Le futur de l’exploration spatiale se prépare à Mérignac


La startup The Exploration Company développe un véhicule spatial de transport réutilisable, capable de réapprovisionner des stations orbitales ou lunaires. Symbole du futur de l'exploration spatiale, elle annonce une levée de fonds de 40,5M

Alain Rousset et Hélène Huby observent le Bikini, premier prototype construit par The Exploration CompanyLéo Marchandon | Aqui

Hélène Huby, fondatrice et directrice générale de The Exploration Company, (à droite) et ses équipes, ont récemment reçu la visite d'Alain Rousset. L'occasion de découvrir le premier prototype.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 01/02/2023 PAR Léo Marchandon

Les mots d’Hélène Huby, cofondatrice et directrice générale de The Exploration Company, invitent à rêver d’exploration : « au cours de cette décennie, nous verrons l’humanité s’étendre dans l’espace et construire des stations spatiales, parfois en partenariat avec le secteur privé, autour de la Terre et de la Lune, ouvrant la voie à l’installation durable des humains sur la Lune et au-delà. »

Déjà fleuron de l’industrie européenne, la startup a été créée il y a 18 mois seulement et compte actuellement 50 employés. Basée à Mérignac et à Munich, elle a déjà obtenu 2,5 millions d’euros en contrats publics auprès de la BPI, de l’ESA et d’autres partenaires, et vient d’annoncer une levée de fonds de 40,5 millions d’euros, un record pour une start-up dans le domaine spatial.

Au sein de la mission Ariane 6 en 2023 

Depuis le désorbitage de la station russe Mir en 2001, la station spatiale internationale (ISS) s’est sentie seule un moment avant d’être rejoint par la station spatiale chinoise (SSC) l’an dernier. Leur nombre n’ira désormais qu’en augmentant : entre 5 et 6 stations spatiales, publiques comme privées, sont en développement et pourraient rejoindre l’orbite de notre planète dans les années qui viennent. L’Union Européenne, elle, n’en possède pas encore. Ces stations, qui visent à accueillir des missions habitées, auront besoin de logistique : des véhicules de transport, réutilisables, pour déplacer du cargo ou des personnes. Précisément ce que développent les équipes de The Exploration Company.

L’entreprise a remporté un concours de l’ESA et sera la plus jeune start-up à travailler au sein de la mission Ariane 6 prévue pour 2023. Elle y intégrera un premier prototype, le « Bikini », version réduite de son véhicule final. L’occasion d’un test grandeur nature, et de récupérer une quantité de données précieuses pour leurs équipes. « Si on réussit, on va inspirer », sourit Hélène Huby, PDG de la start-up. « Ce sera la première fois qu’on sera dans l’espace, c’est important pour nous ». Un second démonstrateur plus grand, « Mission Possible », sera lancé en 2024. « Il est 100% pré-réservé, il y aura à bord 300 kilos de charges utiles ».

Objectif Lune

Le Nyx Earth, version finale du véhicule, devrait être fonctionnel pour 2026. Il sera rejoint en 2028 par sa déclinaison lunaire, le Nyx Moon. Ils pourront être ravitaillés en orbite, car ils utilisent des lanceurs liquides, réutilisables, de nouvelle génération. Ils pourront également servir de véhicule de ravitaillement pour des stations orbitales ou lunaires. Agnostique, la startup vise à rendre son véhicule compatible avec tous les partenaires potentiels pour ne pas avoir à dépendre des résultats d’une seule fusée.

Un développement éclair, qui surprend moins lorsque l’on s’attarde sur l’équipe, composée d’experts internationaux provenant d’entreprises telles qu’Airbus, Safran et Ariane. « Les mamans et papas de l’entreprise, la majorité ont travaillé sur Orion », révèle Hélène Huby. Véhicule star de la NASA, Orion est la capsule qui doit emmener les prochaines missions habitées vers la lune, à l’horizon 2024.

The Exploration Company travaille sur plusieurs compétences stratégiques de pointe, développées ici en Nouvelle-Aquitaine : les systèmes de propulsion, les systèmes d’amarrage et la protection thermique réutilisable et la propulsion orbitale verte. Moins « bling-bling », les systèmes d’amarrage ne sont pourtant pas moins clés car il s’agit d’une technologie qui n’est pas maîtrisée en Europe, les véhicules de l’ESA utilisant un système développé en Russie. La startup développe également des techniques de propulsion nouvelle génération utilisant des lanceurs fonctionnant avec un carburant liquide vert.

Le chêne-liège, ingrédient clé de l’exploration spatiale ?

Le véhicule est conçu pour être réutilisable et doit donc surmonter un challenge de taille : la rentrée dans l’atmosphère. Cette manœuvre ardue fait subir au véhicule des températures extrêmement élevées. Celui-ci doit donc être paré d’un bouclier thermique pour assurer sa protection ainsi que celle de ses éventuels occupants.

Le « Bikini », premier prototype miniature du véhicule développé par The Exploration Company.

La solution développée par The Exploration Company semble, au premier abord, surprenante : il s’agit d’un matériau composite à base de liège et de résine, déjà testé avec succès sur Mars. Ce choix audacieux permet aux équipes de réduire drastiquement les coûts. Ils proposent un prix de 25 000 euros par kilogramme lancé, contre 100 000 euros en moyenne actuellement sur le marché.

La startup opère ici un calcul astucieux : le véhicule doit être réutilisable, mais pas forcément le bouclier. Pensé comme un consommable, à l’instar des pneus d’une voiture, ce bouclier en liège est facilement remplaçable et peu couteux à produire. Encore plus à Mérignac, à proximité du liège landais. Le chêne-liège, arbre indigène de la région et matière première d’une industrie historique de la région, au secours des technologies du futur qui s’y développent aujourd’hui.

Une levée de fonds record

The Exploration Company annonce une levée de fonds de 40,5 millions d’euros en série A. Le tour de table a été mené par EQT Ventures et Red River West avec la participation de nouveaux et anciens investisseurs, parmi lesquels Promus Ventures, Cherry Ventures, Vsquared, OMNES Capital, July Fund, Partech, Habert Dassault Finance, le fonds Sista et Schlumberger.

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