Jeune agriculteur, Alexandre endosse de multiples casquettes


La tête sur les épaules et bien dans ses bottes, Alexandre Moine est devenu agriculteur à Celle-Lévescault (86) en septembre 2021. Fils d’agriculteurs, il s'est formé pour acquérir savoir-faire et expérience et devenir le couteau suisse de la ferme

Alexandre Moine agriculteur à Celle-Lévescault (Vienne) avec ses vaches et son chien de bergerLéa Calleau

Alexandre Moine a suivi les conseils de l’éleveur précédent en suivant une formation pour dresser un chien de troupeau, une grande aide pour rassembler les animaux.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 03/05/2023 PAR Léa Calleau

La plaine céréalière le dispute aux prairies dans ce territoire proche de Lusignan (86), où l’élevage décline doucement mais sûrement d’année en année. Ici, la reprise d’une ferme de 147 ha par un jeune agriculteur, avec un troupeau de vaches de 80 mères, est un évènement. À 24 ans, Alexandre Moine est installé depuis un an et demi sur l’exploitation agricole voisine de la ferme familiale, à Celle-Lévescault. Fils d’agriculteurs, il ne se projetait pourtant pas dans ce métier : « Je voyais mon père travailler beaucoup. À l’école, j’avais l’impression d’être jugé. »

Après le collège, Alexandre s’oriente vers un bac en menuiserie et charpente. En parallèle, il aide ses parents tous les week-ends sur la ferme où ils cultivent des céréales et élèvent des canards. « Je me suis rendu compte à ce moment-là que c’était le métier qu’il me fallait. » Il apprécie le fait d’être « multi-casquettes » et de passer de travaux de menuiserie à la conduite d’un tracteur, tout en prenant soin d’animaux au quotidien. « Je porte des projets, je dois prendre des décisions », met en avant celui qui n’a jamais envisagé d’être salarié sur une ferme. 

Cinq ans d’études

C’est tout naturellement qu’Alexandre s’oriente après son bac vers un BTS Analyse, Conduite et Stratégie de l’Entreprise Agricole (ACSE). Lors d’une journée thématique sur l’installation organisée par la chambre d’agriculture de la Vienne, il visite la ferme de Bruno Bachelier, voisin de ses parents. Cependant, l’éleveur prend en parrainage un autre jeune en vue d’une installation… « J’ai continué mes études avec un BTS Agronomie Productions Végétales, poursuit Alexandre. J’envisageais plutôt de devenir conseiller à ce moment-là. Avant de partir à Rennes pour une licence professionnelle en agroécologie, j’ai appris que le parrainage chez M. Bachelier n’avait pas débouché sur une installation donc je suis allé le voir. »

Le cédant a déjà chiffré les différents éléments de sa ferme : terres, bâtiments, cheptel, matériel. Il accepte de recevoir Alexandre le weekend pour qu’il prenne ses marques, le temps de sa licence. Le processus de l’installation est enclenché. 

Montrer patte blanche

Être suivi par les banques pour investir dans une telle structure n’est pas une mince affaire. « La banque a refusé plusieurs fois le projet », reconnaît Alexandre. L’accompagnement de la chambre d’agriculture et de la Safer s’est avéré nécessaire, sans oublier le soutien de sa famille : « Mon père a repris les bâtiments. J’ai bénéficié d’un portage foncier de la Safer, c’est-à-dire qu’elle a acheté les 25 ha de terres de l’exploitation et les met à ma disposition. Je pourrai les reprendre d’ici cinq à dix ans. » La centaine d’hectares restant est en fermage.

Si Bruno Bachelier a soigné son troupeau pendant quarante ans, assurant la docilité des vaches, on ne s’invente pas éleveur du jour au lendemain. « La banque a aussi refusé parce que je manquais d’expérience dans cette production. J’ai passé un certificat spécialisé en élevage bovin, en apprentissage sur la ferme pendant un an. » À la fin de l’apprentissage, le dossier est enfin accepté. 

Éleveur, métier à plein temps

« Allez viens ma belle, viens ! » lance Alexandre aux limousines dispersées dans le champ. Des « meuh » affirmés lui répondent et les vaches ne tardent pas à venir, suivies de près par leurs petits. Observer, passer du temps avec les animaux et être toujours prêt à apprendre, telles sont les clés pour devenir éleveur. La disponibilité est également un paramètre important : « J’habite à dix minutes de la ferme. Une caméra dans le bâtiment me permet de surveiller les animaux depuis mon téléphone. Je peux me permettre de sortir avec des amis au restaurant l’esprit serein… même si je les quitte parfois avant le dessert ! » 

Les vaches passent 150 jours en bâtiment, pendant l’hiver, et le reste de l’année au pâturage. Le jeune homme, attentif aux enjeux environnementaux, tenait à faire un lien entre la partie végétale et la partie animale sur la ferme : « Les cultures sont fertilisées grâce au fumier des vaches. Les prairies permettent d’allonger la rotation des cultures, c’est-à-dire que je vais laisser une prairie en place pendant cinq ans avant de retourner la terre pour y planter une culture. Le fait que le sol soit couvert longtemps limite les mauvaises herbes et donc les traitements avec des produits phytosanitaires. » Alexandre tient à valoriser son métier en communiquant dessus. Il caresse également l’idée de développer de la vente directe pour établir un lien de proximité avec les consommateurs, d’ici quelques années, le temps d’être bien installé.

Le rendez-vous de l’installation et de la transmission est organisé au cours du Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine de Bordeaux, le 16 mai 2023.
Cette journée sur le thème « Agriculture: à chacun son installation » est une réalisation partenariale entre Aqui.fr, le Salon de l’Agriculture Nouvelle-Aquitaine, la Chambre d’agriculture de Nouvelle-Aquitaine, le Crédit Agricole, Jeunes agriculteurs Nouvelle-Aquitaine, La Coopération agricole, les CUMA, la SAFER, la Région Nouvelle-Aquitaine, la DRAAF et le réseau RÉANA.

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