« Je cherche des images qui d’un coup vous défenestrent hors la vie, arrêtent le cours du temps, une forme de cri suspendu qui comme par miracle vous réveillerait d’un sommeil paradoxal. Et cela n’est en rien l’expression pour moi d’une vision mortifère, j’insiste, la vie est un miracle, une chose incroyable, mais il s’agit pour moi à ma manière, dans ma pratique journalière, d’être le plus présent, le plus lucide, quant à ce qui nous arrive. » : en quelques mots, Olivier de Sagazan plante le décor de son œuvre et révèle le paradoxe de son travail : le corps présent comme l’expression d’une aberration ontologique.
Les oeuvres présentées au Carré Bonnat de Bayonne s’échelonnent de 2003 à nos jours.
En peinture, en sculpture, ou sous le masque de la performance, l’artiste prolixe touche du doigt des questions omniprésentes dans sa démarche créative : La porte résolument close du corps ou entrouverte de l’art n’a de serrure que son questionnement. « Suis je mon corps ? Comment échapper à une vision idéaliste du corps telle que nous la proposent les états totalitaires marchands ou la religion ? Comment ne pas être un instrument de mes gènes ? ».
D’inspiration expressionniste, la peinture d’Olivier de Sagazan développe une veine de plus en plus matiériste. Elle allie acrylique, mortier, pigments, éléments organiques. Son maître mot est emprunté à Braque : « une forme ne m’intéresse que quand je l’ai annexée »
Apparu ces deux dernières années, un tout nouveau travail effectué à partir de photographies prises lors des performances, retravaillées sur logiciels puis repeintes, tente selon les mots du peintre de « phagocyter l’objet machinique en lui donnant une texture organique. »
Enfin, sa sculpture, faite pour l’essentiel à partir de ciment et armature de métal joue sans vergogne à l’opposition des matières (terre et métal) et renvoie à la question du mouvement et de la tension. Un œuvre bien singulière qui en aucun cas ne laisse de marbre.
Stéphane Baillet
Crédit photo : Olivier de Sagazan