Landes : Rien n’arrête le Théâtre de Gascogne, scène conventionnée d’intérêt national !


Frédéric Ferranti / Just A Pics

Landes : Rien n'arrête le Théâtre de Gascogne, scène conventionnée d'intérêt national !

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 8 min

Publication PUBLIÉ LE 09/07/2019 PAR Solène MÉRIC

« Le Théâtre de Gascogne, c’est le regroupement de 3 lieux de diffusion de la ville et de l’agglomération de Mont-de-Marsan : le Théâtre du Péglé, 200 places, le Théâtre Le Molière, 550 places et le Pôle culturel du Marsan, 600 places. Trois théâtres, trois histoires, trois époques, trois configurations différentes qui coexistaient sans réelle cohérence ni complémentarité jusqu’en 2013 », démarre, Antoine Gariel. Autrement dit, il était une fois, il n’y a pas si longtemps, le Théâtre de Gascogne n’existait pas. Tout a commencé avec la décision politique de la Présidente de l’agglomération et maire de Mont-de-Marsan d’alors, Geneviève Darrieussecq, « de mettre un peu de logique dans cet état de fait en recrutant un seul directeur pour gérer les politiques culturelles de la ville et de l’agglomération ». Antoine Gariel entre alors en scène avec un double objectif : mutualiser les moyens (ressources, équipes, communication, politique tarifaire et billetterie) et, dans le même temps, rédiger un projet artistique et culturel unifié à l’échelle des 3 lieux.
Après 3 ans de travail, la mutualisation, qui a permis de simplifier et d’éclaircir le paysage culturel montois a abouti, en 2016, à la création d’une entité unique « Le Théâtre de Gascogne, scènes de Mont-de-Marsan » – au pluriel. « Une entité qui a continué à évoluer jusqu’à devenir juridiquement autonome au 1er janvier 2019, passant ainsi de 2 théâtres ville et un théâtre agglomération à une seule entité qui gère 3 théâtres en toute autonomie : « Le Théâtre de Gascogne scène conventionnée », au singulier… », synthétise Antoine Gariel.

Une quinzaine de créations accompagnée chaque saison
Mais, au-delà des questions de forme et de structure, le Directeur et ses équipes avaient aussi à travailler le fond ; à savoir le projet culturel et artistique du Théâtre. Parmi les axes forts de ce projet : la pluridisciplinarité. Autrement dit « offrir au territoire le spectre des esthétiques et des disciplines le plus large possible. » Une proposition qui correspond aussi à la réalité de l’offre culturelle locale puisqu’il s’agit de « répondre à la fois aux attentes des publics mais aussi privilégier l’émergence et la découverte d’esthétiques qui n’étaient peu ou pas représentées jusqu’à maintenant. », explique Antoine Gariel, illustrant son propos par la création à succès du festival de Jazz, « Jazz au Pôle », il y a 5 ans.
L’émergence des projets, l’aide à la création et aux créateurs, c’est bien aussi une des missions quasi quotidienne que remplit le Théâtre de Gascogne. « C’est la dimension un peu  »laboratoire » du Théâtre, à travers l’accueil de résidences », sourit le directeur, pas peu fier de souligner que « chaque saison, c’est une quinzaine de nouveaux spectacles que nous accompagnons. Il faut dire que notre structuration en 3 lieux est pour cela un atout : en schématisant un peu, on peut dire que nous avons toujours un endroit disponible pour accueillir les résidences ».

