Les lauréats régionaux inspirés et inspirants


La remise des Trophées de l'agroécologie a permis de mettre en valeur 4 exploitations agricoles innovantes et exemplaires d’une agriculture à la fois productive et respectueuse de l’environnement.

Image d'illustration : méteilLe8867

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 19/04/2022 PAR Solène MÉRIC

La preuve par l’exemple. Voilà en quelque sorte la logique des Trophées de l’agroécologie organisés chaque année par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, avec le soutien du Crédit agricole. En mettant à l’honneur des agriculteurs aux démarches exemplaires, ce concours veut démontrer que l’agriculture peut-être positive non seulement en termes d’impact environnemental, mais aussi social, tout en assumant son absolue nécessité à être économiquement viable. Les 4 lauréats régionaux des Trophées de l’agro-écologie, dont les pratiques cochent toutes ces cases viennent de recevoir leur prix à Bordeaux. L’un d’eux Dominique Gaborieau, installé en Vienne est aussi lauréat du Trophée national !

Une agriculture à la fois productive, compétitive et s’appuyant sur les services rendus par la nature, tout en la respectant… C’est le pari que réussissent chaque jour à tenir le GAEC des Saints, le GIEE Agroréseau 64, le GAEC des Escures et l’EARL Gaborieau, les 4 lauréats des « Trophées de l’agroécologie», qui ont reçu au début du mois, leur prix des mains du Directeur régional de l’agriculture et de la Forêt, Philippe de Guénin et du responsable Agriculture du Crédit agricole Aquitaine, M. Charbonnier

Si leurs démarches agricoles, à la triple performance économique, sociale et environnementale ont ainsi été félicitées, c’est le caractère innovant de leur démarche qui est aussi souvent mis en avant. Une innovation, tant dans la qualité de la synergie des actions entreprises au sein des exploitations, que dans l’application de nouveaux itinéraires techniques ou la mise en place de nouveaux partenariats ou d’actions de communication originales.

Les moutons entretiennent les vergers du GAEC des Saints et de ses voisins

La premier des lauréats est le GAEC Des Saints, située à Marcillac-Saint-Quentin près de Sarlat en Dordogne. Les 3 associés du Gaec, Adrien Veysset, Patrick Aussel et Sabine Moynac conduisent un troupeau de brebis viande et pratiquent le pâturage tournant et le pastoralisme afin de valoriser les ressources locales avec notamment l’agneau pastoral du sarladais, qui vient certifier la “qualité environnementale” de l’exploitation qui est à l’origine du produit.

S’ajoute à cela une production de noix en agriculture biologique et AOP Périgord, permettant la production de noix coques, cerneaux de noix sous vide, farine de noix et huile de noix. Dans ce système, les moutons sont utilisés pour l’entretien des vergers en lieu et place du broyage mécanique ou de l’utilisation de produits phytosanitaires. Cette activité initialement développée sur l’exploitation, a d’ailleurs su séduire les exploitations voisines qui désormais accueillent également les moutons en pâturage.

Enfin, jamais à court d’idées, le GAEC produit aussi depuis 2018 de l’huile de colza, de la culture à la bouteille. Pressée à froid, sans additifs ni conservateurs, gage de qualité, l’huile est conditionnée sur l’exploitation. Cerise sur la gâteau de l’excellence environnementale : le GAEC est certifié HVE niveau 3 !

Autonomie alimentaire du troupeau: le pari réussi du GAEC des Escures
Avec deux lauréats sur quatre, le Périgord est bien représenté dans ce palmarès de l’agroécologie ! En effet, le prix de l’innovation a été attribuée au GAEC des Escures à Azerat, situé à mi-chemin entre Périgueux et la voisine corrézienne de Brive-la-Gaillarde. Dans cette ferme d’élevage, M. Brachet développe depuis plus de 15 ans des techniques culturales visant à l’autonomie alimentaire du troupeau laitier.

Pour ce faire, il a fallu d’abord améliorer les propriétés organiques du sol en mettant en place une agriculture de conservation des sols (de l’arrêt du labour systématique jusqu’à la culture en semis direct notamment), puis diversifier les cultures, se mettre à la production du foin, et assurer un doublement de la durée de pâturage du troupeau. Les bovins sont à l’herbe 210 jours par an depuis 2020, contre 100 jours avant 2018 ! Des efforts récompensés puisque désormais l’exploitation peut s’affranchir des tourteaux de soja (OGM…) importés.

 

Agroréseau 64 : l’agroécologie à l’échelle d’un département
Dans la catégorie démarche collective, direction les Pyrénées-Atlantiques et les initiatives portées par le GIEE Agroréseau 64. Dans un département où la monoculture de ,maïs occupe une grande place, la vocation de cette association est le développement de l’agroécologie et de l’agriculture de conservation des sols sur l’ensemble du département.

Objectif : maintenir la fertilité des sols au travers de différentes techniques telles que le développement de couverts végétaux, la modification des assolements et des rotations, la réduction des intrants, la réduction du travail du sol, l’autonomie alimentaire ou encore l’agroforesterie. L’association vise aussi dans le même élan, la diminution des charges et la valorisation des productions ainsi que l’amélioration des conditions de travail. A travers ces différents groupes d’échange et d’animation sur le terrain, Agroréseau 64 assure un accompagnement collectif des agriculteurs sur ces voies positives, tout en luttant contre l’isolement des exploitants.

 

Agroécologie, lien social, biodiversité,… l’EARL Gaborieau a tout bon

Enfin, le Jury des trophées régionaux de l’agroécologie de Nouvelle-Aquitaine a également désigné comme lauréat de l’édition 2021-2022, l’EARL Gaborieau. Forte de 206 ha de SAU, cette exploitation de grandes cultures située à Genouillé dans le Sud de la Vienne, s’est engagée depuis plusieurs années dans une démarche agro-écologique. Rotations longues, incluant des cultures fourragères, des protéagineux et des méteils, des cultures associées et des inter-cultures permettant une couverture du sol optimum, ont permis de réduire significativement l’utilisation de produits phyto-pharmaceutiques. S’ajoute à ces changements, depuis 5 ans, le recours au semis sous couverts que permet une forte diminution du travail du sol.

Mais l’innovation, et la démarche agroécologique de l’EARL n’est pas menée en solo ; Dominique Gaborieau a mis en place des collaborations entre son exploitation (sans élevage) et les exploitations d’élevage qui l’entourent. Le pâturage des couverts végétaux et des prairies par des brebis, l’échange foin/fumier avec un élevage équin, et enfin les échanges luzerne/fumier et paille /fumier avec des élevages bovins permettent à l’agriculteur d’améliorer les propriétés de ses sols tout en développant du lien social avec d’autres agriculteurs du territoire. A l’image aussi de cet apiculteur qui élève ses abeilles sur l’exploitation en contrepartie de 30 kg de miel. Ce miel, dilué dans de l’eau, est ensuite épandu sur l’ensemble de ses cultures en guise de complément nutritionnel !

Remise du trophée régional de l'agroécologie à Dominique Gaborieau à la Draaf Nouvelle-Aquitaine à BordeauxCrédit agricole Aquitaine

Remise du trophée régional de l’agroécologie à Dominique Gaborieau à la Draaf Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux

Si la présence de ruches est favorable à la biodiversité fonctionnelle, Dominique Gaborieau ne s’en contente pas. Il a aussi mis en place des bandes enherbées et des prairies bio à proximité des habitations, sans oublier la plantation de haies. L’installation de perchoirs à rapace destinée à lutter contre les campagnols vient également complèter ces mesures.

Autant d’innovations et de bonnes pratiques éprouvées, qui ont également mené le Jury national des Trophées de l’Agroécologie a désigné l’EARL Gaborieau lauréat national.

 

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