Musée des tumulus de Bougon : Félix va vous faire aimer les mammouths


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Musée des tumulus de Bougon : Félix va vous faire aimer les mammouths

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 25/03/2019 PAR Julien PRIVAT

Il s’appelle Félix. Il a plutôt un nom de félin. Mais il est bien plus vieux, et surtout bien plus imposant. Félix est un mammouth, il vient d’élire domicile jusqu’au 4 novembre prochain au musée des Tumulus de Bougon dans les Deux-Sèvres. Cet ancêtre des éléphants a été conçu en 2003 par Jack Thiney, un taxidermiste spécialisé en reconstitution des grands spécimens, pour une exposition « Au Temps des mammouths » au muséum d’histoire naturelle de Paris. « Il aurait dû rejoindre la galerie paléontologie du muséum, explique le père du mammouth. Il est finalement resté comme pièce d’appel de l’exposition ». Ce mastodonte a donc fait le tour de France et même du monde.

Jack Thiney, taxidermiste, a bénéficié du renfort des agents du département des Deux-Sèvres pour assembler son mammouth

L’assemblage est méthodique. Les pièces doivent s’emboîter au millimètre près. Alors que le tronc du pachyderme est soutenu par les poutres du bâtiment, dessous, six personnes, dont le taxidermiste et des agents territoriaux du département des Deux-Sèvres, positionnent méticuleusement les pattes. La reproduction de ce mammouth mâle adulte pèse tout de même plus de 500 kg et culmine à plus de trois mètres quarante de haut. Il faudra à peine plus de deux heures pour assembler Ies neuf pièces qui composent Félix. Jack Thiney mène l’exercice à la baguette. « C’est le treizième montage depuis 2003. J’ai avalé les plans. Personne ne peut le faire à ma place. », dit-il avec humour. 

Un mammouth conçu avec précision

Jack Thiney est un ancien taxidermiste spécialisé en reconstitution des grands spécimens du muséum d’histoire naturelle de Paris. Aujourd’hui, retraité, il reste donc encore actif. « On m’invite à suivre Félix partout où il se rend. Je suis son cornac (NDLR celui qui soigne et conduit un éléphant) ». Et bien plus qu’un soigneur, il est surtout son concepteur. Il a fallu entre 4 et 6 mois au taxidermiste pour réaliser ce mammouth laineux mâle adulte. « J’ai pris pour base un squelette exposé au musée royal de Bruxelles. » Le corps est sculpté en résine époxy, l’ossature est faite de tubes carrés métalliques. Le volume est réalisé grâce à du polystyrène spécial. Quant aux défenses, il s’est inspiré de celles qui étaient exposés à la galerie paléontologie du muséum d’histoire naturelle de Paris. Elles mesurent tout de même deux mètres quatre-vingts de long. Jack Thiney a également bénéficié des connaissances scientifiques de spécialistes de renom. Félix est la plus grande reproduction de mammouth de France. « J’ai essayé de faire attention à l’aspect scientifique. J’ai fait superviser la maquette par Pascal Tassy, un  spécialiste de l’espèce. Au moment où je fabriquais Félix j’ai eu de la chance. Un colloque mondial sur les éléphants était organisé, j’ai pu présenter mon travail à trois professionnels ». Ces derniers lui ont fait opérer quelques changements notamment sur la taille des oreilles qui étaient trop grosses. Enfin, la spécificité du mammouth reste ses poils laineux. « La fourrure est synthétique. Elle a été conçue sur mesure aux États-Unis. Il s’agit d’un mélange de feutre, de jarres de trente centimètres et de poils à la fois noirs, bruns et blancs. Cela donne de la profondeur et du réalisme », explique le taxidermiste. 

Dans sa carrière professionnelle, Jack Thiney a naturalisé des girafes, des guépards, des tigres, des hippopotames, des dromadaires et des éléphants. D’ailleurs, la réalisation qui l’a le plus marqué est celle de l’éléphant d’Asie, Siam, à la fin des années 1990. Il était né en 1946 en Inde et avait rejoint le zoo de Vincennes en 1964. Un éléphant imposant de six tonnes. « J’avais une lourde responsabilité, se souvient-il. Par rapport au mammouth, c’est un animal que les gens connaissaient. Il fallait respecter sa personnalité. » Aujourd’hui, Siam est toujours présent au muséum d’histoire naturelle de Paris.  Le taxidermiste a réalisé également un deuxième mammouth plus petit. « J’ai participé à la conception de celui exposé à la grotte Chauvet », précise-t-il avec passion.

A gauche, Jack Thiney, le taxidermiste qui a conçu Félix et à droite Elaine Lacroix, directrice du musée des tumulus de Bougon

Retour « Au temps des mammouths »

Après deux heures de montage, il tient tout seul. La directrice du musée des Tumulus de Bougon, Elaine Lacroix, y met également du sien. « Je passe un coup de peigne », s’exclame-t-elle toute guillerette en peignant à l’aide d’un balai les poils du mammouth laineux. Cela faisait quinze ans qu’elle rêvait d’accueillir l’exposition « Au Temps des mammouths ». La directrice l’avait découverte au muséum d’histoire naturelle de Paris. « J’en rêvais de Félix. Le muséum d’histoire naturelle de Paris cherchait à le vendre car il prend de la place et l’exposition circule de moins en moins. Il y a trois ans, ils m’ont demandé si nous pouvions le garder. Nous l’avons stocké dans un grand local au département des Deux-Sèvres. » Félix avait revu le jour pendant quelques mois au musée de la préhistoire des Eyzies (en Dordogne). Durant huit mois, il élira domicile dans les Deux-Sèvres au musée des Tumulus de Bougon. Elaine Lacroix ne doute pas qu’il attirera les foules. « Je vous dis que Félix va faire parler de lui. Ce sera la figure de proue de l’exposition ». Elle est encore en pleine installation. Il a fallu trois camions de dix-neuf tonnes pour amener toutes les pièces. Parmi elles, 279 ossements de mammouths qui forment la hutte de Myzin. « Les équipes du musée ont adapté l’exposition et dressent les vitrines dans lesquelles il y aura des défenses prêtées par des collections particuliers, il y a aussi des os et des molaires », précise la directrice. L’environnement des mammouths sera abordé à l’aide de panneaux, des modules, des films et de jeux interactifs. « On a gardé les concepts de la première exposition à Paris ». Celle du musée des Tumulus de Bougon se déroule du 5 avril au dimanche 3 novembre 2019. L’occasion pour tous de découvrir ce pachyderme qui vivait il y a 20 000 ans. 

Ce sera aussi la dernière sortie pour Félix qui a trouvé un nouveau lieu d’accueil. Après avoir parcouru le monde (il est allé avec l’exposition en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Nouvelle-Calédonie), il reviendra en Dordogne, au musée de la préhistoire des Eyzies qui l’a finalement acheté. 

Exposition « Au Temps des mammouth » à découvrir du 5 avril au 3 novembre au musée des Tumulus de Bougon. Plus d’informations : tumulus-de-bougon.fr 

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