Le traité de Lisbonne : Michèle Delaunay et Henri Emmanuelli de l’abstention au non


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Le traité de Lisbonne : Michèle Delaunay et Henri Emmanuelli de l'abstention au non

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/02/2008 PAR Nicolas César

Michèle Delaunay : Au sujet du traité de Lisbonne, des débats remarquables ont eu lieu au sein du parti socialiste. Et, tout le monde avait un peu raison. C’est vrai, lorsque quelqu’un dit : ce qu’a fait un referendum, seul un referendum peut le défaire. Mais, c’est aussi vrai lorsque on dit que le parti socialiste dans sa majorité s’est exprimé pour le oui, il y a une cohérence à le faire encore. il y a un moment, où il faut jouer la cohérence du parti, surtout face à une manœuvre politique. La procédure va durer de quatre à six semaines, juste avant les élections municipales. Nicolas Sarkozy souhaite faire éclater ses divergences au grand jour et les utilise à des fins électorales.

En connaissance de cette basse stratégie politique, le parti socialiste a essayé d’avoir l’attitude la plus homogène possible, c’est à dire de mettre la cohérence du parti au-dessus de quelques désaccords plus on moins graves. Nous avons cherché quels étaient les meilleurs dénominateurs communs. Le parti socialiste a décidé que nous irions au traité de Versailles. Mais, nous nous abstiendrons pour manifester notre désapprobation. Car le Président de la République n’a pas retenu la procédure référendaire. Quand viendra devant nous le traité constitutionnel, nous voterons comme la majorité du parti socialiste.

Ceci dit, il y a bien évidemment des voix dissonantes. En Aquitaine, il y a celle d’Henri Emmanuelli. Il préfère clamer sa différence et ne pas mettre l’homogénéité du parti, la cohérence, j’oserai dire la discipline, au-dessus de la volonté d’exprimer sa propre pensée. Dans l’attitude de synthèse, tout le monde met le mouchoir sur ce qu’il pense. Si je n’appartenais pas à un parti, j’aurais moi-même voté oui à Versailles et oui au traité constitutionnel. Donc chacun à un effort à faire. Je trouve très regrettable que tous ne le fassent pas.

Henri Emmanuelli : Je voterai contre la modification constitutionnelle au congrès de Versailles et contre la loi. Il y a un moyen très simple de ne pas suivre les manœuvres de Sarkozy, c’est de ne pas suivre le vote. Ca me parait très logique. Certains au PS n’ont jamais accepté d’avoir été battus lors du référendum de 2005. Et ils se prêtent au mauvais coup de Sarkozy. Ils ne veulent pas consulter le peuple, parce qu’ils savent que le peuple n’est pas d’accord. Je ne confonds pas le suffrage universel avec la manœuvre du parti socialiste. Ce ne sont pas 50 personnes au PS qui vont décider pour 55% des français. J’y étais au PS lors des discussions. : 30 était pour le oui, 26 pour le non, c’est ça un vote l’unanimité ? Je vous parle au contraire de millions de français. Je tiens à rester fidèle aux engagements que j’ai pris devant mon électorat lors des dernières législatives.

Le PS, Ségolène Royal se sont engagés pour l’organisation d’un référendum. Les électeurs nous élisent pour voter des lois et non les priver de leur pouvoir. Tout le reste c’est de la littérature, et de la mauvaise littérature ! Le peuple français s’est exprimé à 55%, il comprenait 70 % de l’électorat de gauche. C’est la première fois de la République qu’on va priver d’une partie de son pouvoir le peuple français de son pouvoir légitime.

Charlotte Lazimi

 

Point de vue : Le traité européen « en » Congrès à Versailles ou l’immense responsabilité des élus PS.

On se souvient des débats passionnés qui avaient suivi en 2005 le rejet de la Constitution européenne par référendum: Il n’y a pas de « plan B », l’Europe est en crise, l’Europe est en panne. Trois ans plus tard, qu’en est-il ? L’Europe a continué de fonctionner tant bien que mal et le « plan B » est enfin arrivé sur la table : c’est le Traité de Fonctionnement de l’Union Européenne ou Traité de Lisbonne que tous les observateurs s’accordent à considérer comme la « copie conforme » du Traité Constitutionnel Européen.

Des voix se sont élevées, à gauche, pour réclamer, au nom de la démocratie, un nouveau référendum sur ce texte. « Ce que le peuple a fait, seul le peuple peut le défaire » Cette question de principe était d’ailleurs une des promesses de la candidate socialiste à la présidentielle, qui revendiquait son attachement à toutes les formes de démocratie participative.

Au fait, quel est le contenu du Traité Modificatif de l’Union ?

Il serait également légitime que les citoyens français et européen puissent avoir accès à ce texte important au moment où une grave crise financière et économique secoue les Etats-Unis et l’Europe : le baril de pétrole à 100 dollars va finir par durablement pénaliser notre économie, le dollar fort pénalise nos exportations, la crise des subprimes américains contamine les grandes banques et les places boursières européennes. Est-ce que les dispositifs de « gouvernance économique » prévus par le Traité de Lisbonne, et notamment le pilotage de la Banque Centrale Européenne, seront efficaces pour sortir de la crise ? Est-ce que ce nouveau traité aidera à résoudre les problèmes de désindusrialisation, de chômage persistant, de la qualité des services publics, de pouvoir d’achat, bref est-ce qu’il va améliorer notre vie quotidienne ?

Les contorsions du PS

Curieusement, on n’entend guère parler, dans les médias et dans le monde politique, de ces problèmes de fond. L’attitude du Parti Socialiste apparait sur ce point bien peu lisible : à l’Assemblée, les socialistes ont demandé, avec les communistes, que l’on organise un référendum, au motif que c’est une exigence démocratique fondamentale. Sans surprise leur proposition a été repoussée. En revanche, lors d’un vote crucial qui peut faire rendre obligatoire l’organisation de ce référendum, les dirigeants socialistes ont déjà annoncé qu’ils s’abstiendraient : en effet, ce 4 février, le Congrès, qui réunit députés etsénateurs à Versailles, doit approuver à la majorité des 3/5° une révision de notre propre consitution pour la mettre en conformité avec le traité de Lisbonne. Si toute la gauche avait fait le choix de voter « non », cette majorité ne serait pas atteinte et un référendum devrait être immédiatement organisé pour ratifier le traité.

Vincent Goulet

 


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