2021, Paul qui fêtera ses 25 ans en août, est associé en GAEC avec son père. La concrétisation d’un cursus de formation mené à bien dans cet objectif d’installation. « J’ai fait un Bac Pro CGEA au lycée des Vaseix puis un BTS technico-commercial agro-fournitures raconte le jeune homme, j’ai ensuite suivi les formations obligatoires pour m’installer, le stage de 21 h puis réalisé l’étude de faisabilité du projet. Mon père a été mon premier soutien, j’ai toujours voulu m’installer, je ne vois pas ça comme un travail mais comme un métier passion. »

Avant de créer le GAEC, Bruno, le papa, était aidé par un ouvrier agricole, mais il travaillait seul sur l’exploitation depuis cinq ans. « J’étais bien content qu’il me rejoigne » avoue-t-il. Pour anticiper son installation, il avait acheté sept ans plus tôt sept hectares qu’il louait déjà. Et comme il ne voulait pas que son fils soit surendetté, il lui a fait une donation pour créer la société. Paul a bénéficié d’un prêt de 23 000 euros accordé par le Crédit Agricole à taux préférentiel JA de 0,87 %. Il a également bénéficié de la DJA de 32 000 euros perçue à 80 %. « La banque est mon troisième soutien mais le deuxième, c’est Corali assure-t-il, je peux compter sur l’appui technique des conseillers que je connais depuis toujours. Nous avons quelques avantages en tant que nouvel installé. Si j’ai besoin, ils se rendent disponibles. Les jeunes agriculteurs ont tout intérêt à adhérer à une coopérative et d’autant plus avec la loi Egalim car ils n’ont pas besoin de contractualiser, c’est déjà fait. »

« Le gêne sans cornes apporte une plus-value »

Les associés ont investi dans du matériel à hauteur d’environ 100 000 euros, une faucheuse, une élagueuse, un tracteur, un quad et un véhicule léger. Il a aussi investi dans des taureaux. « Nous avons un budget de 6 000 à 7 000 euros par an pour des reproducteurs ajoute-t-il, nous en avons une dizaine, certains en copropriété avec un agriculteur. C’est essentiel car nous avons recours à l’insémination de manière marginale, nous privilégions la monte naturelle.» Les taureaux ne chôment pas donc à la saison des amours. Le cheptel est inscrit au Herd Book Limousin. Des femelles et des mâles sont vendus pour la reproduction à tout âge en France et à l’étranger. « Nous vendons une ou deux bêtes par an à l’international, le dernier taureau est parti en Belgique précise Paul, nous produisons des veaux, des broutards lourds pour l’Italie et nous engraissons quelques génisses et toutes les vaches. »

Le gêne sans cornes a été développé dans cet élevage

Ils ont développé la génétique sans cornes mais toutes leurs limousines sont dépourvues de cornes, un attribut qui peut surprendre les non initiés. « Avec le gêne sans cornes, c’est moins de travail pour nous et pas de stress pour les animaux précise l’éleveur. Les animaux sont aussi plus rustiques, ils s’adaptent mieux aux variations de températures. C’est intéressant aussi pour le marché des reproducteurs car il y a de la demande de mâles sans cornes avec une plus-value. » Dernier détail non négligeable quand on connaît le goût particulier de la limousine. « On s’est rendu compte voilà peu de temps que la viande est plus persillée. » La sécurité des éleveurs et le bien-être des animaux sont aussi des critères pris en considération. « On est vachement attentif à leur bien-être», glisse Paul. « Un animal qui n’est pas bien ne produit pas. On doit aussi pouvoir intervenir sans problème, on fait attention à leur caractère, on les appelle pour les habituer. Quant aux moins dociles, elles partent pour l’engraissement dès le sevrage. »

« Blason Prestige pour identifier la Limousine partout »

Pour les deux associés, les signes d’identification et de la qualité d’origine sont une garantie pour le consommateur. La Limousine a été la première race à créer des signes officiels de qualité. « Nous pouvons vendre nos animaux plus cher et tirer vers le haut toutes les carcasses, la plus-value est d’un euro par kilo par rapport aux autres races », assurent-ils. « Il n’y a qu’un seul et unique label racial et national, à savoir Blason Prestige, cela permet d’être identifié partout. Et avec la loi Egalim, on est dans le cahier des charges. » Ils ont choisi de recourir le moins possible aux intrants pour favoriser une agriculture raisonnée. « Nous sommes autonomes à 96 % pour l’alimentation avec 110 ha de fauche, nous ne produisons plus de maïs, les bêtes n’ont pas besoin de ça. Et cela revient moins cher d’acheter du foin que de mettre des engrais. Nos terres sont à faible potentiel, cela nécessiterait beaucoup d’intrants. »

Ils réfléchissent aussi à un projet de stabulation avec toiture en panneaux solaires dans les deux ans à venir. Paul et son père participeront à la vente aux enchères Blason Prestige au Salon Aquitanima, le 23 mai, avec une bête qui a le gêne sans corne et affiche une tonne de poids vif.

C’est cette vache Label Rouge sera vendue aux enchères sur le Salon Aquitanima le 23 mai 2022

L’info en plus :
Aqui publie une série de portraits de jeunes installés en agriculture en amont de la Journée Installation Transmission, le 24 mai à 14h Hall 4 du Parc des Expositions de Bordeaux dans le cadre du Salon de l’agriculture Nouvelle-Aquitaine.

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