Les petites merveilles d’Aqui! Les « petits » de mon jardin


Alice

Les petites merveilles d'Aqui! Les « petits » de mon jardin

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 17/11/2014 PAR Alice

Ils sont bien loin mes premiers envois de mails ! « Ne laissez pas vos enfants reprendre la voiture… Mon jardin les attend à bras ouverts ». Message sincère. Généreux, m’avait-on dit. « Tu ne crains pas d’être envahie ? »  J’étais sûre (et le suis encore) que je n’étais pas la seule. Habitants de Dax, de Bayonne ou d’ailleurs. Veinards des centre-ville, ces endroits stratégiques, au cœur même de l’épicentre du « tsunamistayre ». Phénomène estival qui se propage, inexorablement, de ville en village, chaque été, dans le Sud-Ouest.  La « communauté » des festayres s’en va de Pampelune jusqu’à Bayonne, de Dax jusqu’à Mont de Marsan… le grand pèlerinage ! Convivialité, emblème de notre région ! Alors, comment ne pas les accueillir, ces jeunes ?! D’accord, il a fallu user de quelques arguments. Pas gagné… Encore aujourd’hui, François tord un peu le nez quand tombent les premières estimations de l’invasion estivale.

« Heu, maman, si j’ai bien compté, rien que ma promo et les anciens d’Auzeville on sera… 30 ! ». Oups. Merci FaceBook ! S’il y en a autant par enfant… ça va être plus que serré. Heu pas possible, même !!! Moment de panique. Et les copains d’Alex ? Et l’équipe de Sylvère ?…« Mais, tu sais, ils ne seront pas là tous en même temps ! » Ouf, me voilà rassurée. Car ça, c’est sans compter les enfants de mes amis d’enfance. En fait, c’est simple ! Les amis de mes enfants et les enfants de mes amis… tous se retrouvent là. Petit à petit, parfois même avec un jour d’avance, ils débarquent. Transhumance, retour des estives, d’un tour du monde ou de vacances en famille. Echappés, juste pour quelques jours, de leur nouveau travail. Ils arrivent de partout. Se retrouvent. Laissent leur clef de voiture au tableau des festayres. Tout comme celles de mon petit bolide rouge, pas chic mais pratique, qui restera à quai pour la semaine.

« Alors, cette année comment ça s’est passé ? » « C’est pas vrai ! non ?! Tim ? Mais ils donnent l’agrégation à n’importe qui ! ». « Et toi, tu pars quand à la Réunion ? ». Et puis the question : « Je mets où ma tente ? ». On verra ce soir. Quelques petites choses à régler au bureau… je reviens tout à l’heure. Bref. « Alice regarde, j’ai tondu le jardin. On peut installer nos tentes maintenant ! ». Et mes iris ?! Regard penaud. Baptiste ne sait plus où se cacher. Passés sous les lames de la tondeuse, les iris seront transformés, le soir-même, en un magnifique bouquet de Lys. Et de gros bisous. « Oh ?! Cochonou ! ». Laurie débarque de Perpignan. On lui a dit rouge et blanc. Elle passe le portail, vêtue d’une jolie chemisette à carreaux. C’est parti. Elle s’appellera désormais Cochonou. Mais elle n’est pas seule. Robes, bermudas, shorts, espadrilles, chemises, nappe de la table du jardin… tout le monde applique le code. Et la ville se pare des couleurs de la fête. Comme tous, venus là pour chanter, danser. Bref, faire la fête et parler, parler, parler encore, jusqu’au bout de la nuit. Cinq jours, non-stop, de chants, éclats de rire, bandas, rencontres improbables, découvertes. Avec toujours, toujours, ce besoin de discuter, de « batailler », comme on dit ici. Echanger simplement avec des inconnus-confidents d’un soir. Cela se confirme. Au petit matin, enfin vers 11h, quand les têtes émergent des tentes… les voix sont, légèrement, cassées. Mais, dès le premier café avalé, les regards, un temps hagards, retrouvent vite leur jovialité et leur pétillant. « Alors « Stop » ça va mieux ? Pas mal pour un premier soir ! ». « Et vous, vous êtes rentrés à quelle heure ? ». «  Un peu plus de pâté pour tremper dans ton café, Bob ? ». Devenu maître dans l’art de tartiner, Bob-le-pâteur s’attaque au pâté de Mamie-Croucrou. Les histoires croustillantes de la veille occupent la matinée. Chacun rajoute sa version, ses détails. Et l’on rit, encore et encore. Des semaines après, avant de tirer leur révérence pour l’hiver, les feuilles des tilleuls en frémissent encore. 15h, la sieste s’impose. La plage, ce sera pour une autre fois. Le jardin s’endort. Avec les petits de mon jardin. Tapis de sol, serviettes et duvets prennent l’air. Le soleil chatouille les plantes de pieds, abandonnées à la chaleur de ses rayons. 

Quelques retardataires arrivent encore à la mi-temps des fêtes. Il va falloir à nouveau lire le cahier. Tout un programme. « On dit bonjour, Alice », « on ne critique pas Marc L.», « on ne débranche pas le chauffe-eau pour recharger la batterie de son portable », « on ne tague pas la chienne, ni en orange, ni dans une autre couleur », « on est à l’heure pour la daube de Toro », « on ne roule pas Estelle dans le sable, surtout après l’avoir badigeonnée de mayonnaise »… Longue liste. Fruit de quelques années d’expériences et de collectes de bons et mauvais points. Le cahier regorge de ces règles de vie censées faciliter la cohabitation. Cette année, nous rajouterons « on n’offre pas de trompette à François ». A force, tous connaissent ces règles par cœur. Et surtout, leur histoire. Mais les nouveaux découvrent avec attention, religieusement, respectueusement. Quelques explications, et les voilà dans l’ambiance.

Quel bonheur de les voir autour de nous. Fourmilière par moment. La gazinière des fêtes est de sortie. C’est la queue à la douche. Une équipe est partie au ravitaillement : thon, mayonnaise, pâtes… c’est le régime. « Ah, non… c’est dans le cahier : vous vous êtes engagés à manger des légumes, au moins une fois dans la semaine ! ». Daube de toro, piperade, et même, de superbes melons venus tout droit de chez les parents de Komack. « Vous n’y échapperez pas !». De son côté, très inspirée, Flo invente une recette : délicieuse la brioche tartinée à la daube de Toro ! Moment génial où les idées, les jeux de mots… se testent, sans préjugés. La créativité-joyeuse. Le jardin vit comme jamais. Champignons de toutes couleurs. Les tentes ont poussé en un rien de temps

Quelle gaîté ! La bodega d’Alex a repris sa place. Sorte de « talenquère » nomade, elle nous rassemble pour d’interminables apéritifs. Les voisins, les amis qui passent dans la rue… sont les bienvenus. Discussions hautement philosophiques ou, au contraire, humour potache et répétitif. Merci pour la trompette offerte à François, les gars ! Les voisins s’en souviennent encore. Mais, quel régal, quelle énergie, ce mélange d’amitiés. L’âge n’est pas la question, les études non plus. François et moi nous enivrons de leur insouciance joyeuse. Les enfants de mes amis grandissent. Adultes, ils deviennent nos amis.  On prend des nouvelles, on se raconte les derniers potins. « Non, c’est pas vrai, il a fait ça ? » et on pouffe comme des gosses. Comme autrefois, avec leurs parents.  On médit, on « pipelette ». Les absents ont toujours tort. « Et, tu sais pas la dernière… ?».  Les amis de mes enfants tendent l’oreille. « Mais, vous êtes de la même famille ? ». Presque…

Il est temps de se changer. Nouvelle tenue, rouge et blanc, bien sûr ! François revient, moi je pars. Comme beaucoup dans la ville, nous assurons, chacun notre tour, une permanence à la Bodega. Géniale, la fête de ce côté du comptoir ! Les petits de mon jardin viendront m’y retrouver. Karaoké géant ; ensemble, nous nous égosillons. D’un bout à l’autre du comptoir je danse, tout en servant bières et tapas. Et puis, je craque. « Quand la musique est bonne… » Je passe de l’autre côté. « Alors, ce rock, on se le fait ? ». Au petit matin, j’ai les jambes en compote. Je rentre, épuisée, mais des images de pleins les yeux.  Les yeux d’Emilie dans la tête. Retour sous escorte de quelques petits de mon jardin, venus me chercher. Ils ont fait le tour des bodegas, suivi une banda et sont allés écouter un concert, un bon « sandwich-réparateur », à la ventrèche, à la main. « On fait un arrêt au banc de la Halte ? ». On s’assied, les uns sur les autres. Le petit banc, au coin de la rue, comme chaque soir nous accueille. Les yeux dans le vide, on regarde passer les derniers festayres de la nuit. « Bonne nuit ! ». On repart. 3h du matin. Débriefing dans le jardin. Tout le monde au rapport. A ne manquer pour rien au monde. Autour de la table, devant un verre d’eau pétillante bien méritée… on finit la soirée. Petit à petit, par petit groupes, les derniers rentrent au bercail. « Paul a retrouvé Marc, fabuleux, non ?! », « Et tu sais qui on a vu ? » C’est reparti… « Bon, les gars, au lit maintenant ! » En bon capitaine de son équipe, mon petit dernier sonne l’heure du coucher. Luigi, du haut de ses 1,90 m, obtempère sans mot dire. Comme un robot, hop, debout, demi-tour. Direction la tente. Antoine, lui, n’ira pas plus loin que le hamac.

Demain sera un autre jour…

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