Musicalarue, retour sur l’ambiance de Luxey


Pierre Rateau

Musicalarue, retour sur l'ambiance de Luxey

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 19/08/2016 PAR Pierre Rateau

Vendredi, 17h. Un groupe d’amis attend le début des concerts, bière à la main. Alors que les uns pencheront pour l’ambiance survoltée de Fuzzy Vox, les autres opteront plutôt pour la Rue Kétanou. « C’est toute ma jeunesse, toutes mes années lycée », raconte Vincent, 27 ans. Dans le groupe, un seul nom fait l’unanimité : Emir Kusturica et son Non Smoking Orchestra. Un peu plus loin, deux « affreux jojos », comme ils se surnomment eux-mêmes, brandissent un portrait de Salvatore Adamo. Ils ont beau avoir la vingtaine, ils ne rateront son concert pour rien au monde. « Nos parents écoutaient ça dans la voiture pour aller en vacances, c’est génial de l’avoir ici ! »

Eclectique et inattenduLes têtes d’affiche ne sont pas les seuls à faire vibrer le village. Samedi après-midi, le JOSEM, Jeune orchestre symphonique de l’Entre-Deux Mers, fait trembler la place Saint-Roch. Devant le troquet le Cercle de l’Union, les 52 musiciens entraînent la foule entre compositions classiques, musique yiddish et  cumbia. Joseph, 20 ans, est le président du JOSEM. « Ça fait 9 ans que je joue ici avec l’orchestre. Cette date est le point d’orgue de l’année, on est hyper content de passer le panneau « Luxey ». C’est une institution pour nous comme pour beaucoup de monde ».

Jeunes ou vieux, fans de rock ou adeptes de chanson française, tous les publics vivent au même rythme, celui des arts de rue qui la nuit tombée laissent place aux concerts. « Ce que nous voulons, c’est allier tous les genres de musique, résume Bruno Brisson, membre du bureau directeur de l’association Musicalarue. Proposer à chacun, selon ses goûts, un parcours entre les scènes qui au détour d’une buvette lui permette de tomber sur un artiste inconnu ». Un programme éclectique qui amène une population toujours plus hétérogène.

« 27 ans que ça dure »Sur le chemin du camping, Igor fabrique des personnages avec des ballons de baudruche. En six ans, ce globe-trotter brésilien a parcouru 21 000 km à vélo de festival en festival, avec pour seuls ressource ses précieux ballons. S’il a eu du mal à trouver ce « village caché », son escale l’a conquis. « Il y a un très bon public, les gens sont vraiment sympas et l’ambiance est géniale ». Un groupe de jeunes gens s’arrêtent, intrigués. Venus fêter les trente ans d’un des leurs, l’équipe n’en est pas à sa première virée. « Ça fait quelques années qu’on se réunit ici pour faire la fête. Les 2 km pour rentrer au camping sont un peu difficiles en fin de soirée, mais ça fait partie de ce qu’on aime ».

Antoine, lui, est ici en tant que bénévole. Amené de Metz par sa petite amie, c’est la première fois qu’il vient à Luxey. « C’est une expérience humaine vraiment enrichissante, explique-t-il. J’ai fait du théâtre donc j’irai forcément voir les arts de rue, et pour le reste j’ai programmé Tryo et le Scratch Bandits Crew. Je me plais bien ici », dit-il avec un grand sourire.

« 27 ans que ça dure », exulte Bruno Brisson. Lui qui a connu Luxey comme festivalier il y a 20 ans se félicite du succès de ce « pari fou » lancé il y a presque 30 ans. « Au départ, c’est l’histoire de quelques villageois qui s’amusaient entre eux, se souvient quant à elle « Mémé ». Habitante de Luxey depuis 40 ans, elle a vu le village évoluer autour de cette fête devenue festival, qui rayonne désormais dans tout l’Hexagone. Loin d’être nostalgiques des premiers temps, elle et sa fille Muriel se réjouissent de cette « très belle évolution ». Une évolution qui a su garder, selon elles, l’état d’esprit des premiers temps.

Une aubaine pour le villageLes Luxois sont d’ailleurs directement associés au festival. En plus d’être gracieusement invités, ils hébergent les artistes qui se produisent. « Nous avons logé Juliette, Bernard Lavilliers, et Karimouche, avec qui on est resté à chanter et boire du champagne jusqu’à trois heures du matin », raconte Mémé, les yeux encore pétillants.

« Les habitants nous livrent leur village, c’est normal qu’on leur rende un peu de ce qu’ils nous donnent », explique Bruno Brisson. « C’est une aubaine pour le village. Des jeunes viennent s’installer, le festival a permis d’enrayer la désertification. Une nouvelle salle de spectacle de 250 places a été construite pour garder une vie culturelle au long de l’année. Arno, Bernard Pivot ou encore Michel Leeb sont déjà passés. Jamais nous n’aurions pu leur offrir ça sans le festival ».

27 ans après sa première édition, Musicalarue poursuit donc tranquillement son histoire d’amour avec le village et ses habitants. Lundi, le rideau tombe sur le festival, et les Luxois retrouvent la quiétude de leur village. Les pulsations musicales laissent finalement place au chant des oiseaux. Mais villageois, bénévoles, artistes ou festivaliers, nombreux sont ceux qui attendent déjà, avec impatience, le retour de « leur » festival.

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