Le Courrier Français s’affranchit de la tutelle de l’Eglise et veut ses éditions


Les quinze associations diocésaines propriétaires du Courrier Français et de son imprimerie - une centaine de salariés au total - se sont retirées du capital et ont cédé leurs parts à cinq cadres du groupe dont Bernard Cattanéo qui dirige le titre de

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Le Courrier Français s'affranchit de la tutelle de l'Eglise et veut ses éditions

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 01/12/2008 PAR Marie Paule Memy

Aqui! Après le retrait des quinze diocèses du capital du groupe, qui va vous apporter les ressources dont vous avez besoin pour le conforter ou le développer ?
Bernard Cattanéo : Le vrai problème qui s’est posé à nous depuis trois ou quatre ans n’est pas un problème de capital. Nous ne versions pas de dividendes à nos actionnaires qui étaient des actionnaires moraux garantissant la ligne éditoriale du titre, celle d’un journal chrétien porteur de valeurs humanistes. La question est que , tel qu’est le groupe aujourd’hui, la capacité de son autofinacement est arrivée à terme et que nous avons besoin de ressources pour aller plus loin. Nous étions dans une stratégie de la survie, moi ce que je veux c’est développer, ouvrir les portes et les fenêtres.

@! Le Courrier Français perd de l’argent?
B. C. :
Il équilibre ses recettes et ses charges mais ce n’est pas suffisant. Les associations diocésaines n’ont pas souhaité s’associer à des partenaires du monde économique pour des raions philosophiques et morales et elles ont choisi la solution de la cession, symbolique sur le plan financier, à ses cadres. J’ai aujourd’hui les mains libres pour prendre des décisions et chercher des partenaires.

@! : Vous les avez trouvés?
B.C.
Ce n’est pas réglé, je poursuis les contacts, les discussions avec des partenaires potentiels et les choses sont ouvertes aussi bien au plan local qu’au plan national.

@! : Est-ce que cela signifie un virage éditorial, un changement du positionnement? Ou bien vous demeurez un hebdomadaire chrétien?
B.C. :
Nous ne sommes plus un journal institutionnel rattaché à l’église catholique romaine mais nous demeurerons un journal d’inspiration et de valeurs chrétiennes.

@! : « Il faut que le Courrier se renouvelle en profondeur » avez-vous écrit. Qu’est ce que cela veut dire concrètement?
B.C. :
Monter en puissance sur l’information locale, nous n’en avons pas assez; préparer un renouvellement de maquette. Ce renouvellement tient aussi à la structure de l’entreprise. Jusqu’à maintenant chaque diocèse avait son édition. Or, quinze éditions dans une zone géographique aussi vaste, certaines à 11000 exemplaires, d’autres à 1500, ce n’est économiquement pas pertinent. Nous allons passer d’une logique pastorale à une logique économique et de lectorat.

@! : Vous envisagez des licenciements?
B.C.
: Le problème n’est pas tellement le nombre de salariés du groupe – environ 40 personnes pour les journaux et 60 pour l’imprimerie – que leur répartition. Le plan de réforme préconisera plutôt un redéploiement.

@! : Allez-vous créer un site internet Courrier Français?
B.C. :
La gratuité totale de l’information est une dérive, la gratuité partielle une évidence. Nous souhaitons un site multimédia que nous ne ferons pas seuls, nous avons là-aussi besoin d’un partenaire. Je reviens à l’info gratuite: quelle valeur ajoutée peut aujourd’hui appporter un journaliste pour que le lecteur accepte de rémunérer son travail? Ce peut être une une coloration, un regard, une analyse. Pour ce qui nous concerne un regard chrétien.

@! : Vous pensez à des écritures et des titres plus engagés?
B.C. :
Oui. Prenez Valeurs Actuelles et Alternatives Economiques dans la presse économique. Ils ont une ligne claire. Nous avons enterré la presse d’opinion depuis une trentaine d’années, et notre chance est peut être dans son retour. Une presse d’opinion qui ne soit pas institutionnelle, militante, mais vraiment libre. Pour donner à penser en étant intellectuellement honnête – et pour Le Courrier Français en privilégiant les valeurs humanistes de la vie sociale.

@! : Qu’attendez-vous des Etats généraux de la presse, ce grand débat national du 3 octobre au 6 décembre?
B.C. :
La presse va rappeler à l’Etat quelles sont ses contraintes. L’important est de montrer que nous faisons front commun et que nous prenons notre destin en main. Il sort toujours de ces grands rendez-vous des idées et des constats.

@! : La projet de réforme de l’audiovisuel dessine un secteur privé sous le contrôle de grands groupes industriels et un secteur public sans recettes publicitaires dont le dirigeant sera nommé par le gouvernement. Un commentaire?
B.C. : En tant que défenseur de la liberté de pensée je trouve qu’il y a un risque. Est-ce que nous allons suivre l’exemple américain avec dix ans de retard encore une fois, avec une chaîne publique sans argent que personne ne regarde? Revenir à l’ORTF?La règle c’est qui paie commande. Alors y aura t-il confusion entre Etat ( qui paie) et gouvernement? Ou pas? Si le président du secteur public est nommé par le gouvernement, c’est grave. S’il l’est par un organisme d’Etat indépendant, OK.Mais le Conseil supérieur de l’audiovisuel est un faux-nez. On va voir…

NB: La diffusion du Courrier Français n’est pas validée par l’OJD. Bernard Cattanéo indique une diffusion entre 48000 et 50000 exemplaires pour l’ensemble des éditions; et un chiffre d’affaires de l’ordre de 7 millions d’euros.

Photo Aqui!

Propos recueillis par Marie-Paule Mémy

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