Le Pôle, un des trois lieux de diffusion du Théâtre de Gascogne


Aller vers les publics éloignés et empêchés
Le troisième axe de travail du Théâtre de Gascogne, cher à son directeur, c’est le développement des publics. L’enjeu ici est « non seulement de satisfaire le public déjà fidélisé mais au-delà, d’aller dénicher de nouveaux publics, quels que soient leurs situations socio-économiques, leur âge, leurs appétences, leurs pratiques culturelles, leur éloignement des lieux de diffusion ou encore leur degré d’empêchement… De nombreuses personnes, en raison de fractures sociales ou territoriales, n’ont jamais eu la chance de rencontrer le milieu du spectacle vivant. Donc, c’est à l’artiste aussi d’aller vers ces publics là. » Un souci sur lequel Antoine Gariel, en véritable mousquetaire des arts et la culture est intarrissable. Et pour cause, « la rencontre avec l’artiste, elle élève, elle fait réfléchir, elle divertit, elle permet de découvrir, de sortir de soi… Et au Théâtre, nous avons une chance inouïe d’avoir pour rôle de faciliter cette rencontre ! »
Pour ce faire, de nombreuses actions sont menées en direction des scolaires, (à tel point qu’ils représentent 20 000 des 40 000 spectateurs la saison dernière!), mais aussi auprès des seniors, en maison de retraite ou en EHPAD, des personnes en situation de handicap, « afin de faciliter l’accueil », ou encore du public sous main de justice. Et quand les personnes ne peuvent pas se déplacer à l’image des détenus purgeant leurs peines au Centre pénitentiaire de Mont-de-Marsan, ce sont les artistes qui vont jouer leur pièce sur place. « Le développement des publics, c’est un travail de fourmi mais c’est source de beaucoup de satisfaction quand on voit que des gens que nous sommes allés rencontrer se mettent à venir, à revenir, et commencent à entamer à leur rythme et selon leurs appétences, un parcours culturel à leur image. »

Des passerelles entre deux mondes

Mais pour assumer ce triple rôle de diffuseur, de dénicheur de talents et de nouveaux publics, le Théâtre de Gascogne ne veut pas se suffire à lui seul. « Ces actions sont conçues dans une démarche de démocratisation culturelle, grâce à une culture partenariale forte avec les acteurs du territoire ». Des partenaires pour certains facilement repérables tels les collectivités, les établissements culturels ou festivals d’ici ou d’ailleurs, mais d’autres sont bien plus inattendus à l’image de la base aérienne de Mont-de-Marsan, de l’équipe professionnelle de rugby du Stade Montois, du Parc Naturel des Landes de Gascogne, de restaurateurs, traiteurs, commerçants du centre ville, ou encore hébergeurs… « Il s’agit ici d’avoir une programmation culturelle pour le territoire des Landes qui ressemble à ce territoire là. Ca ne veut pas dire présenter uniquement des artistes que les gens ont envie de rencontrer, mais il faut tenir compte du territoire qui nous environne. Avec la Base aérienne par exemple, on a fait venir l’Orchestre de la musique de l’air. On a fait un pièce de théâtre sur le rugby ; en associant le Stade montois pro et amateurs de rugby, le tout associé à une exposition sur les frères Boniface… Bref on crée des passerelles entre deux mondes », révèle Antoine Gariel.
Une démarche partenariale, qui peut prendre des formes très variées avec des effets parfois à plus ou moins longs termes, mais qui est aussi « au service de l’identité de notre territoire », indique-t-il. « Lorsqu’on reçoit des artistes en résidence, on organise des visites, on fait déguster des produits locaux… bref, grâce à certains de ces partenariats, on démontre que Les Landes ça n’est pas seulement un beau littoral et une immense forêt ! ». Car en effet, et c’est le dernière mandat en date dont a hérité la structure, le Théâtre de Gascogne, doit désormais, voir plus loin que les frontières de l’agglomération de la capitale landaise, mais bien élargir son champ d’action sur le périmètre des Landes toutes entières. Un sacré challenge au regard de la taille du département, qui ne peut passer que par « l’itinérance », nouvelle mission confiée début 2018 sous l’impulsion du Conseil régional et la DRAAC, avec le soutien du Conseil départemental des Landes et de l’Agglomération. 

« Faire du hors les murs, mais en dehors de l’agglomération »

Logo Théâtre de Gascogne, scène conventionnée d'intérêt national

La saison qui s’achève est donc la première à avoir officiellement intégré cette mission d’itinérance. « A partir des propositions qui sont élaborées et proposées dans nos théâtres, il s’agit de faire du hors les murs, mais un hors les murs en dehors de l’agglomération. Autrement dit, exporter la présence artistique en dehors de notre territoire de responsabilité d’origine. Ca nécessite d’aller travailler avec les territoires qu’on ne connaît pas encore, des communes et communautés de communes des Landes, pour élaborer avec eux des projets et y apporter une présence artistique», résume Antoine Gariel. Pour ce faire plusieurs dispositifs existent : « Artistes en commun(e) » qui consistent en des résidences de 15 jours organisées sur un territoire. « On a déjà mis cela en place sur Rion, Mugron, Grenade, Brocas ou encore Sabres. A l’issue de la résidence, qui donne également lieu à des actions dans les EHPAD, écoles ou associations, il y a une restitution des ateliers qui ont eu lieu durant ces 15 jours, mais, en plus, il y a un vrai spectacle qui s’adapte aux équipements de la commune, que ce soit la salle des fêtes ou la place du village ».
Autre dispositif mis en place: « Météores », qui consiste à faciliter des représentations dans n’importe quelle structure du département qui en ferait la demande : centre médical, maison de retraite, école, l’hôpital, centre social, foyer de jeunes, centre de formation… « Ce sont des formes très légères que l’on a identifiées et recensées et qui permettent d’emmener les artistes au plus proche des publics et dans des conditions financières beaucoup plus intéressantes que s’il fallait déplacer tout un public jusqu’au Théâtre ». Un rayonnement hors agglomération qui au-delà même de l’itinérance interne au département des Landes, connaît déjà un certain succès puisque « 30% de la fréquentation des salles du Théâtre de Gascogne vient de l’extérieur; un tiers de notre public vient du département ou de la région. Sur la saison 2017-2018, ont ainsi été identifiés des spectateurs venant de 10 communes Gironde, 10 communes des Pyrénées-Atlantiques, mais aussi Haute-pyrénées, Gers, Vienne ou encore Haute-Garonne ».

« Scène conventionnée d’intérêt national », un début plus qu’un aboutissement
Quant à la dernière actualité en date du Théâtre de Gascogne qu’est l’attribution, fin juin, de l’appellation « scène conventionnée d’intérêt national, SCIN, mention Art et Territoire », elle vient confirmer toute la pertinence de la démarche d’itinérance, impulsée par les partenaries sur le vaste et rural département landais. Une mention « Art et territoire » d’autant plus remarquable que sur la centaine de SCIN au niveau national, « c’est la mention la moins prisée, et peut-être la plus surprenante pour nous qui avons déjà 3 sites à gérer. Mais nous ne faisons pas ça pour notre confort, mais pour répondre aux attentes d’un territoire qui est particulier » relève Antoine Gariel.
Si l’appellation est officiellement attribuée depuis juin, et que le Théâtre peut d’ores-et-déjà s’en prévaloir, la signature de la convention pluriannuelle d’objectifs avec le Ministère de la Culture est prévue dans le courant du 4ème trimestre 2019. Une convention qui engage le Théâtre de Gascogne dans un projet singulier, et une démarche de progrès sur 4 ans, avant une réévaluation et la poursuite éventuelle de l’appellation. Mais à responsabilité plus grande, l’appellation, outre l’entrée de la structure dans le réseau national des SCIN, lui ouvre aussi des perspectives de financements complémentaires, liés aux missions comprises dans le projet artistique.
Désormais, après de longs mois de labeur, autour de la mise en place d’un statut juridique propre et l’obtention de cette appellation, le directeur du Théâtre et son équipe vont sans doute pouvoir un peu souffler avant l’ouverture de la nouvelle saison en octobre. Quoique, a-t-on jamais vu un cadet de Gascogne, fût-il au théâtre, se reposer sur ses lauriers ?

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Landes
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles