C’est la photo de famille décennale attendue avec impatience par les acteurs du secteur agricole. Le recensement agricole livre depuis début janvier ses premiers résultats consolidés. A l’occasion de Rencontres de l’économie agricole des Pyrénées-Atlantiques, organisées en ligne en début de semaine dernière par la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, Pierre Etchessahar, Chef du service régional de l’information statistique économique et territoriale de la DRAAF Nouvelle-Aquitaine a relevé les spécificités du département au regard des grandes tendances agricoles de la Région. Et il n’en manque pas !
Premier constat dressé par le statisticien : « les Pyrénées-Atlantiques sont un département aux productions très diversifiées. Un des plus variés avec la Dordogne. » Une première particularité car si la Nouvelle-Aquitaine présente dans son ensemble de nombreuses productions, celles-ci se développent beaucoup par zones : vigne en Gironde et dans les Charentes, grandes cultures en Poitou-Charente, élevage extensif en Limousin… Les Pyrénées-Atlantiques sont à eux seuls « un concentré de cette variété ».
L’élevage majoritaire mais en souffrance
Si la ferme départementale reste diversifiée, elle n’échappe pas, bien que moins fortement, à la tendance à la spécialisation des exploitations, notée au niveau régional. Alors qu’en région, ce sont les cultures végétales qui sont majoritaires, seul le tiers des exploitations des Pyrénées-Atlantiques sont à dominante »grandes cultures ». Mais à l’exception de la viticulture, l’effectif des exploitations à spécialisation végétale s’accroît. En maraîchage, elles augmentent même de 63 %.
Si l’élevage reste majoritaire dans le département, « ces filières souffrent » constate le fonctionnaire. L’effectif des élevages se réduit en effet fortement : la moitié des élevages de bovin lait a disparu. En aviculture, le recul concerne surtout les micro exploitations, avec une baisse de 76 % de leur nombre et de -18 % pour les autres. « Les différentes crises sanitaires traversées depuis 10 ans, n’y sont peut-être pas étrangères », note le statisticien. Le nombre d’élevages porcins diminue quant à lui aussi de 14 %.
« Une densité d’exploitation particulièrement remarquable »
Dans les Pyrénées-Atlantiques, comme partout ailleurs, le recensement constate une baisse du nombre d’exploitations agricoles ; en 50 ans le nombre d’exploitations est divisé par 4. Mais cette baisse est sur la dernière décennie, moins marquée que sur le reste de la région (-18% au niveau du département vs -23% en région, quand la Dordogne par exemple affiche -27%). Avec 9760 exploitations, « la densité reste particulièrement remarquable : on est dans un rapport de 1 à 3 par rapport à la Creuse ou la Haute-Vienne », illustre Pierre Etchessahar. Appuyant que seul 2% de la Surface Agricole Utilisée a été perdue, « les surfaces libérées ne sont pas perdues et partent à l’agrandissement ».
Un agrandissement cela dit assez modéré par rapport aux autres départements de la région. En dix ans il est en moyenne de 19%, là où à l’extrême inverse les exploitations de la Corrèze ou de la Gironde ont gagné plus de 30% de SAU. Dans les Pyrénées-Atlantiques, la moyenne est désormais de 33 hectares. En aparté, le responsable du service statistiques de la DRAAF, tient à souligner que sur l’ensemble de la région « les agrandissements, contrairement aux idées reçues, profitent principalement aux exploitations d’élevage plutôt qu’aux céréales ».