Les anciennes salariées d’Arena Libourne peinent à reconstruire leur vie


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Les anciennes salariées d'Arena Libourne peinent à reconstruire leur vie

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/05/2008 PAR Nicolas César

C’était le 31 mars 2007, Arena, fabricant de maillots de bain et sponsor de la championne Laure Manaudou, fermait son usine de Libourne, la seule qu’il possédait dans le monde, pour délocaliser sa production en Chine. 161 personnes, pour la plupart des femmes, des ouvrières d’une cinquantaine d’années, étaient licenciées pour « sauvegarder la compétitivité du groupe ». « Ça a été un choc. On ne s’y attendait pas. C’est une grosse remise en question. A 44 ans, je me suis demandé si j’étais capable de faire autre chose », confie Corinne Abellan, qui a travaillé 25 ans à Arena. D’autant plus, que dans la région, les perspectives d’embauche sont limitées : 55,8 % des femmes du bassin du Libournais sont sans emploi. « Quand je postule pour un emploi, on ne me répond même pas. Je n’ai qu’un CAP couture. Que voulez-vous que je trouve à mon âge, à 55 ans ? », s’interroge Francisca Bouquey, 35 ans d’ancienneté. La cellule de reclassement d’Arenane lui a proposé que des postes dans le secteurde l’aide aux personnes âgées ou du bâtiment… A l’amertume, se même un profond sentiment d’injustice. « Je ressens comme un grand vide. Pour moi, Arena, c’était comme une seconde famille. Et, j’aimais mon métier », se désole t-elle.

« Arena, c’était comme une seconde famille »
Corinne, elle, a accepté de s’orienter vers le milieu médical. « J’ai un crédit sur ma maison, une fille de 20 ans qui veut faire une école de commerce, je n’ai pas le choix.J’ai donc fait des formations en maisons de retraite, en crèches… ». Des efforts qui se sont révélés payants, puisqu’en décembre dernier, elle a décroché un CDD de six mois à l’hôpital Robert Boulin à Libourne, en tant qu’agent employé qualifié (AEQ). Pour autant, elle regrette Arena. « J’ai un travail, mais je vois moins ma famille. A l’hôpital, je travaille un week-end sur deux et les jours fériés. L’ambiance n’est pas la même. Et en plus, j’ai perdu 200 euros de pouvoir d’achat ».

D’autres au contraire ont réussi à tourner la page, en créant leur entreprise, avec leurs primes de licenciement (12 000 euros et 400 euros par année d’ancienneté). Ainsi, Nathalie Lafaye, 38 ans, dont 21 ans à Arena, a ouvert le 2 octobre une boutique de couture à Saint Sulpice de Faleyrens, à deux kilomètres de Saint Emilion. Pour l’heure, elle ne peut encore se payer, mais « j’ai du travail et je vois des gens, c’est l’essentiel. Heureusement, mon mari travaille », rappelle t-elle.

Au final, sur les 161 salariés licenciés, 32 ont aujourd’hui un CDI, 11 un CDD supérieur à six mois, 6 ont créé leur entrepris, mais 27 sont toujours en cours de reclassement et 25 sont dispensés de recherche d’emploi (retraites…).Pour beaucoup, quitter Arena a été un traumatisme. « On a perdu un salaire, mais surtout des amis. On nous a jetés comme des malpropres après 20, 30 ans de maison, dans le seul but de dégager un profit maximum. Alors, nous aussi on va demander le maximum ! », s’insurge Michèle Paludetto, 55 ans. Comme elle, 92 ex ouvrières d’Arena réclament désormais 50 000 euros supplémentaires d’indemnités. « Nous contestons le motif économique du licenciement. La direction d’Arena nous explique qu’elle a voulu préserver sa compétitivité, mais elle a fermé une usine qui faisait des bénéfices ! Sans compter qu’Arena a récupéré 3,5 millions d’euros de la vente de son usine », note un de leurs avocats, Me François Ruffié. De son côté, Nicolas Préault, le directeur général d’Arena France assure que « si l’usine de Libourne n’avait pas été fermée, le groupe serait aujourd’hui en difficulté ». Hier, au tribunal d’instance de Bordeaux, le juge départiteur n’a pas tranché. Il a mis sa décision en délibéré au 8 septembre.

Nicolas César

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