Le président d’Euralis dénonce le « torrent d’erreurs » déversé sur le monde paysan


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Le président d’Euralis dénonce le « torrent d’erreurs » déversé sur le monde paysan

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/11/2014 PAR Jean-Jacques Nicomette

Quelques éditoriaux, mais aussi une phrase prononcée par le ministre, Stéphane Le Foll, l’irritent. « Il a déclaré que le barrage de Sivens n’est pas destiné à l’agriculture productiviste intensive et au maïs irrigué. C’est une manière de clouer au pilori une culture qui est présentée comme une plante à bannir ». C’est aussi, ajoute-t-il, contribuer à alimenter un discours négatif dont le monde paysan souffre depuis belle lurette. Alors qu’il représente près de 20% des emplois en France, dont 71 000 chefs d’exploitation et 24 000 salarés de l’agro-alimentaire pour la seule région Aquitaine.« On ne part pas à l’abordage d’un champ avec des tonnes d’engrais »De là à tordre le cou à quelques idées reçues, il n’y a qu’un pas. Par exemple sur l’utilisation des produits phytosanitaires « En 2001, on en épandait 99 000 tonnes en France. Dix ans plus tard, cette quantité est passée à 71 000 tonnes. On est dans une vraie inversion de la tendance ».

Un même constat est fait pour les nitrates. « En Aquitaine, on en trouve moins de 20 milligrammes par litre pour les taux les plus importants relevés dans les eaux superficielles. C’est nettement en dessous de la norme historique qui est de 50 milligrammes ».

Certes, reconnait-il, des erreurs ont, comme partout,   été commises. Mais les pratiques agricoles s’affinent. Christian Peès en veut pour preuve les documents d’analyse des sols que les exploitants utilisent pour conduire leurs cultures, avec état des lieux, conseils de fumure, caractéristiques physiques, biologie. « On ne part pas à l’abordage d’un champ avec des tonnes d’engrais fertilisants » assure le président d’Euralis. Tout en rappelant que les progrès réalisés en matière de génétique ont permis de rendre 80% des blés panifiables. Soit deux fois plus qu’il y a quinze ans. « L’agriculture productiviste s’améliore en prenant en compte les demandes légitimes des consommateurs . Depuis 1950, le nombre des  intoxications alimentaires (15 000 morts à l’époque) a été diminué par cent « .

 » La France est un pays bizarre »

Prétendre que les pratiques agricoles accroissent le ruissellement des eaux est également une erreur, poursuit Christian Peès, qui a reçu une formation de géographe. « L’érosion par l’eau est l’une des caractéristiques du climat méditerranéen. Par contre, ce qui est du à l’activité humaine, c’est l’implantation. En fait, dans la plaine de Nîmes, il ne devrait rien y avoir du tout. »

Quant aux attaques lancées contre la gestion agricole de l’eau, elles ne manquent pas de le surprendre. « En raison du réchauffement climatique, l’eau sera désormais moins bien répartie entre les saisons, avec des printemps et des hivers plus pluvieux, et des épisodes secs plus intenses. On a donc intérêt à la stocker. Mais la France est un pays bizarre.  Au Portugal, comme partout ailleurs dans le monde, on lutte contre le réchauffement en créant des réserves en eau. Chez nous, on dit : il faut arrêter de cultiver. C’est ridicule.

« Même s’il y a des endroits où il est moins adapté,  le maïs est la plante la plus riche de la terre » assure-t-il.  » L’eau doit par contre être gérée. A une époque, on la jetait sur les champs.  On est passé ensuite au canon d’arrosage, puis  aux  pivots et aux grands bras qui permettent une  vaporisation. Sans parler des sondes capacitives  permettant de mieux ausculter la terre. En Aquitaine, les surfaces irriguées sont passées de 270 000 à 248 000 hectares, avec une nette réduction du gravitaire. »

« Le moindre chantier démarre chez nous par une zone à défendre »Comment expliquer dès lors les affrontements survenus en Midi-Pyrénées ?  « « Sivens , où le projet est dix fois moins important que la réserve d’Eslourenties, qui se trouve en Béarn,  n’est pas classé en zone vulnérable ou Natura 2 000. Un combat, qui peut être légitime,   y est mené  par des personnes disparates : des anti-système qui vont de l’environnementaliste pacifiste au militant politique extrémiste ».

« Mais désormais, le moindre chantier démarre chez nous sur une  zone à défendre. On ne peut plus rien faire. Pendant ce temps, les autres avancent . En Allemagne, une agriculture productiviste forte se développe avec l’accord des Verts, qui sont puissants. Et des fermes « 1000 vaches », il y en a des dizaines. »

 » Pourquoi n’y arrive-t-on pas en France ?  On voit bien que notre société ne sait pas trouver du consensus, et qu’elle reste sur des logiques d’affrontement. Il faut que l’on progresse par crises. Mais à force d’être contre tout, on est en train de se suicider. »

